Togo, Relance de l’économie informelle: Impératif de revoir les heures d’ouverture des marchés pour prévenir la Covid-19

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Maintenir l’heure d’ouverture des marchés profite-t-il à l’économie ou la détruit-il ? Cette interrogation est la conséquence de la visite que nous avons effectuée lundi dernier au marché des poissons fumés de toutes sortes situé au quartier Kodomé. Au-delà de la relance du secteur informel, c’est aussi la prévention de la pandémie dont il est question.

A-t-on besoin d’une formalité administrative particulière avant l’ouverture des marchés au Togo ? Pas à notre connaissance. Mais alors, pourquoi les autorités ont-elles choisi de fixer les heures d’ouverture des marchés à 8 heures, quand le soleil s’est depuis longtemps levé ? L’argument selon lequel l’idée derrière cette décision serait de prévenir la pandémie ne tiendrait pas debout. Il suffit de se rendre aux abords du marché de Kodomé par exemple pour s’en rendre compte.

Depuis 6h -4h au temps où il n’y avait pas le couvre-feu-, des femmes sont là ; certaines déballent leurs marchandises, d’autres continuent d’arriver par divers moyens. Au fur et à mesure que la journée avance, il se forme des groupes de femmes par affinité. Des groupes qui grossissent au point de faire croire que le marché a commencé à s’animer au dehors alors qu’il n’en est rien. Toutes attendent que sonne 8 heures. Mais pendant ce temps passé au dehors de la clôture du marché, certaines ont les cache-nez abaissés dans leurs causeries. S’exposant ainsi dans leur insouciance au risque de contamination. Nous avons appris que des femmes ont été victimes d’amendes dans le marché jusqu’à hauteur de 2.000 FCFA, rien que pour avoir baissé leur cache-nez. Le vendeur de ticket a à plusieurs reprises délivré 20 tickets de 100 FCFA à certaines qui, non seulement payent avant de franchir la frontière des sommes énormes au vu de leurs commerces, mais aussi ne sont pas sûres de tout vendre et de dégager des bénéfices qui couvrent ces faux frais. Pour comprendre, nous nous sommes dirigés vers le service en charge des taxes installé au sein du marché et avons été reçus par M. Mayaba.

« Nous avons soulevé ce problème de promiscuité des revendeuses qui s’agglutinent aux abords du marché déjà tôt dans la matinée alors que le marché ouvre à 8 heures. Même lors du passage des conseillers municipaux, puisque depuis peu, le marché est passé sous la gestion de la commune de Golfe 4, nous l’avons relevé », a-t-il avoué. Avant d’ajouter que peut-être avec notre appui, le ministre de tutelle pourrait comprendre la nécessité de ramener les heures d’ouverture dans des proportions qui permettent un début d’activités plus matinal. Quid des amendes ?

S’agissant des femmes verbalisées pour avoir baissé leur cache-nez, M. Mayaba a reconnu l’exagération de certains de ses agents et dit y avoir remédié. Effectivement, quand nous sommes partis, nous avons vu des vendeurs de tickets crier à tue-tête « remettez vos cache-nez » à plusieurs reprises. Même si c’était pour nous contenter, toujours est-il que nous avons insisté sur la sensibilisation à outrance, car ne dit-on pas que la répétition est aussi une forme d’apprentissage ?

Des marchés qui s’animent très tôt dans la journée ou tard le soir, le Togo en regorge. Mais pourquoi justement des horaires figés pour Kodomé et Atikpodji ? Des mesures d’accompagnement sont prises pour soulager un tant soit peu de la pandémie, mais plutôt que d’en prendre aussi à l’égard des commerçantes qui triment pour achalander les étals en poissons fumés et autres, c’est plutôt à des pratiques vicieuses qu’elles sont soumises. Plus tôt les autorités municipales prendront la mesure de l’urgence d’une réadaptation, mieux l’économie informelle se portera. Car sans elle, c’est tout le tissu social au Togo qui risque gros.

Godson K.

Source : Liberté (libertetogo.info)

Source : 27Avril.com