Togo : Report Salutaire d’une Marche Républicaine 28 août 2017

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Togo : Report Salutaire d’une Marche Républicaine                                                                             28 août 2017
Pierre S. Adjété

Par Pierre S. Adjété, Québec, Canada
L’imposture comme exutoire, c’est la posture grossière de Faure Gnassingbé. Rendez-vous manqué avec l’histoire. Cela dure depuis février 2005. Pour une présence devenue inutile, pour un si jeune président fils de son père, fils de ce père-là, c’est du gâchis pour n’avoir pas su restituer le Togo aux Togolais en édifiant une robuste démocratie, une vraie réconciliation, une armée républicaine et un chemin novateur vers le développement. Pari lamentablement raté pour de si grandes possibilités et tant d’occasions ratées! Le peuple togolais peut en témoigner, et il en témoignera, nombreux, après ce report salutaire de sa marche républicaine.

Une telle imposture, une telle case d’imposteur il faut la mettre à nu : éviter de la brûler dans la confusion. C’est la signification à donner au report, sage, des journées de manifestations politiques au Togo. C’est vrai, l’histoire est souvent sombre. Il ne nous faut donc pas trop en ajouter au tragique togolais. Le parti présidentiel au pouvoir depuis cinquante ans qui choisit de contre-manifester le même jour que l’opposition; cela ne mérite que la mésestime de leur laisser les rues pour éviter le désordre aussi ouvertement planifié.

La violence et la menterie qui forment la seule prédisposition du pouvoir présidentiel togolais pour dénaturer la réalité politique n’ont de répliques que le droit de ne pas légitimer cet état récurrent de férocité. Voilà que le parti présidentiel togolais est gratifié de l’exclusivité des trois derniers jours du mois d’août 2017, pour nous faire la démonstration de sa légendaire mystification : payer des citoyens désargentés, habiller des militaires pour grossir les rangs des quelques civils, usurper la légitimité, gangrener les principes de justice fondamentale, et quoi encore…

Dans un Togo déjà vulnérable, il fallait bien éviter la confusion. En conclave ouvert ou restreint, la nomenklatura n’a rien trouvé de mieux que de placer ses manifestations de soutien à Faure Gnassingbé les mêmes jours que l’opposition républicaine togolaise. C’est cette ambiguïté permanente qui caractérise le pouvoir togolais et qui déroute les non-initiés : déconstruire en faisant semblant de construire; désunir en s’appelant unir.

Ce n’est donc pas la première fois ni la dernière, nous dit-on; toujours, il y eut renonciation à la fin. Ce fut le cas en 2015, puis en 2016, et même le 19 août 2017 lorsque le clergé Rpt-Unir a dû renoncer à organiser sa manifestation le même jour que le Parti national Panafricain, le PNP. Cette fois-ci, c’est l’opposition togolaise qui laisse le plancher au Rpt-Unir. Eh bien, manifester maintenant. Prenez ces trois derniers jours d’août pour convaincre sur ce qui n’a pu être fait depuis douze ans de Faure Gnassingbé, trente-huit ans de son père Eyadema.

Soutenir l’imposture qui enfin tombe?

Le parti politique qui dirige le Togo ne peut pas toujours se complaire dans l’invouloir, la terreur et la répression. Désormais, le Rpt-Unir est mis à découvert. Il ne s’agit pas d’opposer les infâmes d’un côté et les bons de l’autre. Il s’agit de placer chaque entité devant ses responsabilités. Le parti au pouvoir a-t-il besoin de manifester contre la démocratie? Tout le Togo le savait déjà! Faure Gnassingbé est-il en train de tomber pour avoir besoin de soutien aussi tapageur? Qu’ils nous le disent!

Le Togo est resté une douloureuse expérience pour ce qui se fait de ce pays : « bonté devient haine; ils n’ont plus de cœur que d’un côté (…) Et par miséricorde, ils sont inexorables » dans un Togo qui ne demande qu’à s’affranchir d’eux. Accompagné, rien que par sa solitude, Faure Gnassingbé n’a jamais su assumer l’histoire du Togo : assumer le Togo autrement qu’à travers son désir de tout pervertir pour se maintenir indéfiniment envers et contre tout. Un tel péché originel ne s’est jamais démenti; il ne peut donc se corriger en trois jours de marches de soutien à l’inconséquence d’un système aussi peu viable.

Les Togolaises et les Togolais ne sont pas nostalgiques; ils ont une certaine idée de la grandeur et de la noblesse intrinsèques à la politique. Toutes les manœuvres dilatoires de Faure Gnassingbé sont arrivées à terme. C’est le terminus d’une imposture qui n’a que trop duré. Vous souvenez-vous de cette affiche de Shakespeare relançant l’insensé débat dans le film Anonymous.

Expressément, la face, la tête du dramaturge furent grattées de manière blasphématoire, et très intentionnellement : Shakespeare était-il un imposteur? Évidemment non! Lui, Shakespeare, avait écrit toutes ses œuvres. Grandioses! Époustouflant pour son temps et pour toujours, Shakespeare savait d’où il venait; il ne s’était pas trompé de destination. Une probité était inscrite en lui, tout fils d’illettré qu’il fut également. Incroyablement, disséquer l’humain comme plus jamais, « décrire Padoue, Vérone, Mantoue, Sienne et Florence alors qu’il ne s’est jamais rendu en Italie », lui qui n’avait fréquenté que l’école du village en s’abreuvant aussi des valeurs éthiques qui fondent l’humanité qui lui fait gloire aujourd’hui.

Pouvons-nous dire la même chose de Faure Gnassingbé, fils d’un président, usant et abusant uniquement des lustres du pouvoir? Pouvons-nous apporter le même soutien irrévocable à Faure Gnassingbé? Non! Alors, que dit la chanson déjà? « Il faut qu’il parte. Et il partira!» Faure Gnassingbé a perdu du temps aux Togolaises et aux Togolais. Qu’il parte! Qu’il parte pour un retour à la République au Togo. Qu’il parte pour une robuste démocratie, une vraie réconciliation, une armée républicaine et un chemin novateur vers le développement du Togo. En effet, on peut faire beaucoup mieux du Togo, faire beaucoup mieux de son propre pays… Merci quand même pour ce moment.

Togo-Online.co.uk