L’information est diffusée par les canaux officiels de la République togolaise. Le 08 mars 2022 va démarrer le recensement de la diaspora togolaise. «Cher compatriote de la diaspora, le moment est venu pour vous faire recenser afin de mieux vous servir. Faites vous recenser », a tweeté Robert Dussey, ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et des Togolais de l’extérieur.
C’est la même diaspora qui est pourchassée comme du gibier par le régime en place. « L’opération, dont c’est la toute première édition, doit permettre de disposer de données exactes sur le nombre de compatriotes résidant à l’extérieur du pays. Ce recensement, annoncé depuis plusieurs mois, s’inscrit par ailleurs dans le cadre d’un vaste programme qui a permis d’initier à l’endroit de la diaspora, un agenda, un guichet, ou encore un cadre dédié à Lomé », lit-on sur le portail officiel de la République togolaise.
« L’objectif du gouvernement est le même, offrir de meilleurs services aux concitoyens de l’extérieur, et faire d’eux des acteurs privilégiés du développement du pays », justifie-t-on.
Cette opération intervient donc trois ans après la mise en place du Haut conseil des Togolais de l’extérieur (HCTE). Au début, le projet de recensement annoncé pour être conduit par l’instance mise en place pour représenter la diaspora togolaise a été accaparé par des agents du ministère des Affaires étrangères qui se sont lancés dans une tournée de sensibilisation. Une mise à l’écart déguisée des responsables du HCTE à qui l’on reproche, selon des sources proches de la diplomatie togolaise, d’être peu entreprenants.
Aujourd’hui, on sent que le HCTE est définitivement écarté de ce processus de recensement, le gouvernement ayant décidé de conduire lui-même les opérations qui vont se dérouler en Asie, en Europe et aux Amériques. Ainsi va le Togo ! On met en place une institution, on y place les hommes susceptibles d’obéir au doigt et à l’œil, mais au lieu de les accompagner dans l’accomplissement de leurs missions, on les met à l’écart.
Sur un autre plan, cette annonce de recensement dont on dit qu’il n’est pas contraignant, relance le débat sur la sécurité des Togolais de la diaspora quand ils reviennent dans leur pays d’origine. Dans la nuit du jeudi 27 au vendredi 28 janvier 2022, des militants du Parti national panafricain (PNP) de Tikpi Atchadam ont été arrêtés et jetés en prison.
Selon un communiqué du parti, on retrouve parmi les personnes arrêtées Nouridine Tchassanti Sébabé-Guéffé, Trésorier-adjoint du PNP et, plus important, M. Ibrahim Alfa, Togolais résidant à Hambourg en Allemagne en séjour à Lomé. « L’état de terreur et la privation de liberté qui se confirment chaque jour davantage au Togo, expose un pouvoir illégal et illégitime dans une logique de violence et de vengeance permanente contre le peuple togolais, un peuple épris de paix, de justice et de liberté », a dénoncé Dr Kossi Sama, Secrétaire Général du PNP.
Malheureusement, Ibrahim Alfa n’est pas le seul togolais de la diaspora arrêté alors qu’il séjournait dans son pays d’origine. Quelques mois avant, c’est l’activiste politique et opposant Jean-Paul Oumolou qui a été arrêté dans des conditions dénoncées par la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) du candidat Agbéyomé Kodjo, lui-même en exil depuis l’élection de février 2020. Au matin du 03 novembre 2021, l’ambassadeur de la DMK et fervent soutien de Dr Agbéyomé Kodjo a été arrêté dans un quartier de la capitale.
Présenté au juge quelques jours plus tard, il est placé sous mandat de dépôt, accusé d’« incitation à la révolte contre l’autorité de l’Etat », « outrage envers les représentants de l’autorité publique », « diffusion de fausses nouvelles » et « apologie des crimes ». Selon la législation togolaise, il encourt jusqu’à 20 ans de prison.
Autre cas qui étonne jusqu’à ce jour, celui de Abdul Aziz-Goma. Irlandais d’origine togolaise, ce compatriote croupit dans les geôles de la dictature depuis le 21 décembre 2018, au lendemain des élections législatives organisées par le régime et boudées par l’opposition. Malgré son état de santé dégradant et alarmant, Abdul Aziz-Goma est maintenu en détention, sans jugement.
C’est le sort que réserve Faure Gnassingbé et ses collaborateurs aux Togolais vivant à l’étranger, surtout ceux qui expriment le malaise que vivent leurs compatriotes restés au pays. C’est à ces personnes que le ministre des Affaires étrangères demande de se faire recenser. En fait, ce qui est recherché depuis belles lurettes, ce sont les devises qu’ils envoient au pays pour soutenir leurs familles. Rien d’autre.
Source:Liberté Togo
Source : icilome.com