Le 18 juillet 2020, une nouvelle association aurait dû être officiellement lancée dans la bataille pour la justice sociale et les droits de l’homme au Togo. Elle n’a pas eu le temps de naître qu’elle a été étouffée. L’ordre serait venu des autorités en charge de la sécurité. Mais au-delà de cette énième dérive autoritaire, certains observateurs se posent des questions sur certains choix et faits.
La vision du Mouvement Conscience Mandela est de contribuer aux processus démocratiques et à l’instauration d’un État de droit au Togo et en Afrique. Citoyenneté, élections, bonne gouvernance, œuvres sociales et humanitaires sont les autres domaines d’intervention du mouvement. Pour atteindre ces objectifs, il compte sensibiliser les forces vives de la nation sur les sujets de grande importance. Il se donne également le droit de prendre des positions sur des questions d’intérêt national. Une mission noble.
Mais les forces de l’ordre ont été envoyées pour « empêcher le lancement du Mouvement Conscience Mandela » samedi dernier. Une descente musclée que les responsables de l’organisation ont trouvé injuste. « Nous avons tous les documents nécessaires depuis 2018. Par ailleurs nous sommes dans un régime déclaratif », a déclaré Me Joseph Akpossogna, Sécrétaire Général du Mouvement. Et de poursuivre : « ce qui veut dire que dès lors que vous créez une association, vous réunissez les documents nécessaires, vous saisissez le ministère de l’administration qui vous donne le quitus de procéder au payement et afférents, vous êtes déjà nés. Vous n’allez plus attendre le récépissé. C’est ce que dit la loi 1901 qui régit la création des associations ».
Mais dans un pays comme le Togo où certaines personnes sont réfractaires à la démocratie, un simple prétexte suffit pour mettre « hors d’état de nuire » un mouvement qui, a priori, va créer des insomnies au régime en place. A cet effet, avant de se lancer dans une telle mission, les initiateurs de ce mouvement devraient savoir non seulement, choisir leurs pions mais aussi et surtout où tenir leurs réunions.
Tendre le bâton pour se faire battre…
C’est ce à quoi ressemble l’échec du lancement de ce mouvement qui porte le nom d’une icône africaine, stratège politique dont la stratégie a eu raison de l’apartheid en Afrique du sud. Un héritage politique qui continue de susciter admiration de génération en génération. En effet, pour le lancement officiel du mouvement, les responsables ont choisi comme lieu, l’hôtel « Mirambeau » situé à Agbalepedogan. Un établissement que tout esprit branché à Lomé sait qu’il appartient à un officier de l’armée. Alors, l’on se demande comment peut-on lancer un tel mouvement dans cet établissement ? « Es-ce que ces gens-là ne savaient pas dans quel hôtel ils sont allés? », s’est d’ailleurs interrogé un journaliste après que le maitre de cérémonie ait décliné les objectifs et la composition du bureau exécutif de l’organisation.
Et sans surprise , alors que les gendarmes et policiers ont fait irruption dans l’hôtel, les responsables s’étant rendu compte de ce qui se déroule dans leur établissement ont intimé l’ordre aux membres du mouvement de tout arrêter et de déguerpir. Une situation embarrassante pour le Mouvement conscience Mandela en présence des invités et les professionnels de médias. Mais tout porte à croire que ce mouvement a lui-même tendu le bâton pour se faire battre par ses détracteurs.
En effet, au Togo, c’est un secret de polichinelle. Les défenseurs des droits humains et autres aspirant à la démocratie et à l’Etat de droit sont souvent surveillés comme de l’huile sur le feu et quand ils posent des actes qui contrarient le pouvoir, ils sont traqués et poussés à trouver refuge hors des frontières nationales. Le cas Koffi Kounté, ancien Président de la Commission nationale des Droits de l’Homme (CNDH) en est illustrateur.
En outre, le mouvement est présidé par Me Raphaël Kpandé-Adzaré, ancien membre du Collectif « Sauvons le Togo », ancien président de la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme et deuxième porte-parole du Front Citoyen Togo Debout (FCTD). A ce titre Adjare et les siens ne sont point censés ignorer les informations sur le cadre qu’ils ont choisi pour leur événement. Un choix qui semblent conformer qu’ils ont choisi d’aller jusque dans le nez du bourreau pour jouer après à la victime. Une démarche qui laisse perplexe sur la foi à accorder à ce mouvement à peine naissant. Qui plus est, Raphaël Kpande Adjare le promoteur se trouve avoir choisi residence hors du pays, pour longtemps.
In fine, le lancement raté du Mouvement Conscience Mandela peut être un mal pour un bien. Le temps de prendre du recul, bien analyser la situation et faire les bons choix.
Source : Fraternité
Source : 27Avril.com