Togo: polémique autour de l’évangélisation dans les rues

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IMAGE ILLUSTRATIVE; Crédit Photo: ar.pinterest.com

Des chrétiens évangéliques et des Témoins de Jéhovah annoncent la « Bonne nouvelle » dans les carrefours populaires de Lomé et de plusieurs villes du Togo, parfois à l’aide de mégaphones. La Croix Africa a mené une enquête sur cette forme d’évangélisation et la polémique qu’elle suscite.

Jeudi 23 novembre, il est 9 heures à l’entrée du Campus-Nord de l’Université de Lomé. Daniel Anim et son épouse discutent avec des visiteurs sur la religion et les questions existentielles devant une mini-bibliothèque de rue qu’ils ont installée. « Nous sommes des Témoins de Jéhovah et notre service est bénévole. Nous témoignons sans utiliser de microphone dans la rue », indique Anim.

À ses côtés, son épouse s’entretient avec des étudiants à qui elle propose gratuitement des livrets thématiques disposés sur une étagère. « Nous allons surtout dans les maisons pour proposer des enseignements bibliques. Mais comme il est souvent difficile d’y trouver des gens disponibles, nous avons opté pour une présence dans la rue », explique-t-elle.

Ces nouvelles formes d’évangélisation ne se font pas seulement à Lomé. À Kpalimé, une ville située à 120 km au nord-ouest du pays, Jean Agnala et ses pairs évangéliques de l’« Église du Christ » annoncent la « Bonne nouvelle » à domicile et dans les rues.

Avec une équipe de son Église, Jean Agnala a animé, fin octobre, une tournée d’évangélisation de trois jours dans les localités d’Agou, d’Alikpodzi, d’Avétonou et de Président-Kopé. « Dans chaque localité où nous nous déplaçons, nous faisons de l’évangélisation porte à porte, puis dans la soirée, nous projetons un film sur la foi chrétienne, suivi de commentaires et de débats », indique-t-il.

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Nuisance sonore

Au Togo, l’évangélisation dans les rues suscite des polémiques, notamment quand elle se fait à l’aide de mégaphones.

Cephas Nyemanta, responsable de « l’Église du Christ », estime que le respect de la loi devrait être le mot d’ordre pour toute prière publique. « Avant toute campagne, nous prenons les autorisations nécessaires et demandons aux fidèles de respecter la tranquillité des gens et d’arrêter de prêcher en mi-journée, explicite-t-il. La sonorisation n’est utilisée que dans les lieux de rassemblement autorisés. »

« L’évangélisation dans la rue est une bonne chose, car elle permet d’annoncer la Bonne Nouvelle, affirme quant à lui, Yves-Prosper Salokoffi, un fidèle chrétien. Mais quand la voix ou le son produit au mégaphone devient insupportable, il y a violation de droits », dénonce-t-il.

« Le message est mal perçu par les passants qui n’écoutent qu’une bribe de la prédication, le temps d’un passage ou d’un bref arrêt aux feux tricolores », renchérit un chauffeur de taxi-moto qui se plaint également du bruit des mégaphones.

Bediani Belei, directeur des cultes, interrogé par La Croix Africa, indique que la Constitution togolaise reconnaît la liberté religieuse et de culte. « Mais quand les prêches d’un croyant dérangent le voisinage, il y a nuisance sonore », ajoute-t-il.

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Philippe, résident au quartier Dzifa-Kpota à Lomé, confirme l’existence de telles pratiques. « Parfois, à 4 heures du matin, nous sommes réveillés par un prédicateur ambulant qui se sert d’un microphone ».

Bediani Belein précise, en outre, qu’il existe un numéro d’appel gratuit, le 115, pour signaler cela. « En cas de plainte pour nuisance sonore, la police mène une enquête et interpelle le contrevenant qui s’expose aux sanctions prévues par le Code pénal (1) », conclut le directeur des cultes.

(1) Article 536 : Toute personne qui, en dehors des fêtes publiques et usages, fait un tapage injurieux ou nocturne, est punie d’une amende de 100 000 à 500 000 francs CFA.(153 à 770 €)

Source : www.togoweb.net