Le ministre en charge de la Sécurité et de la Protection civile, le Général de Brigade Yark Damehame, se prononçant, il y a quelques jours, sur les dispositions pratiques prises par l’exécutif pour assurer la sécurité des prochaines législatives, a particulièrement mis en garde la jeunesse, quant à toute velléité de perturbations. Un signal de la méthode forte susceptible pour le pouvoir de Lomé de se mettre à dos, la communauté internationale.
Démarche cavalière
Malgré tous les appels au report, le pouvoir de Lomé tient solidement à la date du 20 décembre proposée pour la tenue des élections législatives. Un scrutin pourtant censé être organisé au travers d’un processus électoral clair et consensuel, selon l’esprit de la feuille de route de la Cedeao. Mais que nenni. À ce jour, le régime togolais poursuit, tête baissée, l’organisation unilatérale de cette élection sans daigner tenir compte des appels à la raison de la Conférence des Évêques du Togo (Cet) et du boycott de la Coalition des 14 formations politiques (C14), qui se trouve pourtant être l’autre partie prenante de la crise sociopolitique qui secoue le pays, depuis le 19 août 2017.
Poursuite des travaux de la CENI, installation des membres des CELI, recensement électoral, convocation du corps électoral, dépôt des candidatures… voilà autant d’actes non consensuels posés par le pouvoir de Lomé et qui sont dénoncés à divers niveaux de la société togolaise. En premier, la C14 qui dit mettre en branle sa machine en vue d’empêcher la tenue d’une quelconque élection au Togo, sans l’opérationnalisation des réformes constitutionnelles telles que voulues par la majorité des togolais.
La C14 hausse le ton !
Et pour ce faire, une série de marches est en vue, commençant par cette semaine pour déboucher ensuite sur quatre jours de grandes mobilisations populaires à travers tout le pays. «Nous allons user de tous les moyens pour empêcher l’organisation de ces élections. Et nous allons marcher pour montrer à la communauté internationale que le peuple togolais est en colère», a affirmé la Coordinatrice de la C14, Brigitte Kafui Adjamagbo. D’ores et déjà, le Parti national panafricain (Pnp) qui s’inscrit dans la même dynamique, annonce les couleurs. «Il n’ y aura plus de considération de voies ou d’itinéraires. Nous allons marcher selon les itinéraires qui nous conviennent», averti le Conseiller du Président national du Parti National Panafricain (Pnp), Ouro Djikpa Tchatikpi au cours de leur traditionnel meeting de samedi dernier.
De quoi susciter la tourmente au sein du régime qui a pour coutume d’utiliser la méthode forte pour venir à bout des grandes manifestations. Et déjà, Le Gal de Brigade Yark Damehame pointe l’arme dissuasive vers tous ceux qui se mettront au travers de ces élections, notamment les jeunes à la solde de la coalition.
L’arme dissuasive pointée
«Il faut qu’elle se ressaisisse. Je demande à la jeunesse de réfléchir par deux fois avant de s’engager dans ce qu’on lui demande», a-t-il mis en garde. Et de poursuivre : « Les gens ont décidé de rester à la maison, malgré les chances qui leur ont été données de participer au recensement. Ils ont encouragé les gens à ne pas se faire recenser disant que le vrai recensement arrive». Et de se demander, au final, par quelle alchimie arrivera ce recensement ?
Vers la dérive de trop
À l’analyse de cette réaction d’un des securocrates du régime, on en déduit la priorisation de la bâillonnette pour faire taire un peuple désabusé et meurtri dans l’âme depuis plus de 53 ans déjà. Mais «Malheur au dirigeant qui bâillonne son peuple», dira-t-on pour paraphraser l’ancien président burkinabé Thomas Sankara. Se faisant, croyant faire taire le peuple togolais, le Chef de l’Etat et ses securocrates sont en passe de commettre la dérive de trop qui fera chavirer le navire et susciter la colère, outre des togolais déjà à fleurs de peau, mais aussi et surtout de la communauté internationale qui n’a que faire d’un régime têtu dont il prendra le plaisir à régler le compte. L’écosystème politique a suffisamment montré que le temps du surplace, de la pensée unidirectionnelle et de la baillonette dans la gouvernance est révolu. C’est comme brandir de la machine à taper pendant que tout le monde utilisé désormais l’ordinateur.
Source : Fraternité
27Avril.com