A quelques jours de la fin de 2017, Mgr Nicodème Barrigah, évêque de kpalimé, président de la Commission Vérité Justice et Réconciliation, a émis une série de vœux à l’endroit du peuple togolais. Voici ses mots:
« Chers frères et sœurs
Et vous tous, hommes et femmes de bonne volonté,
Joyeux noël à vous, heureuse année !
Au moment où je préparais ces vœux de noël, il m’est venu à l’esprit une réflexion d’un prêtre qui disait ceci : « Les vœux ne servent à rien ; ce n’est qu’une perte de temps et d’argent. Je n’en ferai pas cette année ».
A première vue, ce prêtre parait bien avoir raison car l’année dernière nous avons souhaité longue vie à des personnes qui nous ont quittés ; nous avons présenté des vœux de bonheur à d’autres qui sont encore dans l’épreuve. Nous avons formulé des souhaits de paix à notre pays et nous sommes encore en crise. Apparemment, nos vœux n’ont rien changé au cours des événements. Pourquoi donc en formuler encore ?
Pour ma part, j’y vois trois raisons.
La première c’est que les vœux sont des expressions d’amour. Lorsqu’ils viennent du plus profond de notre cœur, ils sont des signes de l’attachement que nous avons pour ces personnes. Je vous adresse donc les miens parce que je vous aime et que je veux votre bien. En formulant les vôtres, pensez également aux paroles que vous prononcez ou écrivez et mettez-y un peu d’amour.
Ensuite, les vœux sont une prière. Il ne s’agit pas, pour moi, de simples formules de courtoisie prononcées du bout de lèvre ou écrites sur une belle carte postale. C’est pourquoi, avant de vous présenter mes vœux, je les ai d’abord portés dans ma prière. Faites de même.
Enfin, les vœux sont une exhortation, un appel à une attitude plus positive face à la vie. En effet, souhaiter la paix à une personne, c’est l’exhorter à la chercher et à la construire. Lui souhaiter le succès, c’est l’inviter à tout mettre en œuvre pour le rendre possible. Désirer son bonheur, c’est l’engager à y travailler. Il est clair que les vœux, tout seuls, ne changeront pas notre situation.
Pino Pellegrino, un auteur italien dont j’affectionne particulièrement le recueil d’anecdotes, raconte qu’un jour le Président des Etats Unis Abraham Lincoln se promenait dans une rue de Springfield avec ses deux fils qui pleuraient derrière lui. Scandalisé par le silence de ce papa qui apparemment ne faisait rien pour les calmer, un passant lui demanda quelle était la raison de leurs pleurs. Et le Président répondit avec humour : « C’est le même problème qu’a le monde entier : j’ai trois noix et chacun de mes fils veut en avoir deux ». Comment un tel partage est-il possible ?
Avec beaucoup de justesse, Abraham Lincoln a touché du doigt le plus grand problème de notre humanité : l’égoïsme. L’homme veut être heureux tout seul ; il ne regarde qu’à sa situation, à ses avantages, à ses besoins. Si nous étions un peu plus sensibles aux autres, le monde aurait un autre visage. C’est pour nous montrer un tel amour que le Fils de Dieu s’est fait homme. Saint Paul nous dit dans sa Lettre aux Philippiens 2,6-11, que le Christ s’est abaissé, il s’est humilié pour relever l’homme et le faire participer à sa vie divine. La plus grande grâce que je souhaite à chacun de vous en cette fête de noël est celle de l’humilité. Sachons regarder notre frère qui est à côté de nous ; mettons-nous à son service ; apprenons à partager et alors notre terre sera beaucoup plus belle. Joyeux noël à tous, heureuse année 2018 dans la paix et la joie du Seigneur. Amen
Mgr Nicodème Barrigah »
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