Depuis l’assemblée générale du Mouvement pour l’épanouissement de l’étudiant togolais (MEET), l’Université de Lomé a renoué avec les violences. Le Corps de la police universitaire (COPUL), aidé des gendarmes et des policiers, répriment les étudiants en violant la franchise universitaire.
Inauguration du WIFI, ouverture du restaurant, bitumage de certaines voies, etc. Tout cela porte la signature du « Grand réformateur » du campus universitaire, Prof Dodji Kokoroko. Il est également le « maître d’ouvrage » et « maître d’œuvre » de tous les chantiers qui sont lancés et exécutés à l’Université de Lomé (UL). Seulement, le « Grand réformateur » dont la nomination au poste de Président de l’UL souffre des controverses, ne supporte pas la contestation. Quiconque élève le petit doigt est systématiquement maté par le COPUL dont les méthodes sont assimilées à celles des tontons macoutes des Duvalier en Haïti. Les étudiants font les frais des descentes musclées de cette curieuse police universitaire renforcée par la Gendarmerie et la Police.
Mardi dernier, les échauffourées ont éclaté sur le campus de Lomé. Courses-poursuites, jets de gaz lacrymogène, bastonnades, ces actes violents ont été commis sur les étudiants lors de la rencontre organisée par la Ligue togolaise des droits des élèves et des étudiants (LTDE). Les images des étudiants et étudiantes escaladant le mur de l’UL pour fuir la répression ont révélé l’ampleur de la barbarie de la police universitaire soutenue par les gendarmes et les policiers. Dans un communiqué rendu public, la LTDE a dénombré « plusieurs arrestations et blessés » dont deux de ses membres. L’organisation estudiantine « demande la libération inconditionnelle et immédiate » de ces camarades arrêtés et « exige instamment la dissolution du Corps de la police universitaire ». Une semaine plus tôt, les mêmes actes barbares du COPUL ont été orchestrés sur les étudiants lors de l’assemblée générale du MEET tenue devant l’amphithéâtre de la Faculté des sciences économiques et de gestion (FASEG).
La recrudescence de ces exactions amène à s’interroger sur les réelles missions dévolues au Corps de la police universitaire. Ce corps créé sur le campus universitaire était destiné à veiller sur les biens de l’Université, notamment les salles de cours et d’autres infrastructures. Mais curieusement, cette police outrepasse ses prérogatives et s’illustre beaucoup plus par ses méthodes de répression sur les étudiants. Armés de gourdins et de cordelettes, ces « policiers » se défoulent sur les étudiants et les traquent jusque dans leurs derniers retranchements. Ils sont aidés dans leurs basses besognes par les gendarmes et policiers qui, de tout temps voient en les étudiants des ennemis qu’il faut abattre. La brutalité avec laquelle ces forces de l’ordre répriment les apprenants donne à penser que l’Université est ouverte à toutes sortes de dérives puisqu’elles foulent au pied la franchise universitaire et seraient mêmes adoubées par la Présidence de l’Université qui, dans ses communiqués, fait toujours la part belle à ces « tontons macoutes ».
De quel statut juridique dispose le Corps de la police universitaire ? C’est la grosse interrogation qui revient par rapport aux infractions sans cesse commises sur les étudiants. La question vaut son pesant car des morts sont à craindre au regard de la tournure que prennent souvent les échauffourées sur le campus universitaire. Et on se demande à qui incombera la responsabilité pénale si ces cas arrivent. La Présidence de l’Université se déroberait-elle en l’imputant au COPUL ou aux gendarmes et policiers ? Ou reconnaîtrait-elle les faits ? Rien n’est sûr puisqu’elle prend toujours soin de justifier la descente musclée de son fameux COPUL et fait tout pour faire endosser la responsabilité aux associations estudiantines qu’elle ne porte pas dans son cœur. Ces différentes organisations dont le MEET et la LTDE sont devenues pour le Prof Dodji Kokoroko des associations à « abattre » et il s’emploie à les démanteler ou à les réduire au silence.
Visiblement pour le « Grand réformateur », il n’est pas question que dans sa mission du « Grand bond », des étudiants le contestent. C’est pour cela qu’il s’appuie sur ses « tontons macoutes » pour étouffer les revendications des étudiants. La mission s’avère périlleuse pour lui puisque les mouvements estudiantins qui réclament la diminution de certains frais d’inscription ne sont pas prêts à céder aux intimidations et répressions. De nouvelles assemblées générales sont attendues.
Source : L’Alternative No.677 du 02 février 2018
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