Togo, Nouveau gouvernement Faure-Klassou : Le Grand Cafouillage

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Togo, Nouveau gouvernement Faure-Klassou : Le Grand Cafouillage

« Les ministres tombent comme les résultats de la LONATO. La machine continue par tourner. Jouez petit et gagnez gros. Nous sommes au 228 ». C’est par cette raillerie qu’un confrère a qualifié le grand cafouillage qui a entouré la formation du nouveau gouvernement, avec à sa tête Komi Selom Klassou. Le grand cafouillage n’est en réalité qu’un euphémisme pour qualifier le grand bazar qui a été servi par les premiers responsables du pays.

Trois semaines pour aboutir à un cafouillage

Il aurait fallu en tout et pour tout 20 jours pour procéder à une désignation à la hussarde d’un ancien nouveau Premier ministre. Le débat enflait dans le pays sur ce laxisme au sommet de l’Etat, surtout que dans certains pays comme le Burkina Faso où même le Gabon où le président est frappé d’invalidité temporaire, le choix du chef du Premier ministre et la formation du gouvernement n’auront pris que quelques jours. Ailleurs on est soucieux du respect de la loi, des règlements, conscient des responsabilités au sommet de l’Etat.

Au Togo, la République est une épicerie dans laquelle on fait tout et n’importe quoi. On a que faire de la loi, des règlements, encore moins des citoyens. Seule la volonté du chef compte. Et lorsque après trois semaines, on s’est décidé à rendre publics le nom du Premier ministre et la liste du gouvernement, ce sont les mêmes têtes qui ont été reconduites sinon presque, dans une pagaille totale. Visant l’article 66 qui dispose : « Le Président de la République nomme le Premier ministre dans la majorité parlementaire. Il met fin à ses fonctions sur la présentation par celui-ci de la démission du Gouvernement. Sur proposition du Premier ministre, il nomme les autres membres du gouvernement et met fin à leurs fonctions.

Le Président de la République préside le Conseil des ministres ». Le décret portant la nomination d’un Premier ministre et un autre portant la composition du gouvernement ont été lus à la TVT au JT de 23h c’est-à-dire tard dans la nuit par un journaliste. En publiant à la même heure les décrets portant nomination du Premier ministre et composition du gouvernement, Faure Gnassingbé a certes respecté l’article 66, mais en a violé l’esprit puisqu’il est clairement apparu que le Premier ministre n’est pas celui-là qui a proposé la liste des membres du gouvernement. Ce n’est pas une surprise, puisque dans la pratique au Togo, ce dernier est réduit au rôle de garçon de course.

Dans la pratique républicaine, l’annonce du décret portant nomination du Premier ministre et du gouvernement est lue par le Secrétaire général de la Présidence. A quoi sert au Togo le Secrétaire général de la présidence pour que ce soit un journaliste qui annonce ces nominations ? Et comme si cela ne suffisait pas l’équipe annoncée 20 jours après se trouve totalement incomplet.

Passer autant de temps pour désigner Komi Selom Klassou comme Premier ministre et annoncer une équipe incomplète, il faut prendre ses responsabilités à la légère à la tête du pays pour en arriver là. Pour quoi cette attente pour reconduire les mêmes individus sinon presque ? L’équipe gouvernementale ayant été rendue publique tard dans la nuit du jeudi 24 janvier, il a fallu le lendemain vendredi pour que les togolais découvrent « l’ancien nouveau » gouvernement, mais dans un état totalement incomplet. Et comme il fallait s’y attendre, au JT de 13 h, le complément de la liste gouvernementale a été rendu public alors que le Premier ministre était annoncé à l’Assemblée nationale à 14h 30 pour présenter son programme. Les nouveaux nommés ont dû courir pour rattraper le chef du gouvernement, sur le chemin du Parlement.

Et pour le complément du gouvernement on a constaté un réajustement de certains ministères, notamment celui ministère du Commerce, des Transports, de l’Industrie, du développement du secteur privé et de la Promotion de la consommation locale attribué à Kodjo Adedze la veille, qui perd donc son volet transport qui retourne aux Infrastructures attribué à Mme Zouréatou Tchakondo épouse Kassa-Traoré. Et le samedi dans la soirée, pour éviter de publier une troisième liste, la Présidence de la République a publié un communiqué pour situer l’opinion sur le cas du Secrétariat d’Etat en charge de l’inclusion financière et du secteur informel.

La cacophonie observée ces jours-ci dans la formation de ce nouveau gouvernement Selom Komi Klassou montre d’une part la légèreté avec laquelle les affaires du pays sont gérées au sommet de l’Etat mais d’autre part renseigne que le système en place est sclérosé, à bout de souffle.

Source : L’Alternative No.770 du 29 janvier 2019

27Avril.com