Togo : Pourquoi l’opposition doit éviter le piège Alpha Condé / 13 chefs d’Etat de la CEDEAO veulent le depart de Faure

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La crise politique qui secoue le Togo et qui s’est accentuée depuis les événements du 19 août, avec les répressions qui s’ensuivent, préoccupe énormément les chefs d’Etat de la CEDEAO même si officiellement aucun d’entre eux n’a pris la parole pour soutenir ou désavouer un camp ou l’autre. Le Benin et le Ghana sont très inquiets de l’afflux des réfugiés sur leurs territoires si la situation se dégrade. Le voisin de l’Ouest a déjà accueilli plus de 500 togolais qui ont fui les répressions sauvages des militaires dans la ville de Mango au Nord du Togo. La CEDEAO dont Faure Gnassingbé est le président en exercice et son beau-frère Marcel de Souza, le président de la commission semble totalement discréditée.
 
Le groupe informel des 5 chefs d’Etat annoncé ne semble pas non plus faire l’affaire du pouvoir de Lomé à cause du profil d’exemplarité de ses membres en matière de respect de la démocratie et surtout de l’alternance. Du coup, Faure Gnassingbé se lance dans une course contre la montre. Essayer de rallier à sa cause certains chefs d’Etat de la région qui pourraient lui servir de bouée de sauvetage au cas où la situation tournait au vinaigre. Cette pêche au soutien l’a d’abord conduit au Niger chez Mahamadou Issoufou qui, selon plusieurs sources, n’entretient pas une relation chaleureuse avec Lomé. Ensuite en Guinée Conakry chez Alpha Condé qui a les mêmes velléités que lui, c’est-à-dire modifier la Constitution pour s’offrir un troisième mandat, ou au pire des cas, placer son fils. Ensuite à Bamako chez Ibrahim Boubacar Keita qui manœuvre aussi pour ne pas quitter le pouvoir. Face à la mobilisation contre son projet de référendum, il s’est résolu à le ranger pour l’instant dans le tiroir. Enfin, chez MackySall qui a déclaré deux jours avant même de recevoir Faure Gnassingbé ceci : « Je suis dans la logique de ne pas dépasser deux mandats ». Une piqure de rappel avant l’arrivée de celui qui est en quête de soutien pour un pouvoir à vie.
 
Faure Gnassingbé était au pouvoir avant l’arrivée de Boni Yayi, Ellen Sirleaf Johnson et Alassane Ouattara. Le premier a déjà accompli ses deux mandats et s’occupe d’autre chose. La seconde quitte le pouvoir la semaine prochaine et Ouattara passera la main en 2020. Seul Faure Gnassingbé compte y rester. Une véritable anomalie dans une région en plein essor démocratique.
 
Selon des informations de plusieurs sources diplomatiques, des 15 chefs d’Etat de la CEDEAO consultés sur la crise politique au Togo 13 estiment de manière formelle que Faure Gnassingbé doit quitter le pouvoir au terme de son mandat en 2020 pour éviter que son pays et toute la région ne basculent dans une instabilité. Un est resté vague et le dernier, Alpha Condé, a laissé transparaitre un soutien au régime de Lomé.
 
Pourquoi l’opposition doit éviter le piège Alpha Condé
 
Après la visite de Faure Gnassingbé à Conakry, Alpha Condé a pris langue avec certains responsables de la coalition de l’opposition togolaise, les invitant à se rendre à Conakry ce mardi. Cette démarche du président de l’Union Africaine a été prise comme un acte de bonne foi; mais très vite, certains y ont décelé un piège. Le président guinéen qui s’active à modifier la Constitution de son pays pour s’offrir un troisième mandat et continue de réprimer son opposition, ne pourrait en aucun prendre le parti de l’opposition togolaise. Il ne roulera que pour Faure Gnassingbé. Mieux, il pourra semer la zizanie au sein de la coalition, comme Blaise Compaoré avait l’habitude de le faire en scellant des deals avec certains acteurs sur le dos du peuple. Du coup, au sein de la coalition, on est en mode prudence, surtout que les populations et la diaspora veillent au grain et surveillent comme du lait sur le feu certains responsables politiques.
 
Le refus de la coalition de se rendre à Conakry ne peut que compliquer la situation de Faure Gnassingbé qui, certainement, comptait sur son nouvel ami et allié pour entrainer l’opposition dans une voie sans issue, pendant que lui, il essaye de gagner du temps. Les manifestations annoncées pour cette semaine et celles de la fin du moins d’octobre vont accentuer la tension dans le pays. Faure Gnassingbé est bien seul, mais compte résister contre vents et marées. Jusqu’à quand ?
 
L’ALTERNATIVE
 

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