Togo, Malaise au CFPJ : Le Président du Conseil scientifique Alfa-Adini Akinou démissionne

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Si un président d’une structure en vient à remettre sa démission sans avoir commis de faute, c’est certainement du fait d’un malaise au sein de l’institution qu’il préside. Alfa-Adini Akinou, Inspecteur général et président du Conseil scientifique au Centre de formation des professions de justice (CFPJ) a remis sa démission pour des convenances personnelles.

Il n’y a jamais de fumée sans feu. Dans un pays où la culture de la démission n’est pas encrée dans les habitudes, celle du président du Conseil scientifique a de quoi interpeller. Depuis le 19 juillet 2019, il a remis sa démission au ministre Pius Agbétomey. Un acte qui remet en question le dernier concours dont les admissibles s’apprêtent à passer, vendredi 9 août prochain, les épreuves pratiques et orales d’admission. « Le Secrétaire Général du ministère de la Justice est chargé de l’exécution du présent arrêté », apprend-on.

Mais il se trouve que l’organisation matérielle des concours d’entrée au CFPJ, les corrections et le dépouillement relèvent des prérogatives du président du Conseil scientifique. Et la démission d’Alfa-Adini Akinou serait liée à une question d’atteinte à l’honneur. Il nous revient que déjà en 2014, alors qu’un concours similaire allait se dérouler, le président s’était retiré de son organisation, mais ledit concours n’avait plus eu lieu. Sa fille aussi devrait y participer, tout comme en mai 2019 dernier.

Mais entre-temps, nous avons eu vent d’une réunion houleuse qui se serait déroulée dans les bureaux du ministre Agbetomey, ensemble avec M. Lodonou, Alfa-Adini Akinou et la directrice du CFPJ, Soukoudé Batankimyèm, celle qui serait à la base des problèmes que traverserait le CFPJ. Réunion au cours de laquelle le président du CFPJ aurait déclaré devoir se retirer de tout, et de ne plus se mêler de rien. Et le 19 juillet dernier, alors que la proclamation des résultats du concours n’était pas encore arrivée, le président rendit son tablier.

Nous avons rencontré deux anciens membres du CFPJ qui, sans s’épancher, résument les malaises du centre à une seule personne : la directrice Soukoudé Batankimyèm. Un autre nous a confié que si un audit devrait être commandité sur les détournements de matériels et autres fournitures, on trouverait effectivement qu’une seule personne crée le malaise au sein du CFPJ. Mais la démission surprise du président fait dire à certains que « désormais, elle a le champ libre pour faire ce qu’elle veut ; et on se demande ce qui adviendra de cette école qui tend vers une privatisation qui ne dit pas son nom ».

Quelle valeur peut-on alors accorder aux résultats du concours dont les épreuves pratiques et orales se dérouleront vendredi prochain, étant entendu que le président qui avait la charge de tout superviser, a rendu son tablier ? On apprend que d’autres démissions tacites sont également enregistrées, surtout de par l’absence d’autres membres aux réunions. De quoi remettre en cause le processus de proclamation des résultats, surtout qu’en parcourant la liste des magistrats et des greffiers, on a l’impression que désormais, la connaissance de la question juridique relève d’une certaine zone géographique du Togo. Il suffit pour cela de parcourir les noms des admissibles et de prêter attention à leur origine. Loin de nous l’idée de tirer sur quelque fibre ethnique, mais les faits sont là, et il suffit d’y prêter attention.

Si le ministre Pius Agbétomey valide des résultats produits par une instance autre que la présidence du Conseil scientifique, il serait alors acquis que désormais, les prérogatives du président de centre n’engageront que celui qui veut bien y croire.

Abbé Faria

Source : Liberté No.2973 du Mardi 6 Août 2019

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