« La fin de l’espoir est le commencement de la mort » Dans Les chênes qu’on abat, le grand homme d’Etat, Charles de Gaulle mesure le froid et l’émoi de la fin de vie d’un système, les échecs de la ruine, les répercussions du naufrage collectif sur l’équilibre de ceux qui voient venir les mutations imparables de perte, l’ineffable des peines, le goût amer de la faillite que subissent ceux qui ont longtemps cru qu’ils sont les maîtres, des dieux.
Le précipice vient de l’outrecuidance des choix écervelés, des transgressions détraquées, des ambitions creuses, de l’entêtement maladif, du mépris souverain, du principe de rêve, de l’impuissance de l’intelligence qui nous font attraper la sottise. Les imperfectibles impolitesses devant l’histoire et l’incapacité des hommes à jeter un coup d’œil intelligent sur eux-mêmes pour renaître à la noblesse de l’action les conduisent dans les pires ravins de l’histoire.
La dynastie aux crimes pluriels s’est toujours illustrée dans ses choix licencieux avec une faiblesse viscérale pour les armes et le supplice pour faire plier le peuple du Togo. Elle peut se flatter l’orgueil de puissance dans ses répressions fauves, mais aucun régime n’est assez fort pour continuer à abuser des citoyens prospérer.
Partout, les peuples ne sont pas prêts à s’abaisser, à accepter l’avilissement, parce qu’ils craignent de mourir de leurs bourreaux et ceux qui meurent du combat pour la liberté et les Droits humains transfusent de leur grandeur les vivants pour une projection sur des victoires certaines.
Les Togolais appartiennent entièrement à l’humanité et ne peuvent déroger au mordant du sursaut des peuples qui bascule les tyrans dans le gouffre des événements. Notre conscience solidaire est notre puissance. Quand elle gronde du feu frontal de l’adversité, rien ne lui résiste. L’insurrection populaire qu’elle a enclenchée le 19 août 2017 a ses effets imparables sur l’avenir de notre pays. Elle a contraint l’héritier dynastique au dialogue arbitré par la Communauté sous-régionale qui met en relief la légitime-défense d’un peuple spolié, embrigadé dans les serres de la tyrannie et du brigandage électoral. La sentence implacable des mesures coercitives pour remettre la république en rebut dans la bonne direction est connue.
Le Togo sous la tutelle d’une expertise électorale de la CEDEAO, quel avenir pour la minorité –majoritaire engluée dans les rouages de la fraude électorale ?
Confronté au principe de réalité, à la rigueur d’un plan de sortie de crise, l’usurpateur impénitent peut-il encore prendre le risque de refuser de se soumettre à la clarté électorale ?
Le renoncement à une nouvelle candidature n’est-il pas le choix unique qui lui reste pour éviter la foudre de l’humiliation ?
1) La politique et les grands ensembles
La chute des empires surviennent promptement lorsque les empereurs et les tyrans ne savent plus se conformer à des accords, aux pactes scellés çà et là, au respect des désirs et aspirations souverains de leur peuple, aux exigences de leur époque, à la révolution du temps, à la mobilité sociale, aux mutations de l’environnement politique, aux progrès socio-historique et à l’équilibre régional
Le ghetto de la gouvernance qui se réduit à une faiblesse pour la force creuse aux despotes le précipice le plus sûr en ce que ceux qui souffrent du supplice des tyrans ne peuvent pas continuer à s’accommoder à leur infortune. La licence comportementale des princes et leur irrévérence morbide pour feindre une volonté de puissance dans la dureté préparent à la riposte des populations qui cherchent leur propre voie par engagement existentiel
L’accoutumance au mépris de leur peuple prépare les gouvernants à refouler tous ceux qui, de leur propre initiative, se mettent aux côtés des citoyens dans leurs réclamations justes, sensées et d’un cran de nécessité. Nos voisins proches et lointains font aussi le monde politique. Ce sont eux qui reprennent l’écho des cris de douleurs, des massacres et des crimes en série des roitelets ignominieux, sans vergogne et qui tiennent trop souvent des discours sur la souveraineté nationale aux dépens des Droits humains avec une ignorance monstrueuse de l’interconnexion, de l’inter-imbrication du monde, du mode politique, économique, culturel, sociologique, dans une solidarité diachronique et synchronique. Le monde s’auto-influence et le phénomène de la mode suffit à nous faire comprendre autant que les grands courants de pensée qui éclaboussent tout l’univers.
