Dans notre drôle de pays, ce mois d’avril 2022, est agité par la grève des enseignants du public. Grève lancée par le Syndicat des Enseignants du Togo (SET) que le pouvoir dictatorial juge illégitime pour déclencher une grève.
Comme les enseignants sont fermes dans leur décision de poursuivre la grève malgré les menaces et intimidations, les despotes sont passés à la terreur en chassant de nombreux grévistes du cadre administratif des enseignants en les remettant au service de la Fonction publique, tandis que d’autres sont carrément exclus de la Fonction publique. Une poignée d’entre eux se retrouve derrière les barreaux d’une prison.
Il s’agit là d’un manque de respect envers les enseignants. Le SET est contesté par une loi rétroactive pour le détruire. Mais en matière d’illégitimité, il est vraiment curieux qu’un régime putschiste, qui a toujours foulé le droit aux pieds et qui est illégitime lui-même, s’accroche à cette chimère pour traquer les dirigeants de ce syndicat.
La colère du régime est provoquée par le soutien des élèves à leurs enseignants. Si le gouvernement ne reconnaît pas le SET, pourquoi alors les enseignants suivent-ils massivement ses mots d’ordre de grève ? Il y a là une incongruité que les ministres qui agitent le bâton ne perçoivent pas. Dans les mouvements populaires, c’est la reconnaissance et l’adhésion des foules qui donnent sa légitimité à une organisation non reconnue juridiquement. Ce fut le cas du Front des Associations pour le Renouveau (FAR) et du Collectif des Organisations Démocratiques ( COD 1 et 2) dans les années 1990.
Nier la représentativité du SET est une façon de vouloir noyer le poisson. On ne sera pas surpris d’apprendre bientôt que le SET et les enseignants en grève sont manipulés par l’opposition. Comme d’habitude ! Dans ce pays, sous ce régime, les opprimés ne sont jamais conscients de leur oppression, c’est toujours d’autres personnes qui doivent le leur rappeler.
Toute cette vendetta ignoble contre les enseignants est l’expression des agitations d’un authentique régime de terreur aux abois et de l’échec flagrant d’une désastreuse politique de l’éducation nationale. Les enseignants ne peuvent servir de boucs émissaires et encore moins leur syndicat.
La démocratie est le régime où la société civile, les partis politiques, les citoyens discutent avec le pouvoir pour trouver des consensus. Ce n’est pas la répression aveugle tous azimuts.
Messieurs les despotes, vous devez respecter les enseignants, parce qu’ils sont des bâtisseurs de la nation partout et toujours. Tout le monde ou presque est passé entre les mains des enseignants, à commencer par les enseignants eux-mêmes. Messieurs les ministres, vous êtes des produits des enseignants tout comme le chef de l’État. À ce titre, vous ne croyez pas qu’ils méritent plus de respect que vous ne leur en témoignez ?
Et pourquoi ne respectez-vous presque jamais la parole donnée aux syndicats des travailleurs, manquement grave qui pousse aux grèves à répétitions ?
Messieurs, faites votre autocritique. À qui la faute ?
Libérez immédiatement et sans conditions les enseignants emprisonnés, restaurez dans leurs fonctions ceux qui en sont écartés et réintégrez tous ceux qui sont arbitrairement chassés de leur emploi et mis au chômage. C’est inadmissible.
Comment comprendre cette chasse aux sorcières pendant que tant d’établissements d’enseignement publics manquent d’enseignants dans plusieurs spécialités ? Curieux, non ?
Mais dans quel pays sommes-nous donc !
Ayayi Togoata APEDO-AMAH
Source : icilome.com