Togo, Pascal Adoko : « Nous ne savons même pas ce qui fait pousser des ailes à M. Kadanga »

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Togo, Pascal Adoko : « Nous ne savons même pas ce qui fait pousser des ailes à M. Kadanga »

Considéré par certains comme un homme simple et apprécié par d’autres pour son franc parlé, le secrétaire général adjoint chargé aux affaires politiques de la CDPA, parti membre de la Coalition des 14, Pascal Adoko a accordé à une notre rédaction un entretient. Entretien dans lequel, il est revenu sur la feuille de route de la CEDEAO tout comme les activités de la CENI actuelle. Notre invité n’est pas passé par le dos de la cuillère pour smasher le président de la CENI et son désir fou d’organiser contre vents et marrés les élections législatives. L’homme politique donne la position de la coalition sur les dernières actualités. Lisez plutôt…

L’Indépendant Express : Bonjour Pascal Adoko. Au lendemain de la feuille de route proposée par la CEDEAO pour une sortie de crise au Togo. Quel est l’état d’esprit au sein de la coalition des 14 ? Plane-t-on entre confiance et doute ?

Pascal Adoko: Nous avons été suffisamment clairs pour dire que le document sortie par la CEDEAO est certes louable mais présente beaucoup d’imperfection et qu’il faut y travailler. Nous avons dans ce sens d’ailleurs rédigé un mémorandum reprenant point par point tout ce qui nous semble à améliorer ou à clarifier. Nous attendons la décision de la CEDEAO.

Aujourd’hui ce qui serait en train de poser problème est la CENI. Mais selon des indiscrétions l’on apprend que curieusement la C14 serait prête à envoyer ses représentants dans cette même CENI et éventuellement participer aux élections. Vous confirmez ?

Vous voulez rigoler ? Ceux qui racontent ça sont dans l’imaginaire. D’abord nous ne savons même pas ce qui fait pousser des ailes à M. Kadanga. Je voudrais tout simplement dire que le zèle qu’il développe est un zèle pernicieux et fauteur de trouble dans le pays. Nous avons une feuille de route qui est sortie. Pourquoi il se montre plus royaliste que le roi ? il veut aller où ? Plonger le pays dans le désarroi ? On m’a fait comprendre que M. Kadanga serait un intellectuel, mais moi ça me surprend.

Mais la CEDEAO parle d’élection avec une date précise, n’est il pas déjà dans la logique ?

Quelle logique ? On dit qu’il faut travailler sur les conditions des élections. Il sait très bien que ce sont les élections qui posent problème au Togo. Mais comment est ce que le problème peut encore créer un autre problème. Mais qu’est ce qui est en train de l’aiguillonner pour faire ce qu’il est en train de faire. Il est en train de semer la confusion et venant d’un intellectuel comme lui, je suis profondément déçu. Et aujourd’hui je peux dire sans ambages qu’il n’est pas digne d’être l’arbitre des prochaines élections au Togo.

Alors comment pensez vous qu’on peut refaire cette CENI ?

Cette CENI sera recomposé de façon paritaire. Le nombre de personne issue de la C14 sera le même que du coté de UNIR. Et nous désignerons ensemble un président.

En terme clair vous ne reconnaissez pas cette CENI ?

Nous ne l’avons jamais reconnu. On ne la reconnaitra jamais. Nous n’allons pas pendant un an manifesté pour équilibrer le jeu politique, avoir les conditions favorables pour aller à des élections transparentes et justes et se faire couillonner de nouveau de cette manière.

Mais CENI a récemment publié la liste des présidents des CELI, et visiblement ce sont les élections qui s’organisent déjà comme cela. La coalition ne s’y mêle pas. Est-ce qu’on ne risque pas à des élections auxquelles la Coalition ne pourra participer ?

