Togo, Mauvaise foi du régime Faure / RPT-UNIR : La C14 maintient les Marches

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Togo, Mauvaise foi du régime Faure / RPT-UNIR : La C14 maintient les Marches

Faure Gnassingbé a trouvé un alibi depuis le 18 février dernier (date de la signature du règlement intérieur du dialogue) pour espérer se dérober des vagues de contestations de son régime. Ce document, rappelons-le, indique que l’opposition accepte suspendre les manifestations publiques pendant la durée du dialogue. En revanche, le pouvoir devrait également arrêter le processus électoral. Aujourd’hui, non seulement le régime de Faure Gnassingbé ne respecte pas cette clause, mais en plus la brandit comme une loi qui interdit toutes les manifestations publiques, aussi bien de l’opposition que des organisations de la société civile.

Plusieurs fois, des manifestations prévues par des syndicats et des organisations de la société civile ont été interdites, les autorités togolaises agitant ce règlement intérieur. La dernière en date est le meeting prévu par le Front Citoyen Togo Debout le samedi 7 avril dernier à Lomé. Cette manifestation a été interdite à la dernière minute et des responsables de ce mouvement ont été arrêtés ou, dirions-nous, enlevés. L’autre aberration que commet le régime actuellement est l’interdiction des trois jours de manifestations programmées par la Coalition des 14 partis de l’opposition.

« Le gouvernement a confirmé que de son point de vue aussi, le dialogue inter-togolais se poursuit bel et bien et que le gouvernement place toute sa confiance à l’aboutissement heureux de ce dialogue. Dans ces conditions, toutes les parties prenantes au dialogue doivent respecter les recommandations du facilitateur en ce qui concerne la suspension des manifestations durant le dialogue. En conséquence, le gouvernement ne peut donc pas se rendre complice de la violation des recommandations du facilitateur en laissant les manifestations, objet de votre lettre, se faire », a indiqué PayadowaBoukpessi, ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales, qui répond à la lettre de la Coalition l’informant de la tenue des trois jours de marche.

Visiblement, lui le gouvernement peut outrepasser ces « recommandations » en continuant les préparatifs des élections. De plus, si pour le ministre, « le dialogue n’a pas suspendu le fonctionnement normal de la justice, qui est indépendante », malgré les mesures d’apaisement prônées par ces discussions, il lui faut comprendre également que ces pourparlers, ou du moins son règlement intérieur ne peut pas substituer à la loi fondamentale du pays. La lettre-réponse de PayadowaBoukpessi contient en elle-même des contradictions qui mettent au jour les subterfuges du régime.

Dans tous les cas, la Coalition des 14 partis n’entend pas se soumettre à ce qu’elle appelle une ènième forfaiture. En effet, pour les responsables de ce regroupement de partis politiques de l’opposition, la lettre du ministre en charge de l’Administration territoriale n’a pas valeur de loi pour interdire une manifestation publique. Elle est « nulle et de nul effet », a indiqué Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais, membre de la Coalition. « Le ministre Boukpessi n’a aucun droit d’interdire une manifestation. On sait ce qu’ils sont en train de préparer. Nos manifestations les embêtent et l’objectif, c’est de les interdire. Ils ont déversé dans les rues des miliciens pour casser la dynamique des manifestations. Pourquoi cette fois-ci ils réussiraient ? Nous maintenons notre manifestation », a-t-il ajouté. Et la Coordinatrice de la Coalition, Mme Brigitte KafuiAdjamagbo-Johnson de renchérir : « Pourquoi devrions-nous suspendre l’exercice d’un droit constitutionnel ? Nous l’avons déjà signifié au gouvernement. Nous lui avons dit que nous allons manifester. Nous sommes les seuls juges de l’opportunité de manifester ou de ne pas le faire. Donc pour nous, c’est très clair. Les manifestations sont maintenues, mercredi, jeudi et samedi prochains ».

D’ailleurs, cette violation du droit à manifester par le régime togolais a été au menu des discussions entre le Facilitateur ghanéen, Nana Akufo-Addo et une délégation de la Coalition des 14 partis de l’opposition qui s’est rendu hier à Accra. « Nous nous rendons à Accra, parce que nous avons demandé à rencontrer le Facilitateur et à lui poser un certain nombre de problèmes qui sont liés à la situation actuelle que nous connaissons tous. Nous allons dire au Facilitateur que nous ne comprenons pas pourquoi le gouvernement semble interpréter un engagement moral que nous avons pris de suspendre les manifestations pendant le dialogue. Cet engagement, on semble l’interpréter comme une interdiction de manifester. Nous allons lui dire que nous ne sommes pas du tout d’accord. Et que nous avons l’intention de reprendre les manifestations », a déclaré Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson dans une émission hier.

La Coalition a aussi l’intention d’exposer les manigances du pouvoir qui, malgré son engagement de suspendre le processus, continue en toute clandestinité à poursuivre les préparatifs des élections. « Nous lui poserons le problème de la suspension de la préparation des élections. Nous constatons qu’encore une fois, le gouvernement n’a pas respecté sa parole. Il est en train de jouer à un jeu. En réalité, il continue de préparer, en cachette, les élections. Et nous ne sommes pas d’accord. Nous voulons poser tous ces problèmes au Facilitateur et lui dire que ce n’est pas parce que nous avons eu la bonne volonté d’accepter le principe du dialogue, qu’il faut utiliser ce dialogue contre le peuple pour faire tomber la mobilisation. Le peuple togolais veut changer ce régime, nous sommes déterminés à atteindre les résultats que le peuple attend de nous », a-t-elle souligné.

Source : L’Alternative No.695 du 10 avril 2018

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