Exigé par le ministère de la Sécurité et la Protection civile, le port obligatoire de casque pour les passagers à moto est entré dans sa phase de sensibilisation en début de cette semaine.
Après la carotte, le bâton
Après l’opération « feux tricolores » dont le but est de « forcer » les usagers togolais au respect des signalisations lumineuses, l’autre tactique du Général Yark Damehame pour freiner le nombre trop élevé des accidents de circulation, est le port obligatoire des casques pour les passagers et conducteurs des engins à deux roues.
Depuis le lundi 14 août 2023, cette décision du ministre Damehame est entrée dans sa phase active avec la sensibilisation des usagers. Des forces de l’ordre et de sécurité, appuyées par des agents de la Direction de la Sécurité Routière (DSR) sont en pleine sensibilisation. A Lomé, ils sont présents dans presque tous les points de contrôle et sous les feux tricolores. Après l’approche pédagogique, les sanctions vont tomber.
« Nous faisons un effort pour les amener à comprendre le pourquoi nous sommes là, le pourquoi le port du casque du passager est important. Nous avons un temps pour sensibiliser, quand nous allons nous rendre compte que la majorité des usagers de la route sont sensibilisés, nous ferons face à ceux qui seront récalcitrants », a confié Derman Séidou, Maréchal des Logistiques/DSR, aux confrères de Direct7.
Un seul casque passager pour tout le monde ?
Si des Togolais apprécient l’initiative puisque cela concourt à leur sécurité sur la route, certains estiment qu’il faudra leur donner un peu plus de temps pour se conformer à cette nouvelle règle.
Pour des questions hygiéniques, ceux qui prennent souvent les zémidjan (les taxis-moto) préfèrent utiliser leur propre casque. « Avec cette mesure, le gouvernement doit nous donner un peu de temps pour nous permettre d’acheter notre propre casque. Je prends souvent le taxi-moto, et il m’est absolument impossible d’utiliser le même casque que les autres passagers. Avec le nombre de maladies qu’il y a actuellement, je ne vais jamais prendre ce risque », a confié Solange, la trentaine, interrogée mardi dans les encablures du marché de Bè à Lomé.
Le député Gerry Taama est de cet avis. Dans une publication sur sa page Meta (Facebook), le président du Nouvel Engagement Togolais (NET) interpelle sur le fait que les passagers des motos taxi ne peuvent pas utiliser le même casque passager.
« Cette décision, au-delà de ses bienfaits, va poser un problème technique pour les habitués des zed (zémidjan, ndlr). Pour des questions d’hygiène, les passagers des motos taxi ne peuvent pas utiliser le même casque pour tout le monde. Il y a des gens qui ont de poux. Il existe dans le commerce des sous casques en plastique ou en filet qui permettent de se protéger la tête quand on prend le casque d’autrui ? Y en a a-t-il dans le commerce actuellement à Lomé, je n’en sais rien. Il aurait été bien de s’assurer qu’il y en a. Autrement, tous les passagers de taxi moto seraient obligés de se balader avec un seul casque. Pas certain que cela soit pratique », a-t-il réagi.
Le casque à prix d’or
Il faut noter qu’au Togo, plus précisément à Lomé, les prix des casques varient entre 8000 à 20 000 F CFA, voire au-delà. C’est selon les qualités. « Aujourd’hui, il n’y a même plus de casque à 5000 F CFA. Les casques les moins chers sont à 8 000 F CFA. Mais encore faut-il voir la qualité. Si vous voulez un casque d’une qualité acceptable, vous devez au moins débourser 15 000 F CFA », nous renseigne Jean de Dieu, un mécanicien à deux roues.
Il ajoute: « La décision du gouvernement pose problème. D’abord, il ne donne pas assez de temps aux usagers. En plus, le casque, il protège certes, mais n’est pas la source des accidents de circulation. Moi je suis mécanicien, et je parle en terme technique. A part le fait qu’il n’y a pas de permis de conduire pour les motos à deux roues, il faut voir l’état des motos. Souvent les motos de zémidjan n’ont pas de frein. D’autres conduisent leur moto sous l’effet des substances psychoactives. (…) Il faut vraiment que le gouvernement revoie sa copie ».
Avec la crise actuelle, et vu qu’il est très difficile aux Togolais de prendre deux repas par jour, se procurer un casque juste pour prendre la moto et faire de simple course en ville, ce sera pour certains un véritable casse tête chinois. Les passagers de taxi-moto n’ayant pas les moyens seront obligés de se partager le même casque passager.
Source : icilome.com