Togo / Rackette et sécurité: Témoignage des Usagers sur les 500 FCFA Que les Policiers Prennent Sur la Route

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Au Togo, prendre la route est chaque jour synonyme d’incertitude. Depuis des années, les usagers souffrent face aux rackets systématiques des agents de la sécurité routière, et parfois de ceux de la Brigade Motorisée sur certains axes. Qu’ils soient en règle ou non, les conducteurs savent qu’ils devront « négocier » pour continuer leur chemin. Cette situation pousse beaucoup à négliger les règles de sécurité routière, sachant qu’un paiement informel est de toute façon inévitable.

Kégué, carrefour Atilamonou, route du contournement. Vêtu d’un t-shirt délavé et d’un jean usé aux genoux, un homme d’âge moyen se tient près d’un tricycle jaune et bleu. Son visage est tendu, regard baissé, tandis qu’il échange discrètement avec deux agents de la sécurité routière.

L’un d’eux, en uniforme, dissimulé derrière des lunettes de soleil, tient un carnet de contraventions. Bien que la discussion semble formelle, l’atmosphère trahit une négociation. Le conducteur, visiblement nerveux et impatient, tient quelques pièces dans sa main.

À l’intérieur du tricycle, deux clientes s’impatientent : une jeune fille et une femme d’âge mûr, toutes deux portant des paquets sur les genoux. L’une tapote son téléphone, agacée, tandis que l’autre soupire, résignée mais compatissante.

Elles observent silencieusement, partageant frustration et compréhension. Le dénouement intervient quand le conducteur du tricycle demande une pièce de 100 FCFA pour compléter et régler la somme due aux policiers.

Salam, le conducteur du tricycle, raconte que ce type de situation est quotidien. C’est devenu une routine, dit-il. Chaque jour, il faut payer 500 FCFA aux agents de la DSR (Division de la Sécurité Routière), sans aucun reçu.

Il raconte : « Heureusement, nous savons où sont positionnés les agents en ville. Si on t’arrête après avoir déjà payé, il suffit de leur dire, et ils te laissent passer. Nous n’avons pas le choix. L’incident de ce matin est survenu simplement parce que je n’avais que 400 FCFA en quittant la maison, et malgré toutes mes suppliques, ils n’ont rien voulu entendre ».

Au Togo, des milliers de tricycles circulent, principalement à Lomé, transportant passagers et marchandises. Selon plusieurs sources, la plupart des conducteurs n’ont pas de permis de conduire. Ces jeunes, souvent diplômés, conduisent en attendant de trouver un meilleur emploi.

Mais d’autres estiment que même avec tous les papiers en règle, il est impossible d’échapper aux rackets policiers. « Quand ils t’arrêtent, dit un conducteur, ils demandent si ce sont les papiers qu’ils mangent. Finalement, on se dit que ça ne sert à rien de se mettre en règle. »

Sur nos routes, les pièces d’argent remplacent ainsi le permis de conduire. Les policiers ferment les yeux sur les infractions, mettant en danger la vie des usagers.

Les rackets systématiques et les tracasseries infligées par les agents de la DSR et de la BM n’épargnent personne.

Fin mai 2024, des camionneurs exaspérés ont dénoncé les contrôles répétés, les rackets et les menaces. Comme d’habitude, les syndicats sont intervenus, promettant de transmettre leurs doléances au ministre. Mais les conducteurs n’espèrent plus rien, affirmant que ces démarches ne sont que de la diversion.

François Bangane

Source: lalternative.info

Source : 27Avril.com