Si la CEDEAO a conçu un Protocole additionnel sur la gouvernance et l’alternance démocratique à l’intérieur de la Communauté, les normes de l’évolution l’exigent et les données économiques l’imposent par expérience et par projection sur l’avenir. Faure est en porte en faux avec l’ensemble sous-régional dans son entêtement à dégammer sur l’harmonie du mouvement d’ensemble pour une rupture avec ce grand ensemble politique, économique, humain sans le choix de sortir de la zone. Il ne peut qu’attirer les flèches de ses pairs et l’intérêt à se liguer contre lui et à le faire sortir du jeu. La politique, c’est le bon sens qui tient le fil d’une évolution sur des choses simples. La CEDEAO est dans une contrainte politique, économique, éthique de faire partir Faure GNASSINGBE quoi que cet engagement lui coûte.
La fronde nationale contre le régime cinquantenaire a ouvert le boulevard le plus sûr à tous les coups de remise en ordre au Togo. L’héritier d’Eyadema a perdu le Nord, son fief, le Sud contre lequel il a échafaudé une politique régionaliste, ethniciste et identitaire. L’Est et l’Ouest où des populations ont déjà érigé des couleurs des pays voisins sur leur territoire en signe d’adhésion aux évolutions politico-économiques des communautés voisines ne sont pas avec les bassesses de régence du Togo. Le Palais de Kégué est dans un rejet national et fervent observable dans la crise de façon saillante. Quelle ville du Togo et quelle préfecture est encore dans le giron de la dynastique tyrannique ?
La diaspora qui partout se manifeste pour faire connaître davantage au monde le théâtre togolais et sa tragédie harcèle les leaders de ce monde avec une détermination irrésistible, fascinante, rare et son message a conduit Emmanuel MACRON à sortir de ses réserves pour signifier au « Timoniertricule » la fin de la tyrannie au Togo par un cri si fort et absolument ravageur pour le Palais de Kégué qui a perdu la diaspora et l’ancienne métropole toujours très regardant sur sa zone d’influence.
Faure est un homme seul, totalement isolé, confiné à suivre sa courbe descendante dans le grotesque de ses illusions perdues. Les grandes excentricités sont toujours méprisables. Ce n’est pas du tout aisé d’être avec un ami qui a totalement tort et dont les rêves sont cousus de transgressions criminelles. L’ « homme simple » aux illusions simplistes paie le prix de l’inculture politique et de l’étroitesse de ses choix. Il a longtemps cru les garnisons et l’achat de consciences sont les plus précieux leviers de la gouvernance. Ce gros handicap l’a balancé dans des conjectures et dans des actions détraquées qui, non seulement ont ruiné le pays autant que sa crédibilité.
La sentence accouchée sur la feuille de route de sortie de crise au Togo divise fortement l’autorité du chef qui n’a aucune prise, comme par le passé, sur le processus électoral, les lois taillées sur mesure avec supercherie agressive. Les injonctions et les remontrances brûlantes de leaders de la sous-région jetées au visage du prince héritier et parfois publiquement attestent la détermination résolue de la CEDEAO à créer l’espoir de l’alternance et du changement. La tutelle de contrôle électorale des experts de la CEDEAO divise l’autorité du prince ; un prince dont l’autorité est divisée perd son trône dans le cheminement de l’histoire. C’est trop tard pour le rejeton d’Eyadema de comprendre Emmanuel MOUNIER dans la Suite française in Revue, Esprit décembre 1944 : « La grande vertu politique est de ne pas perdre le sens des ensembles ».
