Les responsables de la coalition des 14 partis de l‘opposition était en conférence de presse ce lundi 08 janvier au siège de la CDPA (Convention Démocratique des Peuples Africains) à Hanoukopé (Lomé). Ce fut la première rencontre de ce groupement avec la presse et les sympathisants dans la nouvelle année 2018. C’est l’occasion de formuler leurs vœux à l’endroit de tout le peuple togolais et de réaffirmer leur engagement à continuer la lutte jusqu’au bout. Les membres de ce groupement sont : ANC, CDPA, OSA, PSR, UDS-Togo, ADDI, FOR, LE TOGO AUTREMENT, LES DEMOCRATES, MCD, PARTI DES TOGOLAIS, PNP, SANTE OU PEUPLE, CAR.
Chers compatriotes Togolaises et Togolais de l’intérieur et de la diaspora,
En ces premiers jours de l’an 2018, la Coalition des quatorze partis politiques en lutte à vos côtés pour la libération du Togo du joug du régime héréditaire RPT-UNIR tient à vous souhaiter une bonne année et une bonne année à notre chère patrie.
Nous voulons profiter de cette opportunité pour avoir une très forte pensée à l’endroit de ceux de nos compatriotes qui sont frappés par le deuil, les chagrins, le poids de la maladie sur un lit d’hôpital ou à la maison, la solitude et le chômage. Nos pensées vont également à ceux qui, à tort ou à raison, sont en prison dans les conditions particulièrement inhumaines qui caractérisent les prisons togolaises. A tous, nous exprimons notre compassion et notre solidarité et continuerons à implorer le Tout-Puissant afin qu’il leur accorde réconfort et bénédiction.
L’année 2017 relève désormais du passé. Il appartiendra à l’histoire de dire, avec le recul du temps, la trace qu’elle aura laissée dans notre vie nationale. Mais, chacun d’entre nous sait déjà qu’à défaut d’être l’année du changement attendu par une très large majorité du peuple togolais, 2017 aura été l’année d’un réveil de la conscience collective nationale qui rend désormais le changement, non seulement possible, mais inéluctable.
Chers compatriotes, vous pouvez être fiers d’avoir contribué, par votre courage, votre détermination et votre abnégation, à susciter ce sursaut patriotique qui fera date dans l’histoire de notre pays.
Au cours de l’année 2017, une vingtaine de nos compatriotes sont tombés sous les balles assassines du régime héréditaire qui a délibérément choisi de réprimer sauvagement dans le sang les manifestations pacifiques des forces démocratiques en déployant des éléments des forces armées et de sécurité faisant usage d’armes de guerre contre des manifestants aux mains nues. Nous tenons ici à nous incliner humblement une fois de plus, devant la mémoire de tous ces nouveaux martyrs de notre marche vers la démocratie et à réitérer nos condoléances et notre solidarité aux familles éplorées. Aux nombreux blessés dont certains sont encore en soins, nous renouvelons tous nos vœux de prompt rétablissement.
Ce système de violence organisée et de répression sauvage érigé en méthode de gouvernement et de conservation du pouvoir n’a pas fait que des morts et des blessés au cours de l’année 2017. Plusieurs dizaines de manifestants pacifiques arrêtés, jugés et condamnés dans des conditions de déni total de droit sont allés grossir les rangs des prisonniers politiques au Togo. Des milliers d’autres Togolais sont aujourd’hui contraints à l’exil ou à la clandestinité.
Malgré les annonces faites par le gouvernement le 6 Novembre 2011 concernant le repliement des forces armées qui assiègent les villes de Sokodé, Bafilo et Mango depuis la mi-octobre, ces trois localités et leurs environs se trouvent toujours sous le contrôle des militaires lourdement armés qui continuent de soumettre les populations aux exactions et aux violations des droits de l’homme et à contraindre une partie de leurs population à l’exil. Dans ces trois localités assiégées, l’exercice du droit constitutionnel de manifester reste à ce jour impossible. Les manifestations prévues les 10, 11 et 12 janvier 2018 par la Coalition à Mango, Bafilo et Sokodé ont une fois encore été purement et simplement interdites par le gouvernement.
Nous prenons l’engagement solennel devant le peuple togolais et devant l’histoire, de poursuivre notre combat pour la libération de tous les prisonniers politiques, le retour des réfugiés, des exilés et la reprise d’une vie normale dans toutes les zones encore assiégées du territoire national.
