Gabriel Messan Agbéyomé Kodjo est actuellement recherché par la justice togolaise. Arrivé deuxième lors de l’élection présidentielle du 22 février dernier, selon les résultats officiels, l’ancien Premier ministre continue de revendiquer sa victoire, malgré les restrictions judiciaires émises à son encontre. Entre convocations et allégations de projet d’élimination physique, en quoi l’ancien Premier ministre constitue-t-il une menace pour celui qui est déclaré vainqueur du scrutin à plus de 70% ?
Lire aussi:Dernière minute: un mandat d’arrêt émis contre Agbeyomé Kodjo
Attendu pour être écouté le vendredi 10 juillet, le candidat soutenu par Mgr Philippe Fanoko Kpodzro n’a pas daigné répondre à cette convocation du doyen des juges d’instruction, craignant un plan d’élimination physique qui serait ourdi contre sa personne. Aux dernières nouvelles, Agbéyomé Kodjo aurait pris la poudre d’escampette. Un mandat d’arrêt a même été émis à son encontre. Les avocats du président du MPDD (Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement) parlent d’acharnement.
En effet, l’opposant Kodjo avait déjà été arrêté à son domicile le 21 avril dernier et conduit au Service central de recherches et d’investigations criminelles (SCRIC) de la gendarmerie nationale. Il en était ressorti avec interdiction de se prononcer désormais sur le scrutin présidentiel dont il prétend être le vrai vainqueur. Sauf que Agbéyomé Kodjo, un pur produit du pouvoir de Lomé dont il était un des farouches défenseurs avant de basculer dans le rang de l’opposition, n’est pas homme à se plier aussi facilement. Les termes du contrôle judiciaire qui plane au-dessus de sa tête telle une épée de Damoclès, il n’en a que cure, multipliant les déclarations incendiaires et promettant de prendre sa “victoire”.
Lire aussi:Disparition brusque d’Agbeyomé: ses avocats donnent plus de précisions
Des déclarations à prendre au sérieux ou beaucoup de bruit pour rien?
Selon les chiffres officiels publiés par la Cour constitutionnelle, Agbéyomé Kodjo était crédité de 19% des suffrages, loin, bien loin, très loin derrière Faure Gnassingbé avec ses 70,78%! Hormis les grandes déclarations, les promesses mirobolantes du prélat qui répète que l’heure de l’alternance a enfin sonné et les rares incursions de Hermann Cohen qui ne dépassent guère les frontières de sa twittosphère, aucun signe n’indique clairement que la Dynamique Mgr Kpodzro (DMK) a véritablement les moyens de prouver la victoire de son candidat. Mais alors, pourquoi cette obsession de voir monsieur Kpodzo et sa suite la boucler définitivement? Que cache ce que les avocats de l’ancien Premier ministre considèrent comme un acharnement?
En imposant à la Dynamique Kpodzro de ne plus se prononcer sur l’élection présidentielle de février, la justice togolaise semble faire le jeu du pouvoir en place. Car dans aucun pays au monde, on ne peut interdire à un candidat à une élection de prétendre avoir gagné et d’évoquer ce scrutin chaque fois qu’il en a l’occasion. Cela s’apparente à de l’intimidation. Si tant est que les résultats avancés par les juges constitutionnels donnant Faure Gnassingbé large vainqueur de la présidentielle soient vrais, autant laisser le “chien” Kodjo aboyer jusqu’à l’essoufflement. Vouloir lui imposer le silence à tout prix n’est ni plus ni moins que la preuve d’un malaise mal maquillé.
Lire aussi:Secret de Palais: Le feuilleton Agbéyomé ou le nouveau prétexte d’un pouvoir mal en point
Dans cette affaire, la justice togolaise fait montre d’une célérité impressionnante. Pendant ce temps, les Togolais sont toujours dans l’expectative de la voir se saisir du dossier Adjakly ou le “pétrogate” du nom du scandale pétrolier dans lequel seraient impliqués Adjakly père et fils ainsi que d’autres éminentes personnalités de l’État, et qui porterait sur environ 500 milliards de francs CFA, selon les révélations du bi-hebdomadaire privé togolais L’Alternative de Ferdinand Ayité.
Ambroise D.
Source : Togoweb.net