Togo / Prisonniers politiques: Une condamnation à mort qui ne dit pas son nom pour que vive le régime Gnassingbé?

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«Rappelez-vous qu’à travers l’histoire il y eut des tyrans et des meurtriers qui pour un temps, semblèrent invincibles. Mais à la fin, ils sont toujours tombés.» Gandhi

Prisonniers politiques jusqu’à ce que mort s’ensuive? Un tel titre n’aurait pas été exagéré, vu la situation lamentable dans laquelle se débattent beaucoup de nos compatriotes, hommes et femmes, depuis plusieurs années, contre la solitude, la maladie, les conditions de détention et surtout contre l’incertitude du sort que leur réservent les tenants du pouvoir politique au Togo. Et puisque la fameuse grâce présidentielle les a royalement ignorés, puisque tout le monde sait, à commencer par les autorités politiques de fait du Togo, avec à leur tête Faure Gnassingbé, que la majorité des plusieurs dizaines de prisonniers politiques sont très mal en point, s’agissant de leur état de santé, et qu’on refuse de libérer, nous pouvons conclure que leur sort est déjà scellé quelque part dans les arcanes de la dictature. Faure Gnassingbé et ses complices, oh pardon, ses collaborateurs sont-ils vraiment prêts à assumer la responsabilité du fait que beaucoup de nos compatriotes prisonniers politiques, aujourd’hui malades, puissent mourir en détention? Le drame des exilés politiques, avec surtout la situation depuis deux ans et demi du vieux prélat de 93 ans, Monseigneur Fanoko Philipe Kpodzro, que nous avons à plusieurs reprises dénoncée, vient, comme s’il était encore besoin, mettre en relief la nature inhumaine du régime politique que nous subissons au Togo depuis un demi-siècle.

Des adversaires politiques, qui ont également le droit d’avoir leur opinion personnelle sur la gestion du pays, doivent-ils devenir des ennemis à abattre par tous les moyens? Nous ne le croyons pas, et nous estimons que la gestion de la cité commune revient à tous les Togolais, qu’ils aient la chance d’être au pouvoir ou qu’ils soient dans l’opposition. C’est pourquoi d’ailleurs la persécution sauvage des citoyens d’un pays qui pensent autrement, comme c’est le cas des prisonniers politiques au Togo, reste l’apanage des régimes de dictature qui sont assurés, tant que leur règne de l’arbitraire perdure, d’une impunité totale. Notre pays le Togo est devenu depuis plusieurs décennies que le régime de terreur a pris le peuple en otage, un cas d’école s’agissant des crimes de sang commis sur les citoyens et de l’impunité dont ont joui et jouissent encore les assassins. Pour le régime RPT/UNIR, incarné aujourd’hui par Faure Gnassingbé, la jouissance du pouvoir politique, de surcroît, usurpé, semble avoir pris le desssus sur la sauvegarde de la sécurité, de la dignité et de la vie des citoyens qui devraient être les devoirs premiers d’un gouvernement qui se respecte. L’embastillement de centaines de Togolais depuis plusieurs années, et dont la libération aujourd’hui décrisperait le climat politique et ne constituerait aucune menace pour la survie du régime Gnassingbé, est là pour rappeler la politique de haine, jusqu’au-boutiste et d’aveuglement total de ceux qui nous dirigent. Le sort de quelques prisonniers politiques dont la durée et les conditions de détention, à l’état de santé déficitaire et qu’on maintient en prison, fait froid dans le dos.

Nambéa Méhiuowa Leyla, épouse Tagba; c’est cette jeune mère de famille, allaitant un bébé de 7 mois. Arrêtée depuis le 18 décembre 2019 dans l’affaire sans tête ni queue de « Tigre Révolution »; elle croupit à la prison civile de Lomé avec d’autres compagnons d’infortune. Souffrant d’hypertension, de difficultés respiratoires et de divers autres maux, les nombreux appels d’organisations de défense des droits de l’homme et de certaines chancelleries pour sa libération n’ont pu toucher le coeur de ceux qui disposent du droit de vie et de mort sur les Togolais.

Jean-Paul Omolou est notre compatriote de la diaspora suisse en séjour au Togo, arrêté le 4 novembre 2021. Il y a donc aujourd’hui un an qu’il souffre le martyr parce qu’ayant tout simplement choisi de lutter pour les droits du peuple, et de se battre pour que la démocratie soit une réalité dans son pays d’origine. «Qui veut noyer son chat, l’accuse de rage», c’est connu que dans les républiques bananières comme au Togo, les régimes autoritaires se réfèrent toujours à ce dicton populaire pour faire taire des opposants qui dérangent. Bien qu’il n’ait jamais appelé à une rébellion armée, Jean-Paul Omolou est accusé de lourds délits à faire dormir debout et jeté en prison.

L’Irlando-Togolais Aziz Gomah est arrêté le 21 décembre 2018, il est accusé d’avoir hébergé des jeunes arrivés au Togo pour participer aux manifestations de l’opposition; des accusations refutées par l’infortuné qui se déplace aujourd’hui à l’aide d’une chaise roulante. La presse privée togolaise et internationale a à plusieurs reprises thématisé son cas et les organisations de défense des droits de l’homme, les autorités irlandaises, des chancelleries en poste à Lomé ont plaidé pour qu’il soit libéré pour aller se faire soigner. Mais toutes ces doléances sont jusqu’à présent tombées dans les oreilles de sourds.

«… je voudrais tout simplement ajouter que la prison ne doit être considérée comme un centre d’extermination, comme un lieu d’embastillement des adversaires politiques. Je voudrais ajouter que la prison n’est pas un centre de déshumanisation et que la prison a un objectif bien précis. Les vertus correctives et de réintégration sociale sont les objectifs poursuivis par la prison et donc on ne peut pas utiliser la prison pour l’instrumentaliser à des fins politiques.» Voilà une déclaration de l’avocat togolais, Me Kpandé-Adzaré, contenue dans une interview accordée à la chaîne allemande « Die Deutsche Welle » et reprise par le quotidien togolais « Liberté » en juillet 2021. Me Kpandé-Adzaré est l’un des avocats de Kpatcha Gnassingbé; le demi-frère du président de fait du Togo, Faure Gnassingbé, croupit en prison depuis 13 ans avec quelques co-accusés dans la ténébreuse affaire d’atteinte à la sûreté de l’état. Bien que la cour de justice de la CEDEAO ait constaté en juillet 2013 le caractère inéquitable du procès qui avait condamné les prévenus à la lourde peine de prison, et demandé leur relaxe pure et simple, le régime togolais continue à faire à sa tête en les maintenant en détention. L’état de santé inquiétant de Kpatcha Gnassingbé surtout, abondamment et régulièrement médiatisé, n’a pas jusqu’à présent réussi à émouvoir Faure Gnassingbé qui semble décidément être le seul maître à bord.

Ce qui est encore plus cruel, c’est qu’il existe des ministres dans le gouvernement de Faure Gnassingbé et de hautes personnalités politiques qui ont le culot de nier l’existence de prisonniers politiques au Togo. Et quand le supposé ministre des droits de l’homme, Christian Trimua, en est le premier torpilleur et négationniste, le régime togolais aura été trop loin dans la banalisation de la dignité et surtout de la vie humaine. Il existe bel et bien des prisonniers politiques au Togo dont beaucoup risquent d’y perdre la vie, et qu’il faudrait libérer dans les meilleurs délais. Pour des raisons humanitaires!

Samari Tchadjobo
Allemagne

Source : 27Avril.com