Ce vendredi n’est pas ordinaire au Togo. Les habitants devaient en effet rester chez eux, à l’appel de l’opposition, pour rendre hommage aux victimes des événements des 20 et 21 septembre. Avant des manifestations prévues les 4 et 5 octobre prochains.
Ce 29 septembre à la mi-journée, la circulation était fluide dans la capitale, mais tout de même plus dense que lors du précédent mot d’ordre lancé le 25 août dernier par la même coalition de l’opposition. Sur les marchés de la capitale, l’affluence était normale, même si certains commerçants ont préféré laisser leur magasin fermé. « J’ai choisi de respecter le mot d’ordre pour compatir à la douleur des familles éplorées mais surtout pour éviter d’éventuels actes de violences de certains irréductibles de l’opposition », témoigne Enyonam Tossou, revendeuse au grand marché de Hedzranawoe. Elle n’a pas oublié que par le passé, les journées décrétées mortes ont souvent donnée lieu à des violences perpétrées contre les contrevenants dans certains quartiers de Lomé.
Quelques jours plus tôt, le gouvernement avait tenu à rassurer les Togolais sur les mesures prises pour leur permettre de « vaquer librement à leurs occupations » ce 29 septembre. « À travers les réseaux sociaux, via des [enregistrements] audio, nous apprenons des menaces sur des personnes qui seront tentées de vaquer à leurs occupations. Les gens qui s’amusent à utiliser ces termes sortent du cadre des manifestations publiques, c’est carrément du droit commun », a indiqué Yark Damehane, ministre en charge de la Sécurité.
Sur les réseaux sociaux justement, les militants du pouvoir et de l’opposition s’affrontent par images interposées. Les premiers pour montrer l’échec du mot d’ordre de l’opposition, les seconds pour démontrer le contraire.
Actions de terrain
« Il est clair que les journées décrétées mortes n’ont jamais réussi à renverser une dictature », estime un militant de l’opposition qui reconnaît au passage « la nécessité de trouver de nouvelles stratégies pour poursuivre le combat démocratique ». Cette semaine, une délégation de la coalition de l’opposition dirigée par Jean-Pierre Fabre, chef de file de l’opposition, est allée à la rencontre des victimes des événements survenus les 20 et 21 septembre à Bafilo et Mango, dans le nord du pays. « Nous avons rencontré une population qui est terrorisée et tétanisée, mais qui reste déterminée parce qu’il y en a qui nous demandent : ‘C’est quand la nouvelle marche ?’ », a indiqué Brigitte Adjamagbo-Johnson, membre de la délégation.
S’exprimant de son côté le 28 septembre dans une de ses rares interviews sur les radios locales, Tikpi Atchadam a rejeté l’idée d’un référendum, laissant néanmoins entrouverte la porte du dialogue avec le pouvoir. « Ce serait illogique que les pacifistes que nous sommes rejettent une idée de dialogue pacifique », a-t-il indiqué, réclamant néanmoins un ordre du jour précis des discussions. Il a annoncé des « manifestations décisives » les 4 et 5 octobre, toujours pour exiger le retour à la Constitution originelle de 1992.
Jeune Afrique