Vous pensez qu’en organisant les élections telle qu’ils veulent le faire là, ils auront réglé le problème ? Ils n’ont qu’à nous dire qu’ils ne veulent pas régler la crise et qu’ils sont dans la logique de la fuite en avant. Et là on comprendra mais pour le moment moi je ne comprends pas et je suis même surpris de ce zèle pernicieux qui est de nature à créer la confusion dans le pays et ce ne sera pas en son honneur. Et je voudrais même dire à ce président de CENI si tant est que l’initiative vient de lui, il sera responsable de ce que adviendra dans le pays. Mais si c’est d’autres commanditaires qui sont derrière lui, il n’a qu’à savoir que vu son niveau, il doit avoir de la personnalité et qu’il ait la capacité de dire non à ce qui n’est pas bon.

Dans les jours qui viennent, il y aura une délégation des facilitateurs qui sera à Lomé, qu’est ce que vous attendez de cette délégation ?

Je l’ai dis d’entrée de jeu, que nous avons élaboré un mémorandum sur la feuille de route. Nous attendons que la CEDEAO vienne clarifier sa position par rapport à notre mémorandum et nous également nos dire ce qui convient de faire par rapport à ce qui se développe dans cette soit disant CENI, c’est très important parce que le courroux qu’ils sont en train d’entrainer, ce courroux monte et moi je n’aimerais pas que mon pays retrouve le chemin de la violence. Voila pourquoi je dis et je maintien ma position en disant à M. KADANGA de savoir raison gardé, ne pas se monter plus royaliste pour le roi. Il doit savoir qu’un savoir qu’un pays est plus important qu’un individu et doit travailler pour la bonne vie du pays plutôt que son propre confort personnel.

A la veille du sommet de la CEDEAO, vous aviez espoir que cette fois ci sera la bonne mais à la fin, la CEDEAO a pondu une feuille de route diplomatique. Et si cette fois ci elle vient encore et donne l’impression d’accompagner ce que fait la CENI, quelle sera votre réaction ?

Je n’ai pas de raison de le croire parce que la CEDEAO c’est des personnalités, c’est des chefs d’Etats. Je vous ai déjà dis que ces formules elliptiques, diplomatiques dont vous parlez pouvaient se comprendre vu la posture de notre chef d’Etat qui était président en exercice de la CEDEAO. Mais je crois que maintenant qu’il n’est plus là-bas, les coudées franches sont au niveau de la CEDEAO pour agir. Mais si par extraordinaire on nous dit autres choses, là ils auront trahis une fois de plus le peuple togolais. Et en ce moment, le peuple prendra ses responsabilités.

A en croire certains, la CEDEAO serait en train de perdre du temps au Togolais. Avez-vous aussi le même sentiment ?

Moi je dirai qu’elle est en train de rechercher des solutions. Et c’est quand elle ne montrera pas toute la rigueur et toute la vigueur nécessaire pour régler le problème togolais, en ce moment on pourra se lancer dans les supputations. Mais dans le contexte actuel, nous avons bon espoir parce que d’abord la CEDEAO a dit que le dialogue se poursuit, ça c’est un élément essentiel. Ça veut dire que tous les aspects que nous ne comprenons pas, que nous n’avons pas abordé, tous les aspects quoi peuvent être source de conflits peuvent être encore discutés. Donc la porte n’étant pas fermée, il y a encore de l’espoir.

Aujourd’hui, êtes-vous prêts à retourner de nouveau à la table de discussion avec le pouvoir ?

Pour le moment nous avons une feuille de route qui nous demande de discuter. Et c’est quand on discutera si la bonne foi est la chose la mieux partagée. Et si tel n’est pas le cas, on tirera toutes les conséquences.

Vous tirerez toutes les conséquences mais en attendant, vous annoncez un ouragan. En quoi est ce que cela va consister ?

