La dernière mission du Fonds monétaire international (FMI) est passée au Togo, mais sans plus mettre l’accent sur la promesse à elle faite par le gouvernement de la République togolaise de « maîtriser les dépenses de fonctionnement ». Et le projet de loi de finances, gestion 2018 a reconduit ces dépenses sous le vocable de « transferts courants ». Pour avoir parcouru le projet, au moins cinq institutions auraient pu permettre à l’Etat de réaliser des économies substantielles qui auraient pu servir à couvrir des dépenses sociales.
Dans le rapport N°17/127 du FMI rendu public en mai 2017, il était écrit que, pour atteindre la viabilité budgétaire et celle de la dette publique, les autorités togolaises devraient agir sur les dépenses de fonctionnement. « Les dépenses de fonctionnement étant déjà réduites, l’accent sera mis sur la réorientation des ressources vers les dépenses sociales conformément à notre PND. Nous respecterons l’objectif indicatif ayant trait aux dépenses sociales établi en consultation avec les partenaires au développement afin d’identifier les dépenses sociales efficaces et judicieuses. En ce qui concerne les salaires, la politique du gouvernement vise à augmenter les salaires, mais pas au-delà du taux d’inflation et en tenant compte des glissements catégoriels pour s’assurer de la soutenabilité de la masse salariale. Le gouvernement assurera un contrôle strict des effectifs. Il s’emploiera également à améliorer la priorisation des dépenses de sorte à réorienter les ressources vers les domaines les plus prioritaires. Il limitera des subventions aux prix du carburant en appliquant systématiquement la formule d’ajustement des prix existante », avaient promis les autorités togolaises. Mais il n’y a pas que ces subventions qui rapporteraient.
Le ministère du Commerce avec la subvention des produits pétroliers
Chaque année depuis des lustres, c’est la ritournelle ; on parle de subventions des prix des produits pétroliers. Juste pour donner une petite idée, la rubrique « Subventions aux produits pétroliers » a été dotée de 7,2 milliards FCFA en 2015, 7,052300 milliards en 2016 et 5,130341 milliards en 2017. Mais malgré les promesses au FMI, une autre dotation identique à celle de 2017 est en passe d’être accordée au titre de subventions. Mais rien ne prouve que cette dotation sera récusée, surtout que les élus de l’opposition ont décidé de laisser ceux de la majorité faire. Et bizarrement, rien n’est dit sur ce que le comité chargé de la structure des prix des produits pétroliers engrange depuis sa mise sur pied. Pour mémoire, il est démontré qu’entre janvier 2015 et fin octobre 2017, plus de 9,9 milliards FCFA ont été récoltés sur les commandes des produits pétroliers, à raison de 200 FCFA sur un hectolitre. Mais pour on ne sait quelle raison, cette manne est gérée en totale dérogation de l’orthodoxie financière propre au Trésor public du Togo. Où vont ces sommes sur lesquelles aucun contrôle n’est apparemment effectué ?
Le ministère des Infrastructures et des Transports
Est-il concevable que depuis l’acquisition des bus pour le compte de la Société de transport urbain de Lomé (SOTRAL), des subventions soient accordées à cette structure qui comporte en son sein des privés dont le but premier est la recherche de profit ? Dans quelques mois, on entendra le ministre de tutelle parler peut-être d’amortissement des bus et d’une nouvelle acquisition. Mais bien que cette société génère des dividendes que se partagent ses actionnaires, en 2015 et 2016, 50 millions annuels ont été accordés au titre de subventions à la SOTRAL. Mais comme si cela ne suffisait pas, cette subvention fut multipliée par quatre et portée à 200 millions en 2017. Et l’année prochaine, il en sera de même, ce qui fait qu’en quatre ans, la SOTRAL aura bénéficié de 500 millions de FCFA alors que les 65 véhicules ont nécessité une facture de 3,4 milliards FCFA, selon le site du gouvernement, republicoftogo.com. Pour combien de temps encore laisserait-on faire comme si cette situation était normale ?
Développement à la Base, Jeunesse, Artisanat et Emploi des jeunes
S’il est un ministère budgétivore qui devrait rendre des comptes, mais évite de le faire, c’est bien celui du Développement à la Base, de la Jeunesse, de l’Artisanat et de l’Emploi des jeunes en général, et de sa section micro-finance en particulier. Et personne ne semble s’en soucier.
Dans les prévisions budgétaires de 2015, 2016 et 2017, les « fonds de promotion de la micro finance » étaient respectivement de 11 milliards, 10 milliards et 5 milliards FCFA. Et pour 2018, 5 autres milliards sont prévus, toujours pour la promotion de la micro finance. Mais il y a un hic, et tant que la lumière ne sera pas faite sur l’issue de ces fonds, des doutes énormes quant à un possible détournement des remboursements subsisteront.
Fin 2016, un semblant de situation avait été faite par le ministère du Développement à la Base, mais sans que les comptes sur lesquels les remboursements des bénéficiaires sont logés ne soient portés à l’attention des médias. Ce faisant, beaucoup de bénéficiaires croient à tort que les prêts à eux accordés ne devraient pas être remboursés. Aussi, la seule façon de mettre tous ces bénéficiaires au pas, reste une transparence tant dans les remboursements, les difficultés rencontrées que dans les comptes sur lesquels les fonds remboursés sont logés. D’ailleurs, pourquoi ouvrir un compte du moment que les comptes du Trésor public existent ?
Que 42 milliards FCFA aient été mobilisés et consacrés au FNFI dont plus de 16 milliards ont servi au renouvellement des crédits à la date du 30 octobre 2016, est une chose. Mais seulement, en 2017 et bientôt 2018, 10 autres milliards sont prévus pour s’ajouter aux fonds existants. Jusqu’où quand le ministère voudra-t-il aller avant de faire une situation immaculée aux citoyens ? Fin octobre 2016, on savait que le Togo devait 9,890 milliards à la BOAD. Qu’en est-il à ce jour de cette dette ? Autant d’interrogations qui interpellent l’initiatrice du FNFI dont le rêve est de sortir plus de 2 millions de Togolais de l’extrême pauvreté.
La présidence de la République
La présidence togolaise a inscrit dans le budget 2017 un milliard FCFA au titre de dotation à l’Agence des Grands Travaux. En 2018, la même dotation sera maintenue. Seulement, combien de citoyens peuvent-ils dire qu’ils ont vu cette agence à l’œuvre et pourquoi un milliard en guise de dotation ?
Voilà résumés les postes dont l’annulation des subventions peut rapporter gros à l’Etat qui dit vouloir axer ses actions sur le social. Il revient à chacun de cumuler ces subventions qui font beaucoup de milliards FCFA pour se rendre compte de la situation.
Abbé Faria
Source : Liberté No.2572 du 5 décembre 2017
27Avril.com