Faure Gnassingbé et ses collabos sont parvenus à leur fin. Celle qui donne deux mandats supplémentaires et des garanties à l’impunité au chef de l’Etat. Cette nouvelle constitution dont se félicitent les roitelets et les partis satellites du régime n’inclut pas le vote de la diaspora. Et pourtant que de beaux discours à l’endroit de ces Togolais de l’extérieur qui contribuent énormément au développement!
Les transferts d’argent de la diaspora aux familles restées au pays se chiffrent à des milliards. Les Togolais de l’extérieur sont parmi les grands pourvoyeurs de fonds du Togo. Conscient de cet apport considérable, le gouvernement a entrepris depuis quelques années de les amadouer. Il a alors mis en place un programme diaspora domicilié au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération (MAEC) piloté par Antoine Gbekobu. « Nous avons voulu créer un tel cadre pour permettre aux Togolais de la diaspora de se reconnecter au pays. Parce que quand nous revenons, il y a des choses qui nous échappent. La valeur ajoutée de la diaspora est importante à travers les transferts financiers qui se chiffrent à plus de 200 milliards, soit 25% du PIB », déclarait Antoine Gbekobu lors du lancement en 2016 à Lomé du Forum socio-économique de la diaspora.
« Le gouvernement travaille à créer les conditions d’une implication plus forte à l’œuvre de la diaspora » a déclaré Robert Dussey avril dernier lors du lancement de la feuille de route de l’initiative «Réussite diaspora». Il a, dans son intervention énuméré une kyrielle de mesures prises par le gouvernement. Il s’agit, entre autres, de la création de la direction des Togolais de l’extérieur, l’élaboration et de la mise en œuvre du programme portant notamment sur les recours aux compétences de la diaspora, l’organisation des grandes assises nationales par zone géographique, de l’exemption de visa pour les Togolais de l’extérieur détenteurs d’une double nationalité.
« Au demeurant, le gouvernement s’active à renforcer la liberté positive des Togolais de la diaspora où qu’ils travaillent », a ajouté le Coordonnateur de « Réussite diasporas. Il a annoncé le premier forum économique des Togolais de la diaspora qui se tiendra novembre prochain. Mais il est observé un chevauchement entre les initiatives « Kpekpe-Togo », « Forum socio-économique de la diaspora » et « Réussites diasporas » organisées par le MAEC.
On est en face d’une véritable arnaque ces nombreuses initiatives. Le but est de faire croire aux bailleurs de fonds internationaux que le gouvernement est soucieux de ses ressortissants qui vivent à l’étranger. Or à la lumière de ce qui vient de se passer à l’Assemblée nationale, la diaspora n’a jamais été une préoccupation majeure pour le régime cinquantenaire de Lomé. Il est un fait que la dispora Togolaise que l’on qualifie de la sixième région économique du Togo, n’a jamais pris part aux élections.
Ces compatriotes n’ont pas voix au chapitre dans les différents processus électoraux que le pays a connu. Depuis Gnassingbé père jusqu’au fils, cette question n’a jamais été à l’ordre du jour. L’apport de la diaspora se limite à l’envoi des fonds. Elle n’a pas le droit de choisir le candidat qu’elle veut. Au Mali, au Gabon, entre autres, leurs ressortissants qui sont à l’étranger prennent part aux votes. Tout le contraire au Togo où on trouve des occasions et des manifestations budgétivores pour couvrir la diaspora de boniments.
Lors des convulsions politiques que le Togo a connues en 2017, le vote de la diaspora est apparu sur le tapis. Les partis regroupés au sein de la Coalition des 14 partis politiques de l’opposition ont fait de cette exigence leur cheval de bataille. En plus du retour de la Constitution 92, ils réclamaient le vote de la diaspora. Acculé, le pouvoir avait dans un premier temps opté pour le référendum. Mais par la suite, le régime cinquantenaire a repris du poil de bête en imposant ses desiratas. Contre toute attente, avec sa majorité et les députes se réclamant de l’opposition, de RPT/UNIR a pris les Togolais de court en procédant aux réformes constitutionnelles à sa manière.
En scrutant les articles, il apparaît que le vote de la diaspora n’a pas été pris en compte. C’est le paradoxe d’un pouvoir qui aime exhiber des catalogues de bonne intentions, mais pour leur donner corps, se rebiffe tel un escargot qui se recroqueville dans sa coquille.
« Une fois encore, le régime a déçu les Togolais. Et définitivement, il a montré aux Togolais que la seule chose qui le préoccupe, c’est se maintenir au pouvoir. Il n’a aucune intention de prendre en compte les aspirations des Togolais, il n’a aucun respect, il s’en fout de ce que les Togolais pensent », s’est indignée Mme Brigitte Kafui Adjamagbo Johnson.
Du côté de la diaspora qui aspire à apporter sa pierre à l’édifice d’un Togo démocratique, c’est la déception. Ces compatriotes ont le sentiment que le régime de Lomé II l’a encore roulé dans la farine. Mais loin de se décourager, les Togolais de la diaspora, à les en croire, se mobilisent pour un Togo plus juste, débarrassé de la minorité pilleuse.
D’ailleurs, ils sont nombreux, ces concitoyens de l’étranger qui ne se reconnaissent dans le Plan national de développement (PND). Pour eux, c’est un machin de plus qui vise à entuber les partenaires économiques du Togo. Ils sont en droit de penser ainsi. En effet, si le pouvoir prend soin de les écarter du vote, ça ne sert à rien de les inclure dans un pompeux plan qui plus est conçu à des fins électoralistes.
Derrière cet oubli volontaire, il est clair que le régime a sa propre diaspora. Celle qui est toujours prête à descendre à Lomé à grands frais pour soutenir Faure Gnassingbé à travers des évènements du genre « Kpekpe-Togo », « Réussites diasporas ».
Source : L’Alternative No.798 du 14 mai 2019
27Avril.com