L’épineux débat sur le Pétrolgate est toujours d’actualité. Chaque jour avec un nouveau rebondissement. Un nouvel élément. Le dernier en date est l’opérationnalisation annoncée d’une réforme dans le secteur de la commande. Et l’acte 1 enregistré depuis quelques jours est le changement de l’interlocuteur principal avec les traders. D’ores et déjà surgissent, dans les esprits critiques, des questions non moins pertinentes.
L’affaire de détournements de 500 milliards de FCFA dans la commande publique au Togo, déclenchée en juin 2020, continue son rythme de feuilleton. Malgré les artifices judiciaires tendant visiblement à étouffer la presse critique, à l’origine de l’affaire, cette opération vile n’aura non plus prospéré. Alors que le confrère L’Alternative se voyait condamner pour avoir révélé les dessous d’un scandale d’État, un rapport provisoire d’audit, recommandé par le gouvernement et conduit par l’Inspection Générale des Finances (IGF) et la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique (DGTCP) aura permis encore de mieux situer les responsabilités. Noms visages et butins à l’appui.
L’heure de la transition…
L’on en était là à assister aux agissements des mis en cause par les caisses de résonance acquis à leur solde, quand surgit un nouvel élément. En effet, au travers d’une lettre du Ministre en charge du Commerce, en date du 25 mars 2021, Kodjo Adédzé, par ailleurs Président du CSFPPP, informait le Directeur Afrique de la Société VITOL S.A de la mise en œuvre, par le gouvernement, d’une réforme du secteur de l’approvisionnement en produits pétroliers au Togo.
Kovi Adanbounou, sur l’estrade
« Monsieur le Directeur, J’ai l’honneur de vous informer que, suite à la réforme du secteur de l’approvisionnement du Togo en produits pétroliers, la Société Togo Négoce Pétrole (TNP) est désormais chargée de sécuriser les relâches et paiements des produits pétroliers livrés par les « Traders » dans le cadre des appels d’offres », précise Adédzé Kodjo, dans sa note adressée à Vitol S.A. Plus loin, le Ministre Adedze Kodjo, dans sa correspondance N°0713/CICL/CAB du 25 Mars 2021 explique :« En effet, la Société Togo Négoce Pétrole est une société de droit privé enregistrée conformément aux dispositions de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA)». Et de conclure, «Je vous invite par conséquent à prendre attache avec la personne indiquée en vue d’une transition rapide et sans problème afin d’assurer un approvisionnement régulier aux consommateurs togolais ». Cette personne dont référence est faite n’est autre que Kovi Adanbounou.
Ainsi, celui qui fait office de Directeur Général de Antaser, rôle qu’il cumule avec celui de Maire de la Commune Agoe 1 a donc la charge de conduire, le temps de la réforme, le processus d’approvisionnement en produits pétroliers au Togo.
La complexe équation à résoudre
À l’analyse, il convient de saluer l’intérêt affiché du gouvernement qui agit au travers du ministre Adedze. Visiblement, le chef de l’Etat, semble résolument déterminé à voir clair dans ce dossier. Ce, malgré l’adversité et les ambages apparentes des mains dans le sac. Toutefois, l’on ne saurait occulter certaines évidences que partagent unanimement nombre d’observateurs.
En effet, la question se pose aujourd’hui de savoir si la désignation de Kovi Adanbounou dont le casting paraît curieux constitue t-elle la solution aux manquements soulevés dans ce dossier. Autrement, la mise en œuvre d’une telle réforme permettra t-elle de situer les togolais sur la suite à donner aux délinquants économiques qui se sont jusque-là éperdument sucré sur leur dos ? Sommes-nous encore face à cet exercice habituel qui consiste à déplacer le problème et encourager ainsi l’impunité, l’autre mal qui gangrène la gouvernance de Faure Gnassingbé ? Encore que ce dernier, Kovi Adanbonou loin d’un procès, encore moins d’un jugement de valeur de sa personne, est actuellement à la tête d’une société qui fait polémiques. Installée en 2015 la societé Antaser Togo est une filiale d’Antaser Group International. Elle s’est investie d’assurer le suivi électronique des cargaisons des navires du port de chargement au port de destination. Au final, elle perçoit 25.000 F sur chaque véhicule importé et 100.000 F sur chaque conteneur. Cette société dont le rôle est des plus curieux sinon que sans utilité concrète dans le suivi à destination des véhicules importés, est en fait un business d’un petit frère du chef de l’État et de Emmanuel Tchouko, un autre baron du système. Antaser, selon une source, cumule un chiffre d’affaire de près de 25 milliards chaque année.
Qu’à cela ne tienne, si on veut tant opérer des réformes dans la commande du pétrole, il revient au gouvernement de prouver la sincérité de sa démarche par des actes forts et concrets. Tout compte fait, le peuple attend. Et il ne perd rien d’attendre d’ailleurs. Mais en attendant, Kovi Adanbounou devra se résoudre à faire stabiliser les prix des produits à la pompe qui ne devront connaître une hausse à la pompe. Et ce, pour longtemps encore. Une manière de réparer, en partie, le préjudice aux contribuables togolais, longtemps abusés.
Source : Fraternité / fraternitenews.infope
Source : 27Avril.com