En dépit des violences barbares, des répressions sauvages et des entraves graves à la libre circulation des citoyens perpétrées par le régime RPT-UNIR, vous avez poursuivi et même accru la mobilisation pour défendre les quatre points-clés de notre plateforme revendicative, à savoir : le retour à la version originelle de la Constitution de 1992, la réforme du cadre électoral, le déverrouillage des institutions de la République et la libération de tous les prisonniers politiques. La Coalition tient à féliciter le peuple togolais souverain pour sa détermination, non seulement à obtenir gain de cause sur ces quatre points-clés, mais aussi et surtout à obtenir la fin du régime héréditaire togolais. Le peuple togolais souverain a enfin retrouvé à travers son combat, les valeurs cardinales de dignité, de courage et d’intégrité que le régime RPT-UNIR, dans sa perversité, s’était méthodiquement employée à détruire.
L’aboutissement de nos revendications actuelles constitue une étape incontournable vers notre objectif ultime, celui de bâtir ensemble une société togolaise réellement démocratique, prospère et solidaire. Nous devons stopper la régression politique, économique et sociale que fait subir le régime RPT-UNIR à notre pays. Ce pouvoir exercé de père en fils depuis plus de 50 ans a érigé le népotisme et le tribalisme, la médiocrité et le mensonge, la corruption et le vol, la paresse et le goût de la facilité, la spoliation et la prévarication en système de gouvernement. Renonçant à toute dignité par cupidité ou par peur, certains intellectuels et élites nationaux et étrangers continuent de mettre leur intelligence au service de la consolidation de ce régime qui, telle une machine infernale, bloque la marche du peuple togolais vers le développement et la prospérité.
Plus vite nous nous débarrasserons de ce régime, plus vite nous nous attellerons aux grands défis qui nous attendent et que nous devons relever pour faire du Togo l’Etat moderne qu’il aurait dû être ‘ou serait sur le point de devenir, si pendant plus de 50 ans, une petite minorité n’a pas fait le choix-diabolique de s’accaparer de l’essentiel des ressources nationales.
Moderniser notre économie pour créer des emplois en particulier pour les jeunes diplômés et favoriser la création de richesses pour financer le progrès social, notamment dans les secteurs de l’éducation et de la santé, faire de l’agriculture ‘une priorité de développement économique permettant à ceux de nos compatriotes qui l’exercent de pouvoir en vivre décemment, réduire la domination de l’Etat sur les individus et sur les collectivités locales, en mettant en œuvre une vraie décentralisation qui accorde auxdites collectivités locales la responsabilité de gérer plus largement les affaires touchant à la vie quotidienne de leurs habitants, bien sûr dans le respect de la cohésion et de l’unité nationales, prendre des mesures hardies pour réduire la pauvreté endémique qui gangrène notre pays et détruit le tissu social national, protéger les libertés publiques et la vie humaine dont le caractère sacré est inscrit dans notre Constitution, ne sont que quelques aspects du vaste chantier de la reconstruction nationale pour répondre aux préoccupations socioéconomiques légitimes des populations togolaises.
Dans son message de vœux du nouvel an 2018, certains Togolais qui pensaient de bonne foi que Monsieur Gnassingbé, après quatre mois et demi de silence, allait enfin apporter des réponses audacieuses et courageuses aux revendications légitimes des populations, ont dû faire le constat du mépris dont le Chef de l’Etat a fait preuve à l’égard du peuple togolais souverain devant lequel il ne se sent nullement responsable.
Monsieur Gnassingbé a fait semblant de découvrir les revendications du peuple togolais souverain en s’étonnant de sa colère contre son régime, alors que pendant onze ans, il a systématiquement usé de dilatoire pour refuser les réformes constitutionnelles et institutionnelles préconisées par l’Accord Politique Global (APG), malgré les engagements pris dans ce sens devant les communautés nationales et internationale depuis 2006.
Enfermé dans sa bulle et totalement coupé du peuple, Monsieur Gnassingbé est resté sourd à l’exigence majeure des Togolais qui ne veulent plus vivre en monarchie mais en République et en démocratie. Se comportant en digne et fier héritier du pouvoir dynastique à lui légué par son défunt père, Monsieur Gnassingbé refuse de comprendre que les Togolais ne veulent pas la continuité d’un pouvoir exercé de père en fils mais une rupture. C’est le sens profond de l’exigence du retour à la version originelle de la Constitution de 1992 pour permettre au Togo de connaître une vie démocratique normale comme les pays voisins.
