Togo / Rackets systématiques aux checkpoints, poste de sécurité et postes frontaliers: Policiers, gendarmes et militaires, tous à la barre!

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Hasard de la vie ou coïncidence ? Jeudi 26 septembre 2024. Route Lomé-Kpalimé en taxi. Du fait de la rareté des passagers voyageurs, les taximen font rarement le plein de passagers ; obligés de prendre des voyageurs qui descendent en cours de route dans des localités situées sur la voie, les chauffeurs se sentent livrés aux humeurs des policiers, gendarmes et autres militaires. La Note de service émise par le chef d’Etat-major des forces armées togolaises (FAT) le 25 septembre est-elle une poudre de perlimpinpin ou un réel avertissement ? A quand celle du ministre de la Sécurité ?

Les usagers de la route qui sont rackettés vont-ils subir les foudres des agents des forces de l’ordre et de défense désormais ? Les contrôles seront-ils plus sévères et peut-être sauvages avec la Note de service du chef d’Etat-major?

« Il a été donné de constater que malgré les efforts de sensibilisation renouvelées à maintes reprises par la hiérarchie, les personnels des forces de défense et de sécurité continuent d’extorquer des fonds aux paisibles populations sous forme de racket systématique, souvent à des checkpoints, postes de sécurité et postes frontaliers. Ces genres de comportements déshonorent les forces de défense et de sécurité et mettent en péril l’indispensable cohésion armée-nation, gage de l’efficacité de la lutte contre le terrorisme. Tout en rappelant que l’extorsion de fonds est punie par la loi et par le règlement de discipline générale, le chef d’Etat-major des forces armées togolaises met en garde les militaires qui se rendent coupables de racket qu’ils seront sévèrement punis conformément au règlement de discipline générale et au code de justice militaire… ». C’est en substance la quintessence de la Note de service signée par le Général de brigade, Allahare Dimini, chef d’Etat-major général des FAT.

Si les voitures personnelles sont moins harcelées, les conducteurs de taxi et de transports en commun eux autres sont pressés, essorés, sucés jusqu’aux os. Tant et si sauvagement que malheur à ceux d’entre eux qui tentent de jouer aux usagers modèles respectueux des règles de conduite. Leurs plaques d’immatriculation sont ventilées aux autres agents et tôt ou tard, pour la moindre incartade à un poste de contrôle ou entorse aux règles, ils sont rattrapés et sanctionnés sévèrement.

Que le véhicule soit ou non complètement chargé, tout taxi s’acquitte des frais du ticket à 1500 FCFA. Au nouveau poste de péage, le passage est facturé à 500 FCFA contre 300 FCFA précédemment, ce qui constitue une augmentation de plus de 65% dans un pays où la cherté des produits de première nécessité et alimentaires est accrochée en bandoulière au cou des citoyens.

Passées ces contraintes « administratives », place au racket. C’est d’abord les agents de la DRS qui arborent les gilets couleur vert fluo. Que le taxi s’arrête devant eux ou pas, ils s’arrangent toujours pour se placer derrière la voiture, à l’abri des regards des passagers. L’objectif est simple: ne jamais percevoir le billet de 1000 FCFA que le conducteur place sous les papiers qu’il lui tend. Et, preuve que les agents préposés par l’Etat lui-même sont déployés sur les routes pour prélever de l’argent et non pour contrôler les voitures, ces agents ne prennent même plus la peine de contrôler les pièces des véhicules. Voilà le mode opératoire de presque tous les agents de la DSR. Et aucun reçu n’est délivré en contrepartie. La preuve que c’est bien des extorsions de fonds érigées en mode de gouvernance au sein de ce service.

Mais un conducteur nous a expliqué que si, « parce que tes papiers sont en règle, ta boîte à pharmacie est bien garnie et qu’il ne manque même pas de lame à l’intérieur, ton pare-brise n’a pas de fissures, ou parce que tu n’as pas chargé un surplus de passagers, tu ne glisses rien sous tes papiers, l’agent de la DSR relèvera ta plaque d’immatriculation qu’il ventilera à ses autres collègues. Et tu seras pisté, traqué. Et le jour que tu tomberas entre leurs mains, même ton Dieu ne peux pas de venir en aide ».

Après les agents de la DSR, ce sont les militaires aux points de contrôle. Et sur la route Lomé-Kpalimé distante de 120 km, il en existe quatre : Bagbé – Egbikope – carrefour Kati – Tove. A chacun de ces postes de contrôle, il vaut mieux que le chauffeur ne soit pas en surcharge ; autrement, il est délesté de 200 FCFA à chaque point, soit 800 FCFA.

En résumé, pour un taxi qui charge cinq passagers à 3 000 FCFA chacun, soit 15 000 FCFA, il doit payer un total de 3 800 FCFA (1500+1000+500+800). Sans compter le carburant qui est de 10 litres à 7 000 FCFA. Or ce chauffeur doit verser 5 000 FCFA au propriétaire de la voiture chaque jour. Mais il est devenu difficile pour lui de faire le plein et de faire l’aller-retour le même jour.

Avec une telle situation, on comprend parfois pourquoi les chauffeurs de taxi sont obligés de prendre plus de quatre passagers, malgré le risque et les interdictions. Mais pour arrêter les surcharges sans transformer les contrôleurs de la route en agents sévères et sans cœur, il faut supprimer les perceptions illicites sur les voies.

A l’aéroport de Lomé, le phénomène existe aussi ; les agents se rabattent sur l’exportation des produits locaux pour se remplir les poches.

Quand des citoyens revenus au pays sont tentés d’emporter des produits « made in Togo » pour les vanter à l’extérieur des frontières, il est des agents qui leur imposent une « double taxation ». En français facile, la sortie de produits alimentaires du pays est soumise à l’obtention d’un certificat phytosanitaire contre payement de 2000 FCFA. Mais des citoyens se voient rançonner une fois sur le point de faire entrer leurs effets dans la soute des aéronefs. « Bien que je leur ai présenté le certificat, des agents m’ont demandé de payer. Ils ont refusé le billet de 2000 FCFA que je leur ai tendu, et ont exigé 5000 FCFA. A contre cœur, j’ai fini par m’exécuter, le temps jouant contre moi », nous a confié par téléphone un Togolais résidant aux Etats-Unis. Et pourtant, on parle de promotion des produits locaux.

Une chose est de sortir une Note de service. Le problème reste son application et son suivi. Et dans ce sens, ne serait-il pas temps de mettre à disposition des usagers qui seraient victimes d’abus et de pratiques anormales de la part des agents, un numéro vert par lequel ils pourraient signaler ces abus? Il faudra bien que ces manières de faire des agents des forces de l’ordre et de sécurité cessent un jour. Et la sortie du chef d’Etat-major général des FAT semble le moment propice pour qu’enfin le Togo franchisse une étape en matière de lutte contre les pratiques anormales sur les routes, aux checkpoints et aux postes frontières.

Godson K.

Source: libertetogo.tg

Source : 27Avril.com