Imposer des réformes impopulaires aux Togolais est comme hissé en mode de gouvernance par le pouvoir de Faure Gnassingbé. Avec Victoire Dogbé comme Première ministre, le fils de Gnassingbé Eyadéma a réussi le tour de force de faire filer un mauvais coton à ses propres concitoyens. Jour après jour, ceux-ci subissent impuissants des décisions dignes de prestidigitateurs. De nouvelles taxes administratives et communales aux nouveaux frais aux péages routiers ; de la nouvelle augmentation des prix des produits pétroliers à la flambée des prix de première nécessité, rien ne va. À se demander quel péché le peuple togolais a commis pour mériter d’aussi condescendants traitements.
On connaît tous le fameux »Quart d’heure de Rabelais ». Attesté au XVIIIème siècle, ce terme qui repose sur une anecdote désigne un mauvais moment auquel on ne peut échapper, un moment où il faut payer ou s’acquitter d’une dette.
La vie sociale au Togo a malheureusement quelque chose de ce »quart d’heure de Rabelais », car jamais citoyen togolais n’a autant souffert en temps de crise, jamais vie chère n’a frappé de plein fouet des gens économiquement à terre. Et jamais gouvernement ne s’est montré aussi indifférent face aux cris d’orfraie poussés par des populations poussées jusque dans leurs derniers retranchements, elles qui subissent coup sur coup des nouveaux frais et des augmentations des plus basiques denrées alimentaires. Sans espoir d’y échapper un seul instant.
L’appellation convient donc le mieux du monde à la mauvaise passe où gisent nombre de Togolais. Si le quart d’heure rabelaisien n’est que passager, celui que passent les citoyens togolais risque de se répéter. La faute à un gouvernement bien décidé à les narguer continuellement sous les dehors d’une gouvernance pas si inclusive qu’elle n’en a l’air.
Un vœu pieu
En se voyant confier le portefeuille de la primature fin septembre-début octobre 2020, Victoire Tomégah-Dogbé avait pris l’engagement de gouverner autrement. Qu’est-ce à dire ?
« Gouverner autrement, cela veut dire que vous devez travailler pour démontrer des résultats. Cela nécessite de la cohérence, de la discipline, de la rigueur. Nous nous sommes focalisés sur un nombre limité de projets, de réformes prioritaires », s’expliquait le 19 octobre 2020 une Victoire Dogbé gonflée à bloc dans un entretien accordé à RFI. À l’entendre alors, beaucoup se disaient que plus rien ne sera comme avant, tant la successeur de Komi Klassou faisait assaut d’argument face aux enjeux sociopolitiques qui s’annonçaient.
Quand Carine Frenk (RFI) demande à en savoir plus sur la déclaration de politique générale de son invitée, dame Victoire répond qu’il « est important de rendre la vie beaucoup plus facile aux citoyens. Il faut simplifier les procédures. Pour nous, le digital doit être au cœur de tout ce que nous faisons. D’ailleurs, la gestion de la Covid-19 nous a montré que, aujourd’hui, il faut absolument digitaliser nos processus. Il faut digitaliser l’administration. Il faut digitaliser l’économie de notre pays ». Fin avril 2021, Victoire Dogbé se confiera dans Le Point Afrique, où le changement de paradigme constitue (peu ou prou) l’ossature de son entretien avec Viviane Forson.
L’histoire retiendra qu’elle n’a pas été en mesure de rendre dans la foulée la vie beaucoup plus facile aux citoyens, d’autant que rien n’a changé depuis son arrivée. C’est un euphémisme.
Attelage Faure-Dogbé, un supplice pour les Togolais
Derrière ces effets de manche, derrière ces rodomontades et ces propos qui sonnent comme une réelle volonté de procéder à une politique vraiment inclusive, quelle n’a été notre consternation de voir que les résultats tardent à se faire voir. Pire, les Togolais sont devenus de plus en plus inquiets, et font route avec la peur du lendemain, la vie chère et la paupérisation, qui sont autant d’embûches sur leurs sentiers.
De nouvelles taxes administratives et communales aux nouveaux frais aux péages routiers ; de la nouvelle augmentation des prix des produits pétroliers à la pompe, à la flambée des prix de première nécessité, tout semble orchestré par les autorités togolaises pour pousser à bout les citoyens.
Comment peut-on comprendre qu’en une période aussi critique que la nôtre, où la crise sanitaire a tué un secteur informel dans lequel la majorité des Togolais trouvent leur salut, le gouvernement ait choisi d’aggraver la situation ?
Dans des pays qui se respectent, les dirigeants, conscients de la crise économique, ne peuvent pas se permettre de nourrir l’indignation populaire en frappant au porte-monnaie de leurs concitoyens. C’est malheureusement ce qui a cours au Togo où on peut du jour au lendemain demander aux piétons de payer leur péage, puisque les motos 2 roues s’y mettent déjà.
Choisir un aussi critique moment tel que celui-ci pour faire passer le prix du super sans plomb à 505 FCFA, celui du pétrole lampant à 400 FCFA, le gas-oil à 520 FCFA, le mélange 2 temps à 606 FCFA, n’est-ce pas la plus belle façon de narguer de pauvres gens dont le seul péché est d’être nés Togolais ?
On ne le dira jamais assez, le tandem Faure-Dogbé semble un attelage institué pour le malheur des Togolais.
Sodoli Koudoagbo
Source : Le Correcteur / lecorrecteur.info
Source : 27Avril.com