Togo / Main basse sur la succession de Djobo Boukari: La Notaire Monique d’Almeida-Ahadji accusée de bradage des biens, 500 millions FCFA emportés sur le compte UTB. Les complices à la barre

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Il était à mille lieues d’imaginer qu’après son séjour terrestre, ses héritiers allaient souffrir le martyre au point où là où repose sa propre sépulture fasse l’objet de bradage. Djobo Boukari, ce haut fonctionnaire international et homme politique togolais décédé le 15 novembre 1997 à Sokodé avait pourtant bien organisé sa succession à travers son testament. Le malheur de ses descendants est d’avoir croisé la route de la notaire Monique Marie-Christine D’Almeida-Ahadji.

Pourtant, il est bien établi que le notaire doit en toutes circonstances à sa clientèle sa conscience professionnelle, ses égards, l’impartialité, la probité, le conseil adapté à sa situation et l’information la plus complète. L’intérêt du client prime toujours le sien. C’est tout le contraire dans ce dossier.

Depuis sept ans qu’elle a été désignée pour la gestion de la succession par décision de justice à la suite de Me Mouhamed Tchassona-Traoré, c’est l’impasse totale. Pourtant sa mission était claire : des éclaircissements sur les comptes et avoirs de la succession sur la suite de la gestion de Me Tchassona