Togo, Recomposition de la CENI : Une autre bataille commence !

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Les observateurs avertis de la politique togolaise se réservent le droit de parler d’une victoire, après la décision du Comité de suivi de l’application de la feuille de route de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de revoir la composition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Ainsi, le « train à grande vitesse » que pilote Kodjona Kadanga et dont les mérites sont vantés par un certain Gilbert Bawara, perd de la vitesse et, visiblement, doit revenir à la gare, comme l’avait indiqué la Coordinatrice de la Coalition des 14 partis de l’opposition. Toutefois, même si on parle aujourd’hui de recomposition de la CENI, il est tout de même impérieux que les uns et les autres anticipent sur ce qui se passera désormais dans cette institution chargée d’organiser et de superviser les élections au Togo.

Une réunion différente des autres

C’est la première fois que les Togolais ont senti le Comité de suivi mis en place par les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO. Ce qui a amené la Coordinatrice de la Coalition des 14 à parler de « 1er vrai dialogue ». En effet, trois points essentiels étaient à l’ordre du jour dimanche dernier au cours de cette deuxième réunion du Comité de suivi à Lomé. Il s’agissait des discussions sur les mesures d’apaisement, sur les activités à la CENI avec la participation inclusive de tous les acteurs, du chronogramme de la mise en œuvre de la feuille de route et de la présentation des experts électoraux et constitutionnalistes. Au terme des travaux, d’importantes décisions ont été prises, dont la recomposition de la CENI. Désormais, l’opposition disposera de 8 représentants au sein de cette institution, de même que le parti au pouvoir. Et cette recomposition devra être effective le 30 septembre prochain. « Les parties ont été encouragées à aller dans le sens de ces propositions pour la mise en œuvre de la feuille de route », a indiqué le président de la Commission de la CEDEAO, Jean-Claude Kassi Brou. S’agissant des chronogrammes, « Les parties ont marqué leur adhésion aux chronogrammes. Ils ont noté la nécessité d’approfondir les discussions sur les chronogrammes pour tenir compte du calendrier défini et de la fiabilité du processus pour des élections justes et crédibles. Ces chronogrammes feront l’objet d’examen et d’affinement par la CENI avec l’appui des experts électoraux».

« C’est un sentiment mitigé. Ce que nous avons pu obtenir aujourd’hui, c’est la recomposition de la CENI. C’est une bataille dans laquelle nous nous sommes engagés. Ce problème est réglé », a indiqué le président des FDR, Me Paul Dodji Apevon.

Le même sentiment est partagé par les autres leaders de la Coalition des 14 partis de l’opposition, sans toutefois oublier que cette réunion a encore laissé un goût amer chez ces derniers. « Ma déception après l’assise du Comité de suivi de la CEDEAO au Togo est de n’avoir pas arraché la libération immédiate des détenus, alors que l’un des nôtres a cessé de s’alimenter pour cette cause. Mais nous n’abdiquerons pas. Les détenus doivent être libérés », a souligné Mme Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson. Plusieurs points, dont les autres démembrements de la CENI, ne sont pas encore discutés. Passons !

Une autre bataille va commencer à la CENI

La bataille ouverte entre la Coalition des 14 et le régime de Faure Gnassingbé depuis le début de la course folle de la CENI s’est déroulée, jusque-là, en dehors de cette institution prise en otage. Mais depuis dimanche, avec la recomposition de cet organe, un autre combat est sur le point de s’ouvrir au sein même de l’institution. « Après ce 1er vrai dialogue sous la houlette de la CEDEAO au Togo, nous avons enregistré une avancée importante, alors que nous espérions gagner cette bataille décisive pour l’alternance. Le champ de combat est transféré à la CENI pour leur éviter la honte », a fait remarquer la Coordinatrice de la Coalition des 14. Ce constat de Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson résume ce qui se passera dans les prochains jours à la Commission électorale nationale indépendante que le régime veut coûte que coûte mettre sous ses bottes pour espérer sortir les mains hautes des élections.

Faure Gnassingbé et son pouvoir voulant toujours jouer la montre pour retarder les choses, il va se poser le problème du choix du premier responsable de la CENI recomposée, puisque d’office, Kodjona Kadanga est disqualifié, avec la nouvelle configuration, du moins c’est ce que les leaders de la Coalition souhaitent. Ce débat peut encore faire traîner les choses pendant des jours, avec des discussions houleuses. Peut-être que le Comité de suivi de la feuille de route de la CEDEAO sera sollicité pour trancher l’affaire. On a tous suivi les CENI mises en place par le pouvoir. Cette question a été toujours au cœur de débats au sein de ces institutions.

L’autre situation à laquelle sera confrontée la Coalition des 14, reste les subterfuges dont le régime de Faure Gnassingbé va prendre le plaisir d’user au sein de l’institution. Ceci, pour amener les responsables de l’opposition à vouloir jeter l’éponge et lui laisser le boulevard. Mais les dirigeants de la C14 sont suffisamment aguerris pour connaître les pièges de l’adversaire.

Quoi qu’on dise, la bataille sera rude pour la Coalition des 14 à la CENI. Mais avec la présence des experts électoraux, on ose croire que le Togo parviendra à se hisser au rang des nations respectables et respectées par des élections justes, crédibles, transparentes et acceptées par tous.

Source : L’Alternative No.738 du 25 septembre 2018

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