La romancière togolaise Thérèse Karoue-Atchall n’est plus à présenter. L’universitaire vient de sortir un nouvel opus intitulé « Malfaisance ». Prof Apedo-Amah sur son compte Facebook, dresse une critique du roman. Lisez plutôt!
MALFAISANCE, ROMAN DE THÉRÈSE KAROUÉ-ATCHAL
(Lomé, Graines de Pensées, 2022)
Le titre du nouvel opus de la romancière togolaise Thérèse Karoue-Atchall, résume parfaitement son roman dont le héros, Esso, a connu toutes les affres de ce que les humains appellent une descente aux enfers. Une kyrielle de malheurs qui l’atteint directement à travers des échecs scolaires et professionnels sans fin, des ennuis de santé ou indirectement à travers ses parents avec la maladie, la mort…
La romancière, dans cette œuvre, offre au lecteur un récit qu’elle lui impose de lire sur le registre émotionnel. L’émotion est partout présente dans la solitude d’un personnage qui atteint le paroxysme de la souffrance et de l’humiliation. Le malheur s’est invité dans sa famille comme un déterminisme auquel ses membres ne peuvent échapper, comme des personnages de tragédie face à une fatalité cruelle et implacable dans leur détresse solitaire.
Les pires ennemis de l’être humain sont l’ignorance et la méchanceté. “Malfaisance” s’inscrit dans le registre de la haine et de l’ignorance que son auteure explore. À cela s’ajoutent les croyances superstitieuses et la sorcellerie. Cette dernière ne fonctionne jamais aussi bien qu’en famille. L’écriture de Thérèse Karoué-Atchall a très habilement cultivé le suspense dès lors qu’elle a su l’exploiter progressivement jusqu’à un paroxysme insoutenable qui fait réfléchir sur la condition humaine.
Pour en arriver là, elle a conféré une épaisseur psychologique à tous ses principaux personnages. L’attrait de “Malfaisance” est lié à la psychologie des personnages qui vivent des situations qui les dépassent au point que, désemparés, ils s’en remettent à des sauveurs dont les actions ou les remèdes s’avèrent impuissants. Le sort du père de la famille, victime de l’ostracisme obscurantiste de ses propres enfants, est si poignant qu’il inspire l’indignation, la révolte. Après la lecture de ce roman bien écrit, le lecteur n’en sort pas indemne. La jalousie, la vengeance, la haine sont des sentiments puissants qui rongent un coeur comme des vers parasites dans un fruit et sèment la désolation dans la vie de leurs cibles. D’où vient, au niveau du lecteur, un certain sentiment de dégoût doublé d’impuissance.
Ayayi Togoata APEDO-AMAH
Source : icilome.com