2) Sauver la face
Dans tout le langage oral comme écrit au sommet de la CEDEAO le 31 juillet 2018, le point de convergence des leaders de la communauté s’interprète en une détermination à faire partir du pouvoir l’illusionniste au chapelet de holdup up électoraux et de crimes qui a longtemps cru que la notoriété politique se forge à coup de voyages et d’organisation exhibitionniste de sommets.
Le nouvel esprit CEDEAO est à l’honneur des peuples. Il est à l’œuvre dans la zone ; il a fait ses preuves en Gambie pour dégager l’autre monstrueux Yahya JAMMEH. Maintenant, il est au galop contre la Palais de Kégué. Ce nouvel esprit redonne une crédibilité à l’organisation sous régionale qui ne peut plus basculer dans un syndicat du crime contre notre peuple. La surveillance électorale avec les experts de la CEDEAO avant, pendant, après les suffrages est un accompagnement certain du champion RPT/UNIR a un « dégagement » sans peine.
Mais si les officines du brouillard et des transgressions autoritaires du code électoral ne renoncent pas à leurs manœuvres d’accoutumance, la massue de la tragédie sera imprévisible et plus rude que ce qui s’est passe en Gambie. Faure n’a jamais gagné une seule élection au Togo et à ces heures où l’insurrection de la conscience des Togolais est au zénith sur toute l’étendue du territoire et dans la diaspora acquise au droit de vote, même 10% en faveur du rejeton d’Eyadema serait de l’ordre de l’exploit. La rapine électorale n’est plus possible pour lui, ni la victoire. Ce qui peut encore lui donner un badigeon d’honneur même infime, c’est le renoncement. Dans l’Action française, 22 février 1918, Charles MAURRAS insiste sur le sens de l’anticipation qui est le socle du choix salutaire lorsqu’il écrit : « Il faut s’attendre à tout en politique, où tout est permis, sauf de se laisser surprendre ».
Le tourbillon inextricable dans lequel le champion a été pris le 31 juillet dernier par un harcèlement de tous les leaders de la zone CEDEAO avec un mordant de franchise jeté comme sentence à son visage semble imprimer à l’héritier dynastique un éclair d’objectivité pour un renoncement. Mais, son âme corrompue à l’usurpation ne peut pas vite s’apaiser pour laisser aux Togolais le temps de faire leur propre histoire. C’est pourquoi le relai de la vigilance nous revient en tant que peuple. L’action unitaire renforcée doit triompher, parce que ceux qui nous ont si longtemps martyrisés et claironnaient que leur devise : « C’est de tout prendre », ne peuvent pas abandonner facilement et d’eux-mêmes la routine de leur esprit de forfaiture.
Le contrôle électoral perdu est pour RPT/UNIR une chute sans un coussinet amortisseur qu’il refuse d’accepter. C’est à nous de l’y contraindre par notre éveil et notre action pour aider la CEDEAO à l’application stricte des nouvelles conditionnalités des consultations populaires. Il ne faut surtout pas croire que le feu de forêt allumé au dernier sommet de la CEDEAO a déjà consumé toutes les anomalies gagnantes de ce régime.
L’irréversible souffle de l’histoire reprend au Togo aux côtés de notre peuple qui, par sa solidarité et sa détermination, doit l’animer sans relâche. Le monde est à l’écoute de notre exaspération, la CEDEAO nous vient en soutien. Que notre pied ne flanche pas sur les marches de notre combat démocratique pour l’alternance. Le devoir de résultat nous appartient. Faure doit partir. La forteresse du vol et de la fraude en série est tombée. La contrainte l’habite. Le peuple à délibéré, la CEDEAO est à son secours, les jeux sont faits !
Source : L’Alternative
27Avril.com