Démarré le 19 août, le procès ‘‘pétrolgate’’ qui oppose le fils Adjakly au journal l’Alternative s’est poursuivi le 16 septembre dernier. S’il est constaté une certaine célérité affichée dans la conduite du dossier, elle contraste, par contre, avec la lenteur qui caractérise l’audit préalablement commandité par le gouvernement. Ceci, aux fins de situer l’opinion sur la mafia opérée jusque-là sur la tête du citoyen. Une situation bicéphale qui, à l’analyse, repose un débat de fond.
De renvoi à renvoi…
C’est un procès dont le dénouement est très attendu des togolais. Impatients, les consommateurs veulent bien savoir où sont passés les 500 milliards FCFA de malversations dans la commande du pétrole au Togo tels que révélés par le journal l’Alternative. Mais visiblement, ce procès semble mal partir. Le cours des évènements donne l’impression que tout se fait pour expédier, à la va-vite, ce procès qui risque de mettre à nu, plusieurs noms qui y seraient impliqués.
En effet, après un premier renvoi pour faute de paiement de caution par la partie plaignante, ce procès a connu, la semaine dernière, son second renvoi. Les deux parties se donnent rendez-vous le 07 octobre prochain. À la base, un vice de procédure et de forme démasqué par le conseil de la partie civile qui, à en croire Me Célestin Agbogan. Lequel dit constater une volonté manifeste de vite expédier le dossier. Un plan de liquidation expresse du dossier qui amène à se demander ce que l’on voudrait bien cacher aux togolais.
Des signes qui ne trompent pas
Cette question vient attester indubitablement la thèse d’acharnement contre un journaliste qui n’a fait que son travail. Un travail qui tend, si tout est fait dans les règles de l’art, à lever le voile sur un vaste réseau de malversations. Des hommes et femmes qui, tapis dans l’ombre, sous le sceau du Comité de suivi des fluctuations des prix des produits pétroliers (Csfpp), détournent et pillent les deniers publics des années durant. 400 à 500 milliards de FCFA, selon le confrère l’Alternative dans un fumant dossier finalement très compromettant pour nombre de personnalités. Lesquelles, à en croire des indiscrétions, feraient actuellement feu de tout bois pour étouffer l’affaire. En témoignent les derniers développements de l’affaire, avec des signes qui ne trompent point.
En effet, plusieurs semaines après l’annonce de son ouverture, l’audit commandité par le gouvernement tarde à donner ses résultats. Tout est parti de l’annonce faite en juillet dernier par Komlan Kondo, le nouveau coordonnateur du Csfpp. Selon ce dernier, le ministre en charge du commerce « a donné des instructions » pour que des audits soient menés « afin de rétablir la vérité ». Mais depuis lors, plus rien ne filtre. Pendant que l’attente se fait grande, le dossier est passé devant les députés. Malheureusement, contrairement à l’attente de nombre d’observateurs, le passage du ministre Kodzo Adedze – pourtant commanditaire de l’audit- devant le parlement aura été finalement sans grand intérêt, car ayant plus embrouillé qu’instruit.
À quand les résultats de l’audit?
C’est bien là, l’ultime question que se posent nombre d’observateurs. Mais joint par notre rédaction pour en savoir plus, le ministre a plutôt avancé la thèse d’un «dossier sensible» dont le traitement nécessite plus de rigueur. Vague !
Qu’à cela ne tienne, cette léthargie qui caractérise l’audit est encore plus curieuse en ce sens qu’il s’agit, dans le cas d’espèce, d’une démarche nationale que conduisent des acteurs nationaux et non un dossier international. Cela étant, l’audit ne devrait normalement pas prendre autant de temps. Mais c’est tout le contraire que l’on observe sur le terrain. Plus paradoxal encore que cela puisse paraître, le contrôle bien que titubant est en cours sans éléments probants, pendant que l’affaire est également en cours d’instruction devant la justice. Soit, de deux choses l’une.
Des évidences qui, à l’analyse, disent tout sur le caractère bien entendu de la supercherie qu’on tente de cacher, vaille que vaille, à l’opinion. Ce qui explique encore mieux les divagations et subterfuges du conseil de la partie plaignante qui, au même moment qu’il demande la cessation de toute publication de presse sur l’affaire, s’empresse dès le lendemain de parler du même dossier sur une radio de la place. Quel contraste ! Cela s’appelle vouloir une chose et son contraire à la fois.
Si tant est que Fabrice Adjakly a préféré porter plainte contre le journal l’Alternative pour diffamation, réclamant un dédommagement de 5 000 000 FCFA et la destruction des exemplaires du journal mis en vente ainsi que la suppression des articles sur les sites web, c’est dire Me Eric Sossa qui s’est jusque-là prévalu de n’être que l’avocat du père Adjakly (ce dernier n’ayant point porté plainte nommément) devraient logiquement rester serein. Pourquoi alors toutes ces agitations si l’on ne se reproche de rien? Et c’est encore là, une preuve de plus que le navire de la supercherie est sérieusement en souffrance. D’où lui viendra-t-il le salut? Le peuple togolais reste éveillé et attend impatiemment la suite de ce feuilleton aux senteurs bien fumants.
Source : Fraternité No.371 du 23 septembre 2020
Source : 27Avril.com