Il aura pris tout le monde de court. Mais pour ceux qui maîtrisent son mode de fonctionnement, – la méthode Faure, inspiré des SAS – la surprise n’aura pas été de taille. Faure Gnassingbé, le Jeune-doyen, vient de chambouler, à quelques mois des prochaines législatives, son équipe gouvernementale. Le successeur de Gnassingbé Eyadéma a un rêve : rester indéfiniment au pouvoir. Pour y parvenir, il a un plan secret qu’il déroule : réussir une prochaine modification constitutionnelle et introduire le Septennat dans la Constitution togolaise. Il n’a pas enterré ce vieux projet. Il veut bien évidemment s’inspirer du Centrafricain Faustin-Archange Touadéra qui était récemment à Lomé. Lui, a déjà fait valider une nouvelle Constitution chez lui avec des recettes Wagnero-poutiniennes. Certains élus togolais sont mis dans le secret. L’enjeu des prochaines législatives de 2024 est de taille. Les opposants et la société civile sont prévenus…
Le Plan secret de Faure Gnassingbé
Derrière le remaniement ministériel au Togo se dessine un plan secret méticuleusement élaboré par le président Faure Gnassingbé, visant à consolider son pouvoir et à prolonger son règne au-delà de 2030. Ce plan stratégique comporte plusieurs étapes cruciales qui pourraient redéfinir l’avenir politique du Togo.
La première étape de ce plan consiste à assurer un contrôle absolu sur le Parlement togolais. Faure Gnassingbé reconnaît que pour réussir à modifier la Constitution en sa faveur, il doit s’assurer que le Parlement soit composé en majorité de députés favorables à ses intérêts. Les députés, conscients de cette manœuvre, auraient déjà été informés du plan présidentiel. Certains d’entre eux, vraisemblablement acquis à la cause présidentielle, ont été initiés au secret. Leur rôle serait d’empêcher toute tentative d’opposition ou de blocage au sein du Parlement.
Une fois le Parlement sous contrôle, le président Gnassingbé prévoit de lancer la deuxième phase de son plan : la modification constitutionnelle. L’objectif principal de cette réforme constitutionnelle serait d’introduire un septennat, c’est-à-dire un mandat présidentiel de sept ans au lieu de cinq. Cette extension de la durée du mandat présidentiel lui permettrait de rester au pouvoir jusqu’en 2030, et au-delà. La suppression de la limitation du nombre de mandats serait également envisagée, ouvrant la voie à une réélection illimitée. La stabilité et le contexte sécuritaire seraient mis en avant. Faure Gnassingbé serait le garant de cette fameuse stabilité au Togo.
D’ailleurs, le Titre XIII de la Constitution en son article 144 dispose : « L’initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment au président de la République et à un cinquième au moins des députés composant l’Assemblée nationale. Le projet ou la proposition de révision est considéré comme adopté s’il est voté à la majorité des quatre cinquièmes des députés composant l’Assemblée nationale. A défaut de cette majorité, le projet ou la proposition de révision adoptée à la majorité des deux tiers des députés composant l’Assemblée nationale est soumis au référendum. Le président de la République peut soumettre au référendum tout projet de loi constitutionnelle. Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie en période d’intérim ou de vacance ou lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire. La forme républicaine et la laïcité de l’État ne peuvent faire l’objet d’une révision ».
L’inspiration de Touadéra en Centrafrique
En Centrafrique, Faustin-Archange Touadéra a entrepris une révision constitutionnelle majeure, qui a abouti à l’adoption d’une nouvelle constitution. Cette constitution a non seulement prolongé la durée du mandat présidentiel de cinq à sept ans, mais elle a également levé la limite du nombre de mandats, permettant au président Touadéra de se représenter pour un nouveau mandat sans restriction.
La réussite de Touadéra dans la consolidation de son pouvoir grâce à cette réforme constitutionnelle a captivé l’attention de Faure Gnassingbé. La visite récente de Touadéra à Lomé aurait renforcé les spéculations sur un possible partage de stratégies politiques entre les deux dirigeants. Il est plausible que Touadéra ait discuté en privé avec Gnassingbé des tactiques et des approches qui ont fonctionné en Centrafrique.
Cette inspiration de Touadéra semble avoir renforcé la conviction du président Gnassingbé dans la faisabilité de son propre plan au Togo. Il est possible que les discussions avec Touadéra aient contribué à convaincre Gnassingbé que la révision constitutionnelle et la consolidation du pouvoir présidentiel étaient des objectifs réalisables, même dans le contexte politique africain actuel.
En fin de compte, l’inspiration tirée de l’expérience de Touadéra en Centrafrique est un élément clé du plan secret de Faure Gnassingbé pour s’accrocher au pouvoir au Togo. Cela souligne l’importance des relations politiques internationales et des influences entre dirigeants africains, et suggère que l’avenir politique du Togo pourrait être marqué par des manœuvres politiques complexes inspirées par des réussites similaires sur le continent.
Qui pour s’opposer à ce plan ?
Face à cette menace pour la branlante démocratie togolaise, les opposants ainsi que les acteurs de la société civile sont maintenant appelés à agir. Ils doivent mettre de côté leurs différences et unir leurs forces pour s’opposer à ce plan secret. Les prochaines élections législatives revêtent une importance cruciale, car elles détermineront si le Parlement reste sous le contrôle du président Gnassingbé ou si une opposition forte peut y faire entendre sa voix. Les opposants doivent rester vigilants, mobilisés, et prêts à défendre les principes démocratiques du pays.
En somme, derrière le remaniement ministériel au Togo se cache un plan secret visant à pérenniser le pouvoir du président Faure Gnassingbé. Cette stratégie repose sur la caporalisation du Parlement, la modification constitutionnelle et l’inspiration de l’exemple de Touadéra en Centrafrique. L’avenir politique du Togo dépendra de la capacité des opposants à faire obstacle à ce plan et à protéger les fondements de la démocratie togolaise.
Le contexte régional et même le récent changement au Gabon bien qu’importants, ne semblent ébranler Faure Gnassingbé qui ne veut en aucun cas lâcher l’héritage familial. Les semaines, mois, années à venir seront déterminants.
R. K.
Source : Liberté du 12 septembre
Source : 27Avril.com