«…Et quand vous vous opposez, les invitant à un combat d´idées, ils disent: Appelons-le et donnons-lui quelque chose de ce que nous mangeons; certainement qu´il a faim. Quand vous refusez, ils cherchent à vous faire peur. Et quand vous résistez, ils cherchent à vous éliminer. Voilà le jeu démocratique au Togo. » – Salifou Tikpi Atchadam
Cet extrait tiré du discours du leader du Parti National Panafricain au meeting d´Agoeyivé le 02 juillet 2017 sonne aujourd´hui comme une prémonition si on considère l´acharnement tous azimuts dont est victime cette formation politique depuis le 19 Août 2017 de la part du régime Gnassingbé. Cet acharnement s´est encore amplifié depuis les manifestations du 13 Avril dernier, volontairement émaillées de répressions barbares. Non content de procéder à des arrestations arbitraires parmi les militants du PNP et de s´acharner sur les présidents préfectoraux, le pouvoir de Lomé décide de passer à la vitesse supérieure en s´en prenant à certains des premiers responsables pour affaiblir un parti politique légalement constitué.
En effet, au lendemain des manifestations organisées par le Parti National Panafricain (PNP) le 13 Avril 2019, il s´est agi, ni plus ni moins, d´une raffle au sein du bureau exécutif de ce parti. En dehors d´un manifestant tué par des militaires à Bafilo, de plusieurs blessés et des arrestations arbitraires de militants, le trésorier général Monsieur Sébabi Nouroudine Gueffé et le sécretaire permanent Monsieur Abdel- Aziz Kéziré sont convoqués au SRI lundi 15 Avril 2019 à 15 h. Le Conseiller de Tikpi Atchadam, Monsieur Ouro-Djikpa Tchatikpi se fera représenter par son avocat. Mais ce n´était que partie remise. Si entre-temps Nouroudine Gueffé et Kéziré Abdel-Aziz, après quelques jours de détention à la gendarmerie, au SRI, sont déférés en prison, Ouro-Djikpa sera arrêté manu-militari à son domicile samedi 20 Avril. Depuis ce jour, ce citoyen allemand d´origine togolaise, n´est ni déféré ni libéré.
Trois semaines déjà que dure l´illégale détention à la gendarmerie qui, officiellement n´est pas une prison. Le Service de Renseignement et d´Investigation (SRI) qui s´occupe de son cas n´a pas bonne presse quant au respect de la dignité humaine des personnes détenues dans ses locaux. C´est pourquoi la détention de Ouro-Djikpa Tchatikpi en ces lieux pendant si longtemps inquiète et pose le problème de la légalité de cet emprisonnement forcé qui ressemble plus à une privation illégale de liberté. Et quand on ouvre le sinistre répertoire des opposants au régime arrêtés, torturés, maltraîtés, et qui n´ont pas survécu après leur libération aux actes inhumains dont ils furent victimes, nous n´avons pas le droit de rejeter du revers de la main les rumeurs persistantes qui circulent sur les réseaux sociaux quant à la sécurité de Monsieur Ouro-Djikpa.
Oui, la longue liste des opposants au régime togolais tombés sous la torture, sous les balles et sous toutes formes de traîtements inhumains depuis au moins le début de la lutte pour la démocratisation fait froid dans le dos. Ajoutée à cela l´impunité dont jouissent les tueurs couverts par le régime depuis Éyadéma jusqu´à Faure Gnassingbé, aidée par une justice caporalisée, les Togolais ne se sentent nulle part en sécurité dans leur propre pays. Tout opposant sérieux devient un citoyen indésirable et on peut à tout moment l´arrêter, que dis-je?, le kidnapper et l´emmener vers une destination inconnue jusqu´à ce que la famille et les proches se débrouillent pour connaître le lieu de détention de leur parent. Une habitude des républiques bananières, synonyme de non-droit, très loin de la démocratie et de l´état de droit que chantent sur tous les toits les thuriféraires du régime Gnassingbé.
Que reproche-t-on au juste au Conseiller de Tikpi Atchadam pour que son cas soit entouré d´une telle opacité qui en dit long sur la vraie nature du régime togolais qui aime hypocritement se couvrir de la peau d´agneau pour mieux détruire ses adversaires politiques? Nous interpellons la communauté nationale et internationale, les associations nationales et internationales de défense des droits de l´homme, toutes les personnes de bonne volonté pour prendre au sérieux le caractère illégal de la détention de Monsieur Ouro-Djikpa Tchatipki, responsable de parti, depuis trois semaines au SRI, et faire pression sur ce régime qui a l´habitude de rouler tous ses partenaires dans la farine pour faire croire que le Togo est une démocratie.
Les représentations diplomatiques au Togo, promptes à donner des leçons de démocratie et de respect des droits humains, mais qui font montre d´une complaisance incompréhensible envers le pouvoir de Lomé qui torture et tue ses citoyens, doivent enfin se réveiller pour exiger la libération sans condition de Monsieur Ouro-Djikpa et de tous les autres prisonniers politiques arbitrairement condamnés.
Le lourd passif du régime des Gnassingbé quant à la violation permanente des droits de l´homme en général, et aux nombreux assassinats ou disparitions d´opposants en particulier, doit nous inciter à la prudence et à la vigilance pour crier haro sur les habitués du crime avant qu´il ne soit trop tard.
À quoi correspond en droit togolais (procédure pénale) la détention de Ouro-Djikpa Tchatikpi au SRI pendant plusieurs semaines? Une détention préventive? Une garde à vue? Un emprisonnement?
LIBÉREZ OU DÉFÉREZ OURO-DJIKPA!!!
Samari Tchadjobo
Allemagne
27Avril.com