Ses convictions sont claires. Le Togo son pays de naissance, celui qu’il a chevillé au corps, ne peut rester dans cet état végétatif, dans cette spirale du jamais achevé, dans cet esprit d’isolement à peine voilé, dans cette léthargie économique et dans cette déliquescence sociale et morale. Le Togo, petit pays rectangulaire niché sur une côte de l’Océan Atlantique, a des potentialités énormes et devrait, s’il est sainement administré, être le petit dragon de la zone ouest-africaine, dit-il.
Pour donner une lettre de noblesse à ce rêve de transformation de son pays, Pierre Ekué Gamessou Kpodar ne trouve pas une autre solution que de se porter candidat à la magistrature suprême, la meilleure voie pour réussir cette catharsis dans un paysage politique dans lequel les acteurs s’entendent sur tout mais jamais sur l’essentiel, s’entendent pour clairement dire qu’ils ne vont jamais s’entendre pour mettre un terme à la misère ambiante qui se lit sur les visages, à cette paupérisation des couches sociales, à cette prédation des ressources nationales et à cette oligarchie qui, sans complaisance, pille le bien commun.
S’il est vrai que le candidat Kpodar n’est pas connu du grand public au Togo, il n’est pas moins vrai qu’il a toujours été au cœur des enjeux politiques, des actes politiques qui ont tenté et qui tentent de provoquer une nouvelle forme de gouvernance axée sur la redistribution équitable des richesses du pays, un ancrage démocratique fort basé sur la séparation effective des pouvoirs, sur l’enracinement de l’État de droit, sur une justice humaine où le justiciable ne sera pas lésé ou condamné au regard de son positionnement politique, religieux, social ou économique, où l’administration restera proche des administrés, bref construire un État moderne.
… Son parcours parle à sa place. Économiste chevronné ayant passé une bonne partie de sa carrière à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (BCEAO), Ekué Kpodar est un spécialiste de la stabilité monétaire en Afrique, expert dans le secteur financier et de la croissance durable, de la macroéconomie et dans l’économie du développement avant d’être sollicité à Washington au Fonds monétaire international (FMI) pour œuvrer en politique et programmation financières, aidant ainsi au renforcement des capacités sur le continent noir. D’ailleurs à ce titre il a été chargé par l’institution financière pour le représenter au Cameroun jusqu’en 2012.
Ce sont ces expériences qu’il veut mettre au service de son pays très endetté. Son ambition est de lutter contre la corruption afin de mobiliser les ressources qui disparaissent illégalement et qui enrichissent une minorité, des ressources qui peuvent être mises à la solde du développement.
Homme nouveau dans le sérail, observant tout ce qui se passe dans son Togo depuis des années, la soixantaine révolue, Kpodar entend se distinguer de l’actuelle classe politique en apportant des solutions novatrices et pragmatiques dans la résolution de tous les conflits politiques qui jalonnent le pays depuis 1990 et qui freinent son émergence économique. Il entend restaurer l’État et son autorité, rassembler autour d’un pacte national qui permet un essor sociopolitique et économique, œuvrer dans un cadre de dialogue permanent afin que les rancœurs soient tues poussant chaque fils et fille à apporter son génie pour la refondation de la Nation. Ambitieux programme.
S’il est évident qu’au regard des différentes frustrations, désillusions et déceptions qui démobilisent les aspirants à l’alternance et au changement au Togo, il est tout aussi clair que la tâche sera ardue pour réaliser le rêve qui anime l’ancien économiste et fonctionnaire international dont le plus grand handicap demeure son impopularité. Mais il entend corriger cette insuffisance en faisant un programme de proximité, en liant attache avec ses compatriotes des villes comme des compagnes afin de mieux se faire connaître.
Mais comme disent ses partisans, le fait d’être nouveau sur le terrain peut être un atout si on sait que les anciens leaders politiques connus sur le terrain depuis presque 30 ans ont tous vidé leurs cartouches et n’ont plus rien d’innovants à proposer. Et ce ne sera pas le parti présidentiel UNIR qui sera pris comme la providence, parti qui, sans discontinuer, règne en maître depuis 53 ans déjà sur le Togo.
Anani Sossou
27Avril.com