Le chef de l’Etat a une curieuse manière à lui de distancer ses adversaires sur le terrain de la campagne électorale. Il est le seul à se mettre dans le starting-block et à démarrer sa course avant même que l’arbitre n’ait son sifflet à la main. Les manœuvres ont d’ores et déjà commencé avec un Conseil des ministres dans la poussière de Tabligbo et le vacarme d’une annonce de la construction de l’hôpital moderne Saint-Pérégrin à Agoè.
Le week-end a été bruissant de la pose de la pierre de la construction d’un hôpital moderne. Dans la foulée du tapage médiatique qui a entouré la manifestation vendredi dernier à Agoè, un nom a particulièrement retenu notre attention : Saint- Pérégrin. C’est le nom qui est donné à l’hôpital dit moderne en construction après plus de cinquante (50) ans de règne d’un seul régime. Pour voir plus clair sur ce saint qui, visiblement, n’est pas connu du grand public, nous nous sommes transportés sur le moteur de recherche Google.
Ce tour sur le web nous a permis de découvrir que Saint Pérégrin est vénéré dans l’église catholique pour ses miracles. Wikipédia nous renseigne que de son vrai nom Pérégrin Laziosi, Saint-Pérégrin est le saint patron des malades incurables. « Il est prié par les cancéreux et les sidéens », précise le moteur de recherche. Vivement que de l’hôpital moderne, sortent des miracles ! Mais en attendant, chez Faure Gnassingbé, la route menant aux miracles de Saint- Pérégrin, bifurque sur le chemin des intentions de la présidentielle de 2020. C’est ce qui transparaît des dernières sorties du chef de l’Etat dont les velléités de briguer un mandat de plus ne font plus ombre de doute.
En déclarant que les législatives frauduleuses du 20 décembre dernier sont une victoire d’étape, Atcholi Aklesso, Secrétaire exécutif du parti l’Union pour la République (UNIR) a annoncé les couleurs. Faure Gnassingbé sera le candidat UNIR en 2020. Le voilà à l’œuvre avec ses vieilles méthodes la délocalisation d’un Conseil des ministres à Tabligbo et l’annonce en fanfare de l’hôpital moderne. A chaque veille électorale, Faure Gnassingbé lance et inaugure des projets tous azimuts. C’est du vintage. On aurait aimé que l’ « esprit nouveau » réinvente la politique en présentant un bilan de ses différents mandats. Mais il ne le fera pas puisqu’on compte à son tableau bientôt quinze (15) ans de pouvoir, des promesses non tenues, des malversations financières qui accablent beaucoup de ses proches.
Depuis 2005 qu’il a accédé au pouvoir dans des conditions sanglantes, Faure Gnassingbé a pris l’habitude de maintenir au frigo beaucoup de projets. Et ce n’est qu’à l’approche des élections qu’il les sort, souvent à compte-goutte, pour séduire les pauvres populations. Et l’hôpital Saint Pérégrin est un exemple parmi tant d’autres. Depuis qu’il a été annoncé l’agrandissement de la route d’Adidogomé, les populations délocalisées le long de la voie attendent toujours son élargissement. Mais plus les mois passent, plus la voie se rétrécit en divers endroits par les nids-de- poule occasionnés par les eaux stagnantes. Au niveau du Bar « Madiba » jusqu’au poste de péage de Sanguera, les usagers ont l’impression d’emprunter un sentier.
Difficile de rouler librement sans slalomer. Pour la réhabilitation de cette route, il faudra attendre une autre élection comme ce qui se fait actuellement où Faure Gnassingbé est allé réveiller, sinon implorer Saint -Pérégrin pour ses miracles.
Mais que diantre Saint- Pérégrin vient faire dans la politique vintage de Faure Gnassingbé ! On dira que les saints sont là pour être invoqués. Mais ils peuvent servir d’autres intérêts.
Et comme le pouvoir se nourrit du sacré, le politique se mue facilement en syncrétiste pour assouvir ou parvenir à ses desseins. On comprend aisément que Saint-Pérégrin vient servir une cause électorale.
Source : L’Alternative
27Avril.com