Depuis les évènements malheureux survenus à Sokodé, la question de la garde des demeures des ministres par les forces de l’ordre se pose. Surtout que dans certaines maisons, on ne trouve que domestiques et garçons de courses. Mais tous les jours, la garde s’y succède. Et si en plus de la présence de policiers, on décide d’électrifier la clôture, il y a alors anguille sous roche.
Le ministre Ouro-Koura Agadazi avait créé la stupéfaction en affirmant que cinq militaires étaient de garde dans son domicile à Sokodé. Or, la résidence officielle de celui-ci se trouve dans la capitale Lomé. En plus de la garde personnelle dont il bénéficie, il a aussi à sa disposition des agents pour surveiller sa maison de Lomé. Au final, on se demande le nombre d’agents auxquels lui seul a droit. Au cas où il en a d’autres, il est à craindre que le nombre augmente. Doit-on comprendre par-là que tous les membres du gouvernement bénéficient de cette mesure ?
Mais apparemment, ce n’est pas suffisant. Du moins pour certains membres de l’exécutif. Comme Cina Lawson, ministre des Postes et de l’Économie Numérique.
Rue des Ormes abritant la pharmacie Pour Tous. Au fond, se trouve une demeure de la ministre. Mais celle-ci n’y séjourne plus depuis belle lurette. Et pourtant, il y a une garde permanente à la devanture de sa maison, jour et nuit. Comme si cela ne suffisait pas, depuis samedi 3 février, la clôture est surmontée de fils…électrifiés !
Des affaires de sous retrouvés dans un puisard ont défrayé la chronique des faits d’enrichissement illicite dans ce pays il y a quelques années. Le principal concerné n’a pas été inquiété et aujourd’hui, il trône à la tête d’une institution. Qu’est-ce qui peut justifier qu’une demeure habitée seulement par une domestique nécessite toutes ces mesures de protection et de dissuasion ?
A ce jour, l’exécutif togolais, avec à sa tête Faure Gnassingbé reste sourd à l’exigence de l’article 145 de la Constitution togolaise qui dispose : « Le Président de la République, le Premier ministre, les membres du gouvernement, le Président et les membres du bureau de l’Assemblée Nationale et du Sénat et les Directeurs des administrations centrales et des entreprises publiques doivent faire devant la Cour Suprême une déclaration de leurs biens et avoirs au début et à la fin de leur mandat ou de leur fonction. Une loi détermine les conditions de la mise en œuvre de la présente disposition ». Ce faisant, pas étonnant que des demeures « inhabitées » soient protégées comme si elles étaient devenues des agences du Trésor public du pays !
Abbé Faria
Source : Liberté N°2611 du Vendredi 09 Février 2018
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