Cette semaine, dans sa lucarne dédiée aux milieux en marge du développement au Togo, votre journal allume ses projecteurs sur la préfecture de Danyi. Connue pour la douceur de son climat et surtout pour sa culture diversifiée, cette localité d’une superficie de 60km² et composée de six cantons, souffre malheureusement de manque d’infrastructures de base. Rendant pénible, la vie des populations essentiellement paysannes, estimées à environ 50.000 habitants.
Bienvenue à Danyi
Un tour à Danyi et l’on est vite enchanté par l’étendue et la variété des richesses naturelles dont dispose cette préfecture. À l’instar de nombre de localités de la région des Plateaux, Danyi regorge de vastes étendues d’espaces cultivables, mais majoritairement inexploités. Bénéficiant d’une pluviométrie débordante, cette préfecture, s’ouvrant sur le Ghana, est une terre féconde à la culture de rente et celle vivrière, notamment les produits maraîchers.
Choux, haricots, aubergine, poivron…, Danyi en produit tant en quantité qu’en qualité sur ses terres, de Atigba à N’digbé en passant par Apeyeyeme, Dzogbegan, Elavagno, Ahlon, Gbalave et Todome, entre autre… Ajouté aux fruits comme l’avocat, l’orange, la mandarine et surtout à l’ananas dont la production est actuellement à l’échelle industrielle. Le maïs, le manioc, le café ou encore le cacao ne sont pas, non plus, du reste. Bref, Dame nature a doté la préfecture de Danyi de grandes richesses qui, malheureusement, ne bénéficient pas de l’accompagnement nécessaire des pouvoirs publics.
Manque d’infrastructures
Milieu très difficile d’accès, la voie qui y mène, depuis Kpele- Adeta, date de l’époque coloniale. Couverte de goudron par intermittence, la route de Danyi, serpentant la montagne, se veut très dangereuse à l’emprunt. «Notre route n’est pas bonne. Pour conduire sur cette voie, il faut bien maîtriser le terrain. C’est pourquoi beaucoup qui ne sont pas d’ici éprouvent des difficultés à y parvenir, souvent par peur de tomber dans les ravins», explique Sam, 41 ans, natif du milieu.
Les pistes reliant les différents villages de la préfecture sont dans un état de dégradation avancé. En exemple, le tronçon de N’Digbé ouvrant sur le Ghana, à l’ouest de la préfecture. «L’état de cette route ne nous arrange pas. Car, c’est par là que nous convoyons une partie de nos produits maraîchers vers le Ghana. Ces dernières années, deux ou trois voies seulement ont été réhabilitées», se lamente, pour sa part, Selom, 35 ans, jardinier. Voilà donc à quoi ressemble Danyi, presque en manque de tout.
Services sociaux de base quasi inexistants
Outre la route, la préfecture de Danyi ne dispose d’aucune banque. Seules une agence de la Poste et deux institutions de microfinance couvrent toute la préfecture. «C’est souvent la croix et la bannière pour nous de toucher nos pensions », nous confie Damien, 69 ans, retraité.
Sur le plan éducatif, Danyi compte certes d’écoles primaire et deux lycées. Seulement, les bâtiments scolaires abritant certains classes du cours primaire sont en claies, ou encore en paille. Le cas de l’Epp Koussountou en est illustrateur. Un danger permanent auquel sont exposés élèves et enseignants, obligés parfois de vite rentrer, au moindre assombrissement du ciel. Surtout dans un milieu où il pleut huit voire dix mois, dans l’année.
L’électricité et l’eau ne sont pas également les choses les mieux partagées à Danyi. «La distribution de l’électricité est très insuffisante ici à Danyi. A part les villages situés sur l’axe ouvrant sur le Ghana, peu de villages disposent de courant», témoigne Koffi, 31 ans, enseignant. Et de donner son exemple. « Depuis août 2017, j’ai mené toutes les démarches pour avoir le compteur. Mais nous sommes en février 2019. Six mois après, rien n’a bougé. Et pourtant, j’ai déjà payé », se désole t-il. Ainsi donc, il est coutumier de passer plusieurs jours à Danyi sans avoir l’électricité.
En ce qui concerne le secteur de la santé, le constat reste le même. Hormis l’hôpital préfectorale au plateau technique insuffisant, à Apeyeyeme, Danyi n’a de centre de santé adéquat, pouvant permettre aux populations de se faire soigner, surplace, en cas de certains cas cliniques. Ce sont donc des unités de soins périphériques qui jouent le rôle de «centre de santé de référence».
De l’eau à la couleur rougeâtre
Le système d’adduction d’eau potable fait aussi grincer les dents. Non seulement insuffisant, mais aussi le peu qui alimente le circuit est défectueux. « A Apeyeyeme ou à Todome, par exemple, l’eau qui sort du robinet est parfois de couleur rougeâtre, ou encore blanc sale. Donnant l’impression d’avoir du vin de palme dans la bassine», affirme Komitse, 38 ans, agent de santé. Une situation qui laisse libre court aux populations qui ruent vers les rivières. Et ce n’est pas sans conséquences. « Dans La localité, des gens commencent par utiliser les pesticides pour leur culture. Et cela est très dangereux sur la santé humaine, vu que les marigot et rivière sont souvent très proches des champs. Donc il y a de fortes chances que l’eau soit polluée par des substances chimiques », explique-t-il.
À ce jour, seuls Apeyeyeme, Elavagno et Kpeve disposent d’un marché à la limite acceptable. Tous les autres villages se contentent uniquement des tentes et des hangars de fortune pour faire animer leurs marchés respectifs. Bref, beaucoup de choses manquent à cette préfecture. Et Germaine semble trouver la cause : «C’est tout simplement parce que Danyi est une zone considérée comme favorable à l’opposition, malgré le fait qu’elle ait connu un Premier ministre, des ministres dans le passé, et de députés, n’est jamais acquise au pouvoir en place».
Le sens du devoir
C’est le lieu d’interpeller le gouvernement de prendre en compte, dans son plan stratégique, toutes les localités du pays, au point de ne pas faire des frustrés, comme c’est le cas des populations de Danyi dont les conditions de vie sont difficiles, par manque d’ouverture et d’infrastructures socio-culturelles. C’est aussi le lieu d’en appeler à une unicité d’actions de toutes les forces vives de la préfecture pour le développement de cette localité. « Si le développement de Danyi tarde encore, c’est en parti dû aux problèmes de personnes et de leadership qui minent nos aînés et cadres. Ils ne s’entendent jamais afin d’enclecher le développement de cette préfecture, y compris celui de la jeunesse dont beaucoup s’adonnent à l’alcool. Le peu de réalisations dans la préfecture sont le fruit d’initiatives personnelles et d’associations », regrette Dzigbodi, 35 ans, commerçante.
Source : Fraternité
27Avril.com