Insensible aux souffrances d’une jeunesse togolaise frappée par le chômage, laissée à l’abandon et désespérée; insensible aux cris de détresse des femmes des marchés dont les activités périclitent de jour en jour; insensible aux gémissements des malades qui ne peuvent pas se soigner, insensible à la misère qui sévit dans le pays et qui contraint de nombreux Togolais à se lancer dans la périlleuse aventure de la traversée de la Méditerranée; Monsieur Gnassingbé, dans son message du nouvel an, s’est glorifié d’un bilan qui tranche avec la faillite politique, économique et sociale décriée par les centaines de milliers de Togolais qui expriment leur colère dans la rue depuis cinq mois à travers toutes les régions du pays.
Contraint au dialogue par la mobilisation et la détermination des Togolais, Monsieur Gnassingbé, découvre subitement que « le dialogue doit rester la voie privilégiée de résolution des désaccords entre les acteurs politiques ».
Mais, la Coalition note et dénonce avec vigueur la duplicité du régime cinquantenaire RPT-UNIR qui, tout en marquant son adhésion au dialogue, hésite à prendre toutes les mesures d’apaisement permettant de créer un climat de confiance propice à des discussions sereines et continue de poser des actes de provocation à l’endroit de l’Opposition. La Coalition a en outre de bonnes raisons de penser que les affirmations du Chef de l’Etat relèvent avant tout de la ruse et qu’en réalité, le Pouvoir, convaincu d’un rapport des forces défavorable, n’a aucune envie ni aucun intérêt à aller à un dialogue avec l’Opposition, où, pour une fois; il ne lui sera pas, possible d’imposer un marché de dupes pour continuer à instaurer le statu quo. Il est clair que la Coalition ne saurait se contenter d’un dialogue qui se ferait à partir des lois et des régies taillées sur mesure par le régime pour ses intérêts. Un dialogue où les opposants feraient ce que veut le pouvoir RPT- UNIR ne sera tout simplement pas possible. Cela reviendrait à légitimer et à prolonger la monarchie. Quand Monsieur Gnassingbé déclare que c’est au bout de l’ancien fil que se tisse le nouveau, il se trompe royalement s’il pense pouvoir appliquer ce dicton à la situation politique actuelle de notre pays. Le peuple togolais estime au contraire qu’aucune exploitation n’est éternelle et veut couper le fil de la souffrance.
Pour sa part, la Coalition réaffirme sa disponibilité pour un dialogue sincère sous la double médiation guinéenne pour les mesures d’apaisement et ghanéenne pour les discussions proprement dites. La Coalition renouvelle sa gratitude à leurs Excellences Alpha Condé, Président de la République de Guinée, Président en exercice de l’Union Africaine, Nana Akufo-Addo, Président de la République du Ghana pour leurs efforts de médiation en vue d’une sortie de la crise togolaise par la voie du dialogue.
Si le régime croit pouvoir s’obstiner à faire de son référendum sur le projet de loi incongru qu’il a fait adopter en septembre dernier par les seuls députés de son parti, une épée de Damoclès sur la tête de l’Opposition, il trouvera un peuple togolais à la colère encore plus exacerbée sur son chemin.
Le combat de libération actuel n’est plus un combat politique entre le parti au pouvoir et l’opposition mais un conflit ouvert entre, d’une part, un régime héréditaire qui a confisqué le pouvoir et la souveraineté depuis plus de cinquante ans et d’autre part, un peuple décidé à conquérir sa souveraineté. Ce combat citoyen est devenu celui de tous les Togolais qui ne veulent plus vivre en monarchie.
Tous, ensemble, nous sommes le Togo et la Coalition vous redit bonne année.
Nous vous souhaitons à tous beaucoup de foi pour vaincre, beaucoup de force pour lutter, beaucoup de courage pour continuer et beaucoup de confiance en Dieu afin de ne jamais, jamais, jamais vous décourager.
Dieu bénisse le Togo et redonne l’espoir aux Togolais.
Vive la République – Vive le Togo
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