Togo: Primes de 60 000 F CFA au personnel de l’enseignement confessionnel, une récompense de Faure Gnassingbé à l’Eglise pour sa complaisance?

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College saint joseph

Faure Gnassingbé a instruit le gouvernement d’octroyer une prime spéciale de 60 000 F CFA en cette fin d’année à une catégorie de salariés du secteur public. Il a adjoint à ceux-ci le personnel de l’enseignement confessionnel dont le traitement salarial ne relève guère de l’Etat. Doit-on y voir une opération destinée à s’assurer du silence des confessions religieuses, notamment de l’église catholique sur les nombreuses violations des libertés fondamentales par le gouvernement ?

L’école confessionnelle est définie comme « une structure créée et gérée par une organisation religieuse dotée d’une personnalité juridique et légalement reconnue, qui dispense un enseignement général ou une formation initiale et/ou continue technique et professionnelle, classique ou par voie d’apprentissage » (Arrêté N°2021/1049/MEPSTA/CAB/SG du 25 juin 2021).

Le statut des enseignants des écoles confessionnelles est clair : ils ne dépendent pas de l’Etat mais plutôt des structures religieuses privées qui les recrutent. L’Etat n’intervient que par une subvention annuelle sous forme d’aide. Et très souvent, les autorités togolaises insistent sur le fait qu’il s’agit d’une aide et non un droit.

Parmi les organisations religieuses qui ont un rôle significatif et historique dans l’enseignement au Togo, l’église catholique reste et demeure de loin la première. Sur le plan politique, elle est également celle qui fait office d’interlocutrice avec le régime RPT/UNIR à des périodes déterminantes du pays.

Aussi cette décision de Faure Gnassingbé de faire bénéficier d’une prime de 60 000 F CFA destinée à fêter au personnel de l’enseignement confessionnel amène naturellement notre analyse vers l’église catholique.

Il faut noter que depuis un certain moment, on observe une véritable complaisance de l’église catholique à l’égard du régime cinquantenaire qui dirige le Togo. Cette complaisance est devenue un appui pour le régime d’interdiction systématique de manifestations pacifiques publiques, de réunions ou conférences publiques de partis politiques d’opposition et d’Organisations de la Société Civile, mis en place par le gouvernement, en toute violation de la Constitution togolaise.

En septembre dernier, un débat public organisé par la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP) pour permettre à M. Guy Marius Sagna, député sénégalais au Parlement de la CEDEAO d’échanger avec les citoyens togolais, devrait se tenir dans l’une des salles locatives de l’église catholique Saint Augustin d’Amoutivé. Alors que toutes les formalités administratives et financières avaient été finalisées, les responsables de l’église ont signifié à la dernière minute aux organisateurs l’indisponibilité de la salle.

Le Collectif « Touche Pas A Ma Constitution » avait de son côté prévu une conférence-débat le mercredi 18 décembre dernier au Centre « Brother Home » appartenant à l’église catholique. A la dernière minute, l’administration dudit centre a exigé des organisateurs un document portant autorisant du ministre de l’administration territoriale pour la tenue de cet évènement. Malgré les explications à elle donnée sur l’illégalité constitutionnelle d’un tel document, les responsables de cet espace ont opposé un refus catégorique au Front « Touche Pas A Ma Constitution ».

Ces deux situations illustrent malheureusement une certaine complaisance, sinon une complicité de l’église catholique avec le régime de Faure Gnassingbé pour museler toute voix de contradiction.

Et quand Faure Gnassingbé décide d’octroyer une prime spéciale à des enseignants du confessionnel qui relève du privé, il est aisé de croire à une récompense pour service rendu et un encouragement à poursuivre cette complicité.

Les administrations de ces centres qui relèvent de l’église catholique ne sont pas ignorants des dispositions constitutionnelles. En s’alignant sur les pressions des ministres de Faure Gnassingbé dont le seul but est de conserver le pouvoir à vie, elles perdent totalement leur crédibilité.

Si cette position a permis aujourd’hui à quelques centaines d’enseignants de bénéficier de 60 000 F CFA pour fêter, tant mieux. Cependant, il revient à l’église catholique de repenser son statut et son rôle déterminant dans l’histoire politique du Togo.

Un véritable développement axé sur un régime démocratique permettrait aux enseignants des structures confessionnelles d’avoir un statut social permanent et meilleur que quelques billets jetés à la figure en fin d’année.

Source: lalternative.info

Source : 27Avril.com

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