Faure Gnassingbé s’est rendu mardi à Conakry, auprès de son homologue guinéen sans crier gare, si on s’en tient au commentaire d’un site d’information guinéen. Selon le site de propagande du régime republicoftogo, « Les deux hommes ont évoqué les questions d’intérêt sous- régionales et la situation politique au Togo caractérisée par un débat tendu autour de la révision constitutionnelle ». Depuis plus de 2 mois, le régime autocratique cinquantenaire des Gnassingbé est secoué par une vague historique de contestation des populations du Sud au Nord qui exige son départ immédiat du pouvoir.
Retranché dans son palais et plongé dans un mutisme, celui qui s’est emparé du pouvoir en 2005 dans un bain de sang sans précédent, n’a d’autres solutions à offrir que la répression aveugle. Plus le temps passe, plus les témoignages des exactions commises par les militaires dans les villes de Bafilo, Sokodé et Mango font froid dans le dos, de même que les images chocs qui font le tour du monde.
Togolais de l’intérieur et ceux de la diaspora, l’homme cherche depuis quelques jours à desserrer l’étau, à la faveur du répit observé sur le terrain. Il a été aperçu à Niamey la semaine dernière, à la conférence des premières dames de la CEDEAO. Il s’est ensuite rendu le mardi à Conakry, pour rencontrer Alpha Condé, président en exercice de l’Union Africaine (UA), qui nourrit lui aussi des velléités de modification de la constitution de son pays pour s’offrir un troisième mandat en 2020 alors qu’il aura 82 ans. Les oiseaux de même plumage volent toujours ensemble, dit-on souvent.
Les tripatouilleurs de constitution pour un troisième voire quatrième mandat ne peuvent que faire route ensemble. En se rendant précipitamment chez Alpha Condé qui souffre de la même boulimie du pouvoir, Faure Gnassingbé cherche un allié de taille dans son refus systématique de quitter le pouvoir. C’est aussi un moyen pour lui de contourner le groupe des 5 chefs d’Etat mandaté par le Secrétaire Général des Nations Unies dont les profils et le parcours politique ne correspondent pas à sa volonté de s’éterniser au pouvoir.
Le voyage en Guinée Conakry était encore plus intriguant, lorsqu’on sait que le locataire du palais de la Marina avait à bord de son avion un passager clandestin, en la personne de son beau-frère Marcel De Souza, Président de la Commission de la CEDEAO, de moins en moins prolixe depuis un certain temps. La CEDEAO est devenue pratiquement un établissement « Gnassingbé et allié », sinon comment peut-on comprendre que le Président de la CEDEAO contesté dans son pays par les populations, embarque dans son avion le Président de la Commission de la même institution, qui se trouve être son beau-frère, pour aller discuter des menaces qui planent sur son régime avec le Président de l’UA ? Voilà comment les chefs d’Etats de l’Afrique de l’Ouest ont réduit la CEDEAO en une institution de pacotille dont les principaux organes de décision se retrouvent comme par hasard aux mains d’une même famille.
En jouant l’axe Conakry, au détriment par exemple d’Accra ou d’Abidjan où, en 2015, il avait pris des engagements pendant le hold up électoral, avec l’appui d’Alassane Ouattara qu’il n’a jamais d’ailleurs tenu, Faure Gnassingbé veut impliquer son allié dans le tripatouillage constitutionnel, Alpha Condé, dans la crise togolaise, avec l’espoir de sauver son régime par un accord bidon avec la classe politique. Il n’est donc pas exclu que le néo-tripatouilleur de Constitution en Guinée, pour un troisième mandat en 2020 du haut de ses 82 ans, cherche à rencontrer la coalition des 14 partis de l’opposition.
Il revient à l’opposition, qui a par mille et une fois signé des compromis qui se sont révélés des compromissions, d’éviter de tomber dans le jeu de Faure Gnassingbé et son allié Apha Condé dont le seul but est d’affaiblir la contestation et reprendre en main la situation
Source : L’Alternative No.648 du 13 octobre 2017
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