Depuis quelques jours, l’affaire d’un système d’espionnage exploité par le palais de Faure Gnassingbé, révélée par les confrères Le Monde et The Guardian fait polémique. Grâce au logiciel espion « Pegasus » crée par l’entreprise israélienne NSO Group, une entreprise d’anciens militaires, Faure Gnassingbé a décidé de surveiller ses opposants, les acteurs de la société civile et les leaders religieux. Mais, on a passé sous silence le cas des securocrates.
Selon l’enquête publié par les deux journaux, le Chef de l’Etat togolais, Faure Gnassingbé qui jouit de son quatrième mandat à la tête du pays, a utilisé le logiciel Pegasus pour espionner le Président de la Conférence des évêques du Togo, Mgr Benoît Alowonou, des opposants et des acteurs de la société civile triés sur le volet. Mais selon d’autres sources d’autres personnes bien que proches du régime pourraient se retrouver sur la liste des victimes du logiciel « Pegasus ».
En effet, selon les spécialistes, si un téléphone est infecté par le logiciel « Pegasus », il devient presque entièrement contrôlable de l’extérieur. Le logiciel permet de déterminer la localisation du téléphone, d’activer la caméra et le microphone, d’enregistrer des conversations, et d’avoir accès à toutes les données personnelles (SMS, mails, contacts, photos, vidéos, ainsi que les conversations sur Messenger, Whatsapp ou Instagram). « C’est comme être présent dans le cerveau de quelqu’un », décrit un témoin anonyme au Guardian. A ce titre, il procure de nombreux avantages aux violeurs des droits humains.
Les « sécurocrates » sous menace…
Il se trouve que les sécurocrates, ces messieurs tout puissants dans l’entourage de Faure Gnassingbé, qui forment le socle même de son pouvoir au point de contrecarrer des décisions de l’autorité civile à qui ils sont normalement soumis, sont egalement des cibles expiatoires de Pegasus. Ces hommes qui s’opposent même à la justice, font du zèle et versent souvent dans des crimes de toutes sortes, mais bénéficient de l’impunité, sont désormais la cible de leur patron.
Officiellement, ils n’ont pas de rôle direct dans la conduite des affaires de la cité, à part qu’ils sont des galonnés de l’armée. Comme tous les togolais, ces hommes et femmes qui disposent de nombreux pouvoirs sont désormais sous la menace du logiciel « Pegasus ». Ils peuvent être espionnés jusque dans leur intimité. En effet, pour consolider son pouvoir et faire bonne mine aux yeux de la communauté internationale ou encore s’offrir une éventuelle vie « normale » après la présidence, tôt au tard, Faure Gnassingbé va devoir se passer des services de certains de ces sécurocrates dont les bruits des casseroles sont devenus trop encombrants. Pour ce faire, il a besoin d’avoir sur chacun d’eux autant d’éléments compromettants que possible. Un domaine dans lequel les compétences du logiciel « Pegasus » sont reconnues.
Par conséquent, ces messieurs à qui le patron a fait croire qu’ils sont intouchables sont desormais mis dans le même plat que toutes les victimes connues ou encore inconnues du logiciel espion israélien. Et jusqu’à preuve du contraire, Faure Gnassingbé a les moyens pour se payer dans la durée les services de la NSO Group, concepteur du logiciel pointé du doigt.
Le phosphate contre l’espionnage ?
En effet, pour espionner avec le logiciel « Pegasus », il faut disposer des moyens conséquents. Puisque selon les spécialistes du renseignement, le logiciel peut coûter jusqu’à 80 millions d’euros soit environ 52 milliards de FCFA (cas du Mexique) et plus.
Alors, où le Togo peut-il trouver des moyens aussi colossaux ? Pour certains observateurs, il ne faut pas chercher loin. Ces derniers voient dans l’exploitation du phosphate carbonaté et d’engrais confiée en 2015, après d’interminables tractations, à l’entreprise Elenilto, contrôlée par l’israélien Jacob Engel, qui entretiendrait de bonnes relations avec certains hauts gradés de l’armée israélienne. Une passerelle qui aurait joué en faveur de l’acces à Pegasus par le pouvoir de Lomé.
Aussi, le Chef de l’Etat togolais, peut-il également s’appuyer sur la volonté de l’Etat israélien d’étendre son influence en Afrique. Même si le sommet Afrique-Israël initialement prévu en 2017 à Lomé n’a finalement pas eu lieu, les deux pays officiellement sont restés en de bons termes. D’autant plus que, le Togo a besoin de la technologie militaire et de l’expertise israélienne dans les domaines de la collecte du renseignement, du traitement et du contrôle de l’information et des réseaux sociaux.
A la lumière de ce qui précède, aussi bien l’entourage du Chef de l’Etat que les aspirants à une alternance à la tête du pays sont sous la menace d’un marquage. Ceci montre à suffisance que pour protéger son pouvoir Faure Gnassingbé pense à tout.
En avant le spectacle !
Source : Fraternité
Source : 27Avril.com