« À casser au plus tard le 02 octobre 2024, Mairie d’Agoènyivé 1 », lit-on sur les murs de certaines toilettes dans le quartier Sogbossito à Lomé. Ces toilettes, construites dans les emprises des voies, tiennent encore debout plus d’un mois après la date limite de démolition, fixée au 02 octobre 2024. Ce retard, qui met en lumière de graves défaillances dans le suivi et l’application des règles d’urbanisme, témoigne d’une série de dysfonctionnements au niveau des autorités locales.
Ce cas illustre non seulement le manque de réactivité des communes, mais aussi l’incapacité des maires élus à agir de manière autonome, face à un pouvoir central qui semble verrouiller toute initiative locale.
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Le cas des toilettes à démolir est loin d’être isolé. Il met en évidence l’incapacité des communes à exercer un suivi rigoureux sur les constructions qui sortent des terres dans leur territoire. La question qui se pose est simple : pourquoi les autorités locales n’ont-elles pas pris les mesures nécessaires pour faire respecter les délais ?
Une telle situation soulève de nombreuses interrogations sur l’efficacité de l’administration locale. Dans ce cas précis, les toilettes construites illégalement, empiétant sur les voies publiques, représentent une gêne pour les habitants et une violation des normes d’urbanisme. Pourtant, malgré les avertissements et les décisions de démolition, rien n’a été fait pour y remédier à temps.
L’incapacité des maires élus à agir
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Le manque de suivi des décisions et l’application de celles-ci est symptomatique de l’incapacité des maires élus à exercer leurs pouvoirs, souvent réduits à une position symbolique.
« Il y a des citoyens plus forts que les maires », ironise une source. Bien que les communes soient censées avoir un certain degré d’autonomie pour prendre des décisions locales, dans la pratique, les maires se retrouvent souvent empêchés d’agir efficacement.
Les exemples sont légion. Le système de gouvernance centralisé, où de nombreuses décisions doivent être validées par l’État ou les autorités supérieures, limite considérablement la liberté d’action des élus locaux. Ces derniers, en dépit de leur mandat, semblent être pris dans une toile d’araignée bureaucratique, ne pouvant agir sans l’aval des autorités centrales.
Cette situation engendre une paralysie administrative et une lenteur dans la gestion des problèmes urgents, affectant directement la qualité de vie des citoyens.
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La répercussion de la négligence du sommet de l’État vers la base
Le retard dans la démolition des toilettes à Sogbossito n’est qu’un exemple parmi tant d’autres des conséquences de la négligence du sommet de l’État. Cette lenteur et cette mauvaise gestion des autorités locales trouvent leur origine dans un dysfonctionnement systémique à tous les niveaux de l’administration.
Lorsque les autorités centrales tardent à fournir les moyens et le soutien nécessaires aux communes, cela crée un environnement où l’incompétence se propage jusqu’au niveau de la base. Le manque de coordination, la centralisation excessive du pouvoir et le manque de responsabilité des responsables politiques entraînent un retard dans la résolution des problèmes à la base, créant ainsi un gouffre entre les promesses gouvernementales et la réalité vécue par les citoyens.
Il y a un mois environ, l’effondrement d’un immeuble à Sagbado, faisant des victimes, avait créé une vive réaction au sein de l’opinion. Ce drame, bien que profondément regrettable, est un autre exemple très illustratif de la défaillance des autorités locales à prévenir de tels incidents.
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En dépit d’une sommation de la mairie ordonnant l’arrêt des travaux faute de permis de construire, l’immeuble a continué d’être érigé. Ce manque de réaction rapide et la faiblesse des mécanismes de contrôle montrent encore une fois l’incapacité des autorités locales à exercer leurs prérogatives de manière efficace.
Les responsabilités sont souvent diluées, et les acteurs locaux se retrouvent dans une situation où ils n’ont ni les moyens ni le pouvoir de prendre des décisions cruciales pour la sécurité et le bien-être de leurs concitoyens.
Une réforme de la gouvernance locale s’impose
Il devient urgent de repenser la manière dont le système de gouvernance locale fonctionne, afin d’assurer une meilleure autonomie des communes et de renforcer l’efficacité de l’administration locale. Les maires doivent être véritablement investis des pouvoirs véritables pour agir, avec un soutien clair et concret de l’État central.
Les autorités locales doivent aussi être dotées de moyens suffisants pour effectuer un suivi rigoureux des projets d’infrastructures, notamment en matière de respect des normes urbanistiques et de sécurité.
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Enfin, une transparence accrue et des mécanismes de contrôle renforcés sont essentiels pour éviter que des situations similaires ne se reproduisent, avec des conséquences dramatiques pour les habitants des quartiers et des communes.
La lenteur dans l’exécution des projets de démolition, comme le cas des toilettes de Sogbossito, la paralysie administrative, et les négligences répétées au niveau local illustrent la profonde crise de gouvernance qui affecte le Togo.
Si rien n’est fait pour améliorer le fonctionnement des communes et pour décentraliser véritablement le pouvoir, des événements malheureux, comme celui survenu à Sagbado, continueront à se produire, et la confiance des citoyens en leurs autorités locales sera définitivement érodée.
François Bangane
Source: lalternative.info
Source : 27Avril.com