Le RPT/UNIR qui commande des messes, implore l’assistance de Dieu sur le processus électoral et pour la protection et la gagne de son « champion ». C’est ce à quoi on a assisté le week-end. Ce n’est pas la première fois que le pouvoir recourt au Tout-puissant. Mais cela fait tout de même cocasse lorsqu’on voit le type de gouvernance offerte par le régime en place et la méchanceté à outrance dont il fait preuve à l’égard des populations, le peuple de Dieu, depuis plus d’un demi-siècle…
Le RPT/UNIR implore Dieu sur son « champion »
La journée de samedi a été très divine. Dieu a été abondamment imploré par les acteurs politiques. C’est ce jour qu’a choisi Mgr Philippe Fanoko Kpodzro pour investir son candidat unique de l’opposition choisi … Agbeyome Kodjo, comme un sportif allant représenter le Togo dans une compétition à l’étranger, s’est vu remettre symboliquement le drapeau togolais en signe d’envoi en mission ou plutôt de victoire avant l’heure. Cette scène a suscité des commentaires sur les réseaux sociaux.
Dieu n’était pas seulement Kpodzro-Agbeyome. Dimanche était jour d’imploration tous azimuts de Dieu par le RPT/UNIR. Prier pour une présidentielle apaisée et implorer la bénédiction et la protection du Tout-Puissant sur son « champion » Faure Gnassingbé, candidat pour un quatrième mandat au pouvoir ; ce sont là les motivations de messes catholique à la paroisse Notre Dame de la Rédemption de Bè-Klikame, protestante à la paroisse d’Apégame et du culte musulman à la FOPADESC à Agoènyivé.
Le Secrétaire Exécutif Atchole Aklesso, le plus sage (sic) des militants Charles Kondi Agba, plusieurs autres cadres dont Solitoki Esso, bref la crème des dirigeants du parti au pouvoir était au rendez-vous, notamment à la messe catholique, faisant preuve de piété absolue, certains avec bougie en main. Il ne manquait que le « Messi » lui- même pour qui ces célébrations sont en fait spécialement commandées afin qu’il triomphe sans coup férir, allongeant ainsi la durée de vie du régime et du pillage à ciel ouvert des ressources nationales par la minorité, pour que la chose soit complète.
« Nous avons demandé cette messe pour confier notre pays au Créateur en cette période électorale et implorer la bénédiction et la protection divines sur notre champion, Faure Essozimna Gnassingbé», a déclaré le Délégué National du Mouvement des Sages Unir, Charles Kondi Agba. « Nous sommes venus rendre grâce à Dieu afin que les prochaines élections se passent dans la paix, car avec lui, rien n’est impossible », a renchéri Raymonde Kayi Lawson de Souza, Déléguée Nationale du Mouvement des Femmes Unir.
La méchanceté dans la gouvernance UNIR
Ce n’est pas la première fois que le RPT/UNIR recourt à Dieu et ce ne sera sans doute pas la dernière. En plus, tout le monde a le droit de l’implorer, même le plus grand pécheur du monde. C’est d’ailleurs écrit dans sa parole. Mais n’empêche que cela fait un peu cocasse d’entendre que le RPT/UNIR implore Dieu le Tout-Puissant pour cette élection, surtout la protection et la victoire de son « champion ». « Deux choses incompatibles », caricature un concitoyen en appréhendant les rapports entre les deux entités. Et ce n’est pas farfelu lorsqu’on y pense, avec tous ses neurones fonctionnels.
En effet, de toute son existence cinquantenaire, le RPT/UNIR a toujours fait preuve de méchanceté dans sa gouvernance à l’endroit du peuple togolais. Sur le plan politique, tous les droits des populations sont bafoués, les droits de l’Homme violés, les injustices et l’arbitraire érigés en norme…L’alternance que les populations sont en droit d’espérer après un demi-siècle de règne du même clan leur est refusée, avec Faure Gnassingbé qui candidate pour un 4e mandat consécutif au pouvoir. Et lorsqu’ils osent réclamer, c’est la force brute qui leur est opposée. La vie des pauvres citoyens n’a aucun sens chez les gouvernants en place. On les tue pour tout et rien, même les enfants se voient tirer dessus et abattre comme des chiens…Aucune pitié pour le peuple de Dieu, affamé à volonté. Mais pendant ce temps, eux, les gouvernants disposent des ressources nationales comme bon leur semble, sous la protection de celui-là même au profit de qui le Créateur est imploré.
Le pouvoir en place est manifestement l’incarnation de la méchanceté dans la gouvernance. On a affaire à des gens sans cœur. Mais ce sont eux qui viennent implorer la protection de Dieu, notamment pour la victoire de leur « Messi ». Simplement cocasse.
Il y a même de l’hypocrisie dans cette affaire. « Nous allons à une compétition et nous voulons qu’elle se déroule dans la paix ». Ces propos viendraient d’un opposant ou de tout autre acteur politique ou de la société civile ne détenant pas les rênes du pouvoir, qu’ils auraient tout leur sens. Mais là, ils émanent de Charles Condi Agba, un cadre du régime en place qui a toutes les manettes en main et conduit le processus électoral à sa guise.
La paix tant implorée à Dieu ce dimanche, sur fond de harcèlement du bon Dieu a des fondements. C’est un secret de Polichinelle, ce sont le manque de transparence et d’équité, la triche, la fraude, le hold-up qui alimentent la frustration et la contestation légitime des populations pour défendre leurs votes, injustement assimilées à la violence par le pouvoir, la répression militaire et son lot de morts. D’ailleurs le pouvoir a commencé à poser les jalons de ce qu’il entend faire au soir de l’élection, avec les brimades sur les militants du Parti national panafricain (PNP) et la terreur imposée aux populations des localités à eux assimilées comme Sokodé, Bafilo, Agoènyivé, sous le couvert de l’opération anti-insurrection. C’est drôle de venir prétendre implorer Dieu dans cette affaire après avoir crée les germes de tout ça déjà…Il suffit d’organiser le processus dans la clarté, le consensus, avec des règles équitables, respecter le verdict des urnes, éviter les fraudes et le hold-up et le tour serait joué…Le reste n’est qu’hypocrisie…
Tino Kossi
Source : Liberté
Source : 27Avril.com