Togo, Présidentielle de 2020 : Léthargie et risque d’un réveil tardif pour l’opposition

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Togo, Présidentielle de 2020 : Léthargie et risque d’un réveil tardif pour l’opposition

La présidentielle de 2020, c’est encore dans environ huit mois. Mais certains partis s’y préparent déjà et désignent leurs porte-étendards. Pendant ce temps, c’est la léthargie dans les rangs de l’opposition plus ou moins crédible. Et cette attitude n’est pas sans risques par rapport à l’enjeu de ce scrutin, l’alternance tant attendue au pouvoir…

Gerry Taama, second candidat pour 2020

L’élection présidentielle de 2020, disions-nous tantôt, c’est encore loin. Mais certains partis s’y préparent depuis. Pour le RPT/UNIR, et c’est un secret de Polichinelle, l’on connaît depuis longtemps son candidat naturel, Faure Essozimna Gnassingbé. Non rassasié par les trois mandats de cinq ans qu’il est sur le point de boucler, il compte en briguer un quatrième et est annoncé par au moins trois de ses collabos candidat. D’abord le Premier ministre Sélom Komi Klassou, ensuite le Secrétaire Exécutif du parti Aklesso Atchol, puis récemment par son « Monsieur diplomatie » Robert Dussey. Le Prince est même déjà vu en vainqueur…Mais d’autres partis lui emboitent le pas. C’est le cas notamment du Nouvel engagement togolais (NET).

Le congrès organisé le samedi passé à Lomé a vu l’investiture de son Président Gerry Taama comme porte-étendard à l’élection présidentielle de l’année prochaine. Et le candidat désigné entend déployer tous les efforts pour se faire élire Président de la République. Gerry Taama croit dur comme fer en ses chances, surtout que le scrutin sera à deux tours, une première depuis 2003. « Si nous nous retrouvons au 2è tour, nous partons du principe que les autres partis vont nous appuyer et s’il y a une autre formation politique de l’opposition qui va au 2è tour, automatiquement nous l’appuierons pour rendre possible et accessible cette alternance », a-t-il déclaré.

Gerry Taama est donc le tout premier candidat de l’opposition (sic) à se faire désigner officiellement candidat à cette échéance capitalissime de 2020. Il se jette déjà à l’eau pour mettre les chances de son côté. « Nous allons retourner sur le terrain pour rencontrer non seulement les militants, mais aussi les sympathisants pour leur dire qu’il y a une autre façon de faire la politique au Togo et surtout pour leur dire qu’un autre Président pour ce pays est possible et nous espérons que ce Président, c’est celui du NET », a-t-il ajouté. Ce scrutin, à l’en croire, le parti voudrait s’en servir pour préparer les élections législatives de 2023 où il ambitionne d’engranger quinze (15) députés.

L’annonce de la désignation de Gerry Taama candidat à la présidentielle de l’année prochaine a suscité des commentaires sur la toile, sur fond de railleries. Il est moqué, au vu de son score à la présidentielle de 2015 à laquelle il participait pour la première fois et de la faible audience de son parti au Togo, au-delà des bruits faits par l’homme par sa présence permanente sur les médias. C’est le boycott des législatives du 20 décembre 2018 qui a arrangé les affaires de beaucoup de ces formations de seconde zone – il en  est sans doute conscient, de même que plein d’autres « particules » -, mais il veut surfer sur cette dynamique. De bonne guerre. Mais au-delà des railleries, il y a un côté positif de cette action précoce du NET que le bon sens voudrait qu’on mette en exergue… « Ca permet au parti et à son candidat d’enclencher très tôt la pré-campagne et après la campagne, parler constamment aux populations de Gerry Taama. Nous sommes sur le terrain de la communication, et à force de concentrer les énergies et parler de Taama, on attirera l’attention du citoyen ordinaire sur lui…Je ne vais pas être naïf et aller jusqu’à penser qu’il sera élu Président, mais il va engranger des voix de plus. Cette stratégie doit donner des idées à des gens », analyse un acteur politique.

Les risques d’un réveil tardif pour l’opposition

Pendant que de grandes manœuvres sont déjà enclenchées par des formations en perspective de ce scrutin capital de 2020 et des partis procèdent déjà à la désignation de leurs candidats, l’opposition plus ou moins crédible se signale par une léthargie. C’est le silence plat, mieux, le sommeil profond au sein de cette entité.

En effet depuis la tenue des élections législatives en décembre 2028 boycottées après plusieurs mois de crise politique et les élections locales auxquelles ils ont participé mais dont ils sont sortis laminés, les partis politiques de l’opposition semblent groggys. De l’Alliance nationale pour le changement (ANC) au Parti national panafricain (PNP) en passant par le reliquat de la Coalition de l’opposition, le Comité d’action pour le renouveau (CAR) et autres, c’est le calme plat. Même pas un mot sur les péripéties chaudes et les sujets sensibles de l’actualité sociopolitique, comme les simulacres de municipales organisées, l’accaparement par le parti au pouvoir des sièges d’élus locaux, le charcutage de la Loi Bodjona et les restrictions apportées aux libertés de manifestation, l’imposition de la taxe d’habitation aux populations dans un contexte de vie chère, le drame social des populations de Gbamakopé…

Au-delà de leur silence retentissent sur tout, ces formations politiques qui, quoi qu’on dise, constituent encore les espoirs du peuple pour l’avènement d’une hypothétique alternance en 2020, ne semblent pas encore s’organiser, ni individuellement ni collectivement pour cette échéance capitalissime de 2020. Et pourtant les enjeux de ce scrutin sont énormes et les chantiers à déblayer au préalable gigantesques. L’un d’eux, c’est la remobilisation des populations autour de la chose électorale.

C’était déjà constant depuis plusieurs années que les populations se démobilisent des élections, mais la consécration a été les dernières locales. Pour la présidentielle de 2020, il va falloir redonner goût aux Togolais à la chose électorale, déçus qu’ils sont notamment par l’issue de la lutte déclenchée en août 2017 et l’échec répété du combat politique pluridécennal. A tort ou à raison, il est reproché par les populations à l’opposition de ne s’être pas présentée aux locales unie. Par rapport à 2020, il y a donc la problématique de la candidature unique. « Avec tout ce qui s’est passé, si vraiment l’alternance reste l’objectif primordial, l’opposition devrait se lever très tôt pour remotiver les populations. Et il fallait choisir vite un ou des candidats, les leur vendre suffisamment (…) Ce serait suicidaire d’attendre le dernier moment pour se réveiller, parce que ce serait trop tard (…) », relève un observateur…

Tino Kossi

Source : Liberté

27Avril.com