8 morts, 3 blessés graves et d’importants dégâts matériels, c’est le bilan provisoire macabre et lourd de l’effondrement de la passerelle d’Agoè-Zongo. L’ouvrage a cédé le vendredi 13 décembre 2024 suite à la percussion d’un camion-citerne. Un drame qui suscite de nombreuses interrogations notamment sur la qualité de l’édifice et même son utilité. Et pour cause ! En plus d’Agoé Zongo, ces passerelles ont été érigées au centre-ville ou à la sortie de la capitale. Mais, elles sont délaissées par les usagers.
Les témoins n’ont pas pu retenir leur émotion face à l’insoutenable accident qui s’est produit dans l’après-midi du vendredi dernier à Agoé Zongo, au nord de Lomé. « Un camion semi-remorque transportant une citerne de gaz a percuté la plateforme supérieure de la passerelle piétonne. En s’effondrant sur la chaussée, la plateforme a écrasé le camion ainsi qu’une voiture et deux tricycles affectés au transport de personnes », a indiqué le ministère de la Sécurité près de 24 heures après le drame. Le bilan provisoire fait état de 8 morts sur les lieux de l’accident, trois blessés graves et d’importants dégâts matériels.
Pour finir, le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile Calixte Batossie Madjoulba a appelé au respect des règles de chargement notamment le règlement 14 de l’UEMOA et l’observation scrupuleuse des prescriptions du code la route afin de garantir la sécurité de tous les usagers.
Alors que de nombreux Togolais s’attendaient à des débuts de réponses à leurs questions sur ce drame qui a enlevé la vie à 8 personnes et marque à vie trois autres personnes avec des impacts à venir sur leurs familles, le ministre de la Protection Civile est resté très factuel. Comme toujours de coutume au Togo.
Un effondrement et des questions
Il y a moins de deux ans que ces passerelles ont commencé par sortir de terre à Lomé et ses environs. Ce qui veut dire que ces ouvrages jouissent encore donc d’une jeunesse à toute épreuve. Alors comment comprendre qu’au passage d’un camion soit-il surdimensionné la passerelle d’Agoè s’est effondrée comme un château de sable.
Dans un pays doté d’un gouvernement soucieux du bien-être et de la vie de ses citoyens et prenant la mesure d’un tel drame, le Procureur de la République doit être immédiatement saisi. Au moment où nous rédigeons ces lignes, l’autorité contractante (toutes les personnes impliquées dans la passation de ce marché), l’entreprise en charge de la construction, l’entreprise chargée de la supervision, la société chargée de l’entretien des routes et toutes autres personnes impliquées dans la construction de cette passerelle doivent rendre des comptes. C’est la première des choses.
Mais visiblement comme cela a été toujours le cas au Togo, un pays qui a érigé l’impunité en mode de gouvernance en plaçant les intérêts politiques au-dessus de tout, nul doute que ces personnes peuvent dormir tranquillement sur leur laurier pendant que de nombreuses familles doivent supporter non seulement la douleur de la perte de leur proche mais aussi les impacts à venir. En effet, au Togo, la perte d’un membre pour un ménage, est souvent synonyme de vulnérabilité pour les gens qui sont sous son tutelle.
A analyser subtilement la manière dont la plateforme de la passerelle est tombée, il est fort à parier que l’ouvrage présentait bien avant la percussion, des problèmes structurels. La structure devrait dont avoir des défauts de construction. Par conséquent, le bon sens voudrait qu’un audit général soit réalisé sur toutes les passerelles pour mesurer leur solidité et leur conformité. L’objectif étant de prévenir un autre drame du même genre. C’est la moindre des choses à faire dans un tel contexte par un gouvernement garant de la sécurité des populations. Aujourd’hui, ces ouvrages construits pour sauver des vies représentent des dangers pour les usagers qui ont besoin d’être rassurés sur leur fiabilité. D’autant plus que leur utilité est remise en cause.
En effet, construites pour permettre aux piétons de traverser sans heurt certaines routes, elles ne sont pas utilisées par les usagers. Ces passerelles sont devenues des objets décoratifs sur les routes. Sur les routes, elles se révèlent encombrantes. Aucun piéton ne s’y aventure. Les piétons préfèrent traverser la route à côté de ces passerelles. Comment cela s’explique-t-il ? Au-delà du cas des passerelles, cette situation est le symbole des projets pilotés à sens unique par le gouvernement sans une implication effective des populations. L’autre cas le plus palpable est celui des marchés construits à cout de millions mais que les riverains rechignent à animer.
Lemy Egblongbéli
Source: lecorrecteur.tg
Source : 27Avril.com