Vous savez je l’ai dis, la posture de M. KADANGA ou de ce qu’il convient d’appeler la CENI aujourd’hui, n’est pas tolérable. Son attitude n’est pas responsable. Pas du tout. Un pays qui a passé une année en crise on ne gère pas ses choses de cette manière, avec tant de légèreté.

Pascal Adoko, 19 Aout 2017- 19 Aout 2018. Un an de chaude manifestation, aujourd’hui pensez vous que les lignes ont bougé ?

Ce qui est important à retenir c’est que plus rien sera comme avant au Togo. Les togolais sont dans la dynamique d’une prise de conscience nationale sur les intérêts de leur pays, sur la nécessité de la démocratie, de l’alternance, ça c’est la chose la mieux partagée.

C’est vrai que le pouvoir en place ne veut pas ces changements et distille la peur au sein de la population, mais chacun, même est sa chaumière, vous dit nous sommes d’accord pour la démocratie, nous sommes d’accord pour l’alternance. Donc la quasi-totalité des togolais est pour ces changements et ça c’est un élément important. Parce que quand le peuple lui-même prend conscience des enjeux c’est avec rapidité et agilité que ce peuple trouve ses propres solutions à partir de ces génies propres et moi je n’ai pas de raison d’en douter.

L’actualité également c’est ces mosquées profanées ci et là, quelle lecture faite vous de ces actes que certains qualifient d’ignoble ?

Nous avons l’obligation de respecter le culte des gens. Au tant vous n’êtes pas obliger d’adopter le même culte que quelqu’un, vous avez le devoir de respecter son culte. Alors profaner des lieux saints pour je ne sais quelle raison est non seulement sauvage mais inacceptable parce que ça nous expose à des dangers.

Je suis profondément pacifique et commencer par avoir une attitude qui peut dégénérer en guerres de religions, qui va gérer cela. Sur ce plan précis je ne saurai dire qui ou qui et qui sont les auteurs. Mais je considère que ce sont des esprits malins qui sont en train d’opérer cela et là, je me mets à genoux pour leur dire qu’au-delà de toutes choses, qu’ils ne nous emmènent pas sur ce terrain. C’est une supplique. Je sais que les autorités promettent des enquêtes, sauf que ces enquêtes, leur diligence plus de temps que d’autres enquêtes. J’aimerais que ça aille vite et que ces esprits malins soient mis hors d’état de nuire pour que la paix sociale par rapport à la notion de religion perdure au Togo parce que c’est un bien précieux pour nous et on ne saurait accepter que des gens mettent cela à mal.

Pascal Adoko a un dernier mot…

Je voudrais tout simplement dire aux togolais dans toutes leurs composantes, en commençant même par UNIR qui aujourd’hui apparait comme un adversaire politique que ce qui nous unis, c’est le Togo et c’est plus important que tout. Que l’appétence trop prononcée pour le pouvoir, il faut qu’il fasse un effort pour que nous puissions faire les réformes et aller aux élections tranquillement dans la transparence. Et celui qui va gagner gagnera.

Mais quand vous êtes toujours dans la posture de ceux qui gagne. Même si vous perdez, vous gagner toujours. Si vous êtes dans la posture de ceux qui nomment toujours des arbitres pour les élections et après vous monter sur tous les toits et dire que vous êtes les plus forts, je leur demande pour une fois d’accepter une CENI bien équilibrée avec à défaut d’une présidence à l’opposition au moins une présidence consensuelle à la CENI. Et en ce moment nous allons mesurer nos forces. S’ils sont les plus forts, ils continueront par gérer le pays, mais si nous sommes les plus forts, nous allons prendre leurs places et diriger le pays pour une période et d’autres élections seront organisées pour arbitrer le jeu politique. Mais toujours biaisé les choses en disant qu’on est fort, mon Dieu : à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.

Pascal Adoko, Merci…

C’est moi qui vous remercie. Et merci pour tout ce que vous faites.

Propos recueillis par Richard Aziagué

Source : L’Independant Express

27Avril.com