Ajoutées aux violences meurtrières d’Atakpame en 2005, de Dapaong en 2013 et de Mango en 2016, le pouvoir de Lomé aura encore à son actif, les morts de Sokode.
A l’appel du Parti National Panafricain (PNP), les Togolais étaient conviés à manifester publiquement et pacifiquement, samedi dernier, pour exiger le retour sans conditions à la Constitution de 1992 qui consacre un «scrutin à deux tours» et la «limitation de mandat à deux» puis, le droit de vote de la diaspora. Mais cette marche pacifique voulue par les organisateurs aura trouvé le non systématique du ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales, qui reprochait aux organisateurs de rechigner à suivre l’itinéraire voulu par son administration.
A ses côtés le jeudi 17 août, devant la presse, son homologue de la Sécurité et de la Protection civile, le Colonel Damehame Yark aura jeté le pavé dans la marre par un écart de langage mal digéré par les militants et sympathisants du PNP.
« C’est quoi PNP ?… », la question qui a fâché !
Entre panique mêlée de suffisance et de mépris, le Col. Damehame Yark aura commis une bourde mal digérée par la base du parti au symbole du Cheval. «… C’est quoi PNP? Il y a eu des partis politiques qui ont fait des manifestations avec lui. S’ils (manifestants) osent, on va les disperser de façon conventionnelle et propre. Adviendra que pourra ! », a notamment déclaré le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, en guise de menaces proférées à l’endroit des manifestants. Mais plutôt que d’émousser leur ardeur, ces menaces «yarkistes» ont, par contre, inoculé une bonne dose de motivation aux militants qui y sont allés avec détermination dans leur déchaînement. Face aux forces de l’ordre armées aussi bien à Lomé, à Kara, à Bafilo, à Anié qu’à Sokode, la mobilisation n’a pas fléchi.
Tirs des grenades lacrymogènes, jets de projectiles, courses-poursuites, la journée de samedi a été, encore une fois, meurtrière au Togo. Un bilan officiel fait cas de 2 morts dont un par balle à Sokode, plus de 50 blessés dont près d’une vingtaine d’agents de forces de l’ordre, des dégâts matériels et des arrestations dont le Secrétaire général du PNP. Pendant ce temps, les organisateurs évoquent sept (7) morts. Que de condamnations depuis lors! Aussi bien les partis politiques que les organisations de la société civile, tous ont exprimé leur stupéfaction et désarroi face à ces violences meurtrières, en plein processus de réconciliation nationale. Somme toute, un mauvais signal pour le pouvoir de Faure Gnassingbé dont les efforts consentis ces dernières années pour un Togo plus uni et réconcilié envers lui-même se sont vu sabotés, de fait, par une communication peu républicaine dénudée de tout professionnalisme.
On se demande où était le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement quand on a laissé le gendarme Yark se démêler des jours durant dans un exercice pour lequel il est le moins habilité avec son treillis. La conséquence est là. Le pouvoir de Lomé a servi lui-même un chou gras aux médias internationaux. Pitang Tchalla a beau se plaindre, mais il fallait éviter le mal en amont. C’est le lieu pour le pouvoir de jauger l’efficacité de ces réseaux funestes constitués juste sur la base du clientélisme et du ventre qui leur conseille des pistes primaires de réactions ou de contre-attaque médias dans ces genres de situation.
Un écart de langage préjudiciable
A l’analyse de la situation, il se dégage, en majeure partie, l’engagement de la responsabilité du ministre de la Sécurité et de la Protection civile qui, dans son zèle d a plutôt mis le feu à la poudrière. Surtout lorsqu’il a voulu ironiquement minimiser devant la presse, Tikpi et son parti par sa fameuse question. Et la suite, on la connaît. Encore des morts sur la Terre de nos Aïeux.
A chaque question, une réponse. Aujourd’hui, on est en droit de demander au ministre «sécurocrate» s’il a enfin eu la réponse à sa fameuse question. Voilà donc un événement qui vient salir, de plus, son image quelque peu écornée de par le passé mais qu’il essai, depuis un moment, de polir devant l’opinion nationale et internationale. Et à cette allure, le fils à Gnassingbé Eyadema fonce droit dans le mur. Les signaux étant au rouge au travers de plusieurs constats. D’abord, la détermination des militants du PNP et une partie de la population résolue à en découdre avec les vieilles méthodes.
Ces résolus en sont parvenu à séquestrer , désarmer les forces de l’ordre et les passer ensuite à tabac, le ralliement d’une partie de la base de l’Alliance nationale pour le changement (Anc) au principe de lutte du PNP, le jeu trouble de certains conseillers du Chef de l’Etat et surtout, cette fameuse tournée du Hcrrun a semblé plus attiser la flamme des rancœurs et frustrations dans le cœur des Togolais qui n’ont pas eu froid aux yeux de le d ire de vive voix à Awa Nana et sa «troupe» aussi bien à Dapaong, à Mango, à Kara qu’à Sokode.
APG 11 ans après…Faure Gnassingbé face à l’histoire !
En remettant toujours à demain l’opérationnalisation des réformes prescrites par l’Accord Politique Global (Apg) signé en août 2006, Faure se retrouve aujourd’hui devant l’histoire. Entre s’entêter toujours à s’exécuter par des jeux de cache-cache politique et assouvir à l’aspiration profonde du peuple, Faure est désormais sommé de choisir. Et il peut le faire, à moins qu’il se complaise toujours dans la mic-mac politique que lui conseillent certains dans son entourage. Aujourd’hui, c’est plus qu’une certitude, la carte politique se redessine au sein de l’opposition par l’émergence du PNP. Faure ne doit donc plus continuer par compter avec la méthode improductive et la faiblesse des opposants d’hier qui auront fini par démotiver leur base par leurs méthodes non porteuses.
Le pouvoir doit désormais faire face à un PNP qu’il semble ne pas considérer mais qui draine pourtant du monde et dont le discours et la méthode de son président national forcent aujourd’hui estime et admiration au sein de l’opinion. Déjà que les ralliements se font du côté de l’opposition à cet effet, à l’appel de Tikpi, y compris les organisations de la société civile (Osc), il est espérer quelque chose de nouveau.
source : Fraternité
27Avril.com