Au moins 3 personnes ont été tuées et 44 blessées jeudi à Lomé dans des heurts avec les forces de l’ordre qui tentaient d’empêcher une manifestation antigouvernementale, a annoncé l’opposition togolaise.
« Nous avons été informés d’un bilan provisoire à 15H30 de trois morts par balle à Lomé. Il y a 44 blessés par balle, et 36 personnes ont été battues », a déclaré à des journalistes la porte-parole de l’opposition Brigitte Adjamagbo-Johnson.
Quarante-quatre personnes ont été blessées par balle jeudi à Lomé dans des heurts opposant des jeunes aux forces de l’ordre togolaises avant une manifestation de l’opposition interdite, selon des sources concordantes.
Mercredi, au moins quatre personnes avaient déjà été tuées, selon le gouvernement, dans les deux principales villes du pays, Lomé et Sokodé, au cours de violents affrontements.
Des bandes de jeunes avaient dressé comme la veille des barricades et brûlé des pneus à Bè, secteur historique de l’opposition dans Lomé d’où devaient partir les marches. Les forces de l’ordre, déployées en nombre, sont intervenus pour les disperser en usant massivement de gaz lacrymogènes, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Cinq jeunes de Bè ont été blessés par balle, dont deux se trouvent dans un « état critique », a déclaré à l’AFP Eric Dupuy, porte-parole de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC, opposition), qui a également fait état de « tirs autour du domicile » du chef de file historique de l’opposition, Jean-Pierre Fabre, vers 13H00 locales et GMT.
Contacté par l’AFP, le directeur d’Amnesty international Togo, Aimé Adi, a confirmé le bilan de cinq blessés par balle, qui étaient en train d’être « évacués » vers une clinique de la capitale togolaise pour être soignés en urgence.
La principale coalition d’opposition avait maintenu malgré l’interdiction illégale du gouvernement son appel à marcher jusqu’au siège de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour demander la démission du président Faure Gnassingbé, héritier d’une famille au pouvoir depuis 50 ans.
Dans le centre de Lomé, les rues étaient quasiment désertes, la plupart des habitants n’osant pas sortir de chez eux et les commerces sont restés fermés, hormis quelques moto-taxis circulant sur les grands axes.
« Les activités sont au point mort après des jours de perturbation par des marches. Ce qui se passe pèse tellement sur nous, il faut que les politiques dialoguent pour trouver une solution à cette crise » expliquait un vendeur de téléphones portables à Deckon, le quartier commerçant de Lomé.
Dans la partie nord de la capitale, notamment à Agoè et environs, des miliciens armés par le régime ont violé des domiciles privés, passé à tabac tout ce qui s’y trouve sans distinction sous le regard protecteur des forces de l’ordre dont certains ont eux aussi escaladé les murs des maisons pour y aller commettre leurs forfaits.
Depuis août, de nombreuses marches ont été organisées au Togo, dont celles des 6 et 7 septembre, qui ont rassemblé plus de 100.000 personnes dans Lomé et plusieurs dizaines de milliers dans les villes du nord du pays.
Douze personnes, dont une majorité d’adolescents, ont été tuées « officiellement » en deux mois de manifestations, mais le nombre est plus élévés. Une vingtaine est plus réaliste.
Le gouvernement français, allié de toujours des Gnassingbé et de leur régime dictatorial, est contraint de sortir son silence couple pour débiter un message creux : « La France suit avec préoccupation la situation au Togo », a commenté jeudi le ministère français des Affaires étrangères lors d’un point presse à Paris. « Nous condamnons fermement les violences récentes qui ont fait plusieurs victimes (et) appelons les parties à l’apaisement et à entamer un dialogue ».
Selon une source proche de la présidence togolaise, le chef de l’Etat béninois Patrice Talon s’est rendu discrètement à Lomé mercredi soir pour s’entretenir avec son homologue togolais de la crise politique que traverse son pays. C’est la deuxième fois en une semaine qu’il se rend au Togo.
Série de vidéos témoingnant de la violence infligé au peuple par la soldatesque de Faure Gnassingbé et son régime RPT-UNIR
Source : AFP + VOA Afrique + 27avril.com
Vidéos : Echos de Bè, La Gazette du Togo, Togovisions, etc..
27Avril.com