«C’est à l’étendue de leurs moyens de contrôle que se mesure aujourd’hui la force des assemblées parlementaires » (Michel Ameller)
« Lorsqu’on ne sait pas ce qu’on cherche, on ne comprend pas ce qu’on trouve », disait Joseph Ki-Zerbo. Si dame Yawa Tségan savait effectivement ce pour quoi elle et ses collègues avaient été « élus » ou « nommés », c’est selon, elle ne leur demanderait pas dès son élection comme présidente de l’Assemblée nationale, d’applaudir le chef de l’Etat. Mais parce qu’elle savait bien que son poste était l’œuvre de Faure Gnassingbé, on comprend maintenant. Mais qu’à cela ne tienne, si les représentations diplomatiques accréditées au Togo étaient convaincues que l’Assemblée nationale s’acquittait de ses prérogatives comme il faut, elles ne se gêneraient pas à décaisser pour offrir une formation aux députés en contrôle parlementaire.
Oui, depuis le 20 décembre 2018 que les élections législatives ont eu lieu, que n’a-t-on pas vu avec les députés ! Des lois inopportunes votées, d’autres plus urgentes ignorées, un silence incompréhensible sur des cas de dénonciations de journalistes qui ne trouvent pas écho auprès desdits « représentants du peuple » etc., autant de décalages et de méconnaissances qui jettent du discrédit sur la fonction parlementaire. Alors pour arrêter l’hémorragie, la Banque Mondiale et l’Union Européenne ont mis la main à la poche pour rehausser le niveau de ceux qui avaient battu campagne pour défendre les intérêts des populations.
Ainsi, de mardi à jeudi, les députés ont été « confinés » à l’hôtel 2 Février pour être formés sur la notion de contrôle parlementaire. On ose croire que cette formation sera assimilée par les 91 députés afin que cessent les expressions inopportunes du genre « accompagner le gouvernement ».
Commission d’enquête parlementaire, une expression étrangère à nos députés qui, depuis leur élection et malgré les scandales de détournement qui défraient la chronique dans notre pays, n’ont jamais entrepris d’en savoir davantage en diligentant des enquêtes. Il y en a qui ont même poussé l’outrecuidance de remettre en doute des écrits de journalistes sans recherche préalable aucune.
Suite à une enquête consécutive à des scandales dans la commande du pétrole au Togo, il est avéré par exemple que les frais des dossiers d’appels d’offres versés par des soumissionnaires sont partagés entre les membres de la Commission technique du comité de suivi des fluctuations des prix des produits pétroliers (CSFPPP) sur ordre des différents ministres du Commerce. Et comme à l’accoutumée, nos députés trouveront cela normal. Surtout du moment que leurs émoluments à eux sont régulièrement versés, la dilapidation des ressources du Togo peut continuer. Comme quoi le chien aboie, la caravane passe.
Si la Banque Mondiale et l’Union Européenne pouvaient pourvoir chaque député assistant à la formation en cartable, ardoise, craie et surtout sanctionner la formation par une interrogation écrite, histoire de tester que le message est bien passé, on pense que beaucoup d’entre eux ne tritureraient plus leur téléphone en pleine session. Il est temps qu’ils retiennent que c’est à la sueur du peuple qu’ils sont payés chaque fin de mois et à ce titre, ils devront désormais mériter leurs salaires.
Godson Ketomagnan
Source : Liberté
Source : 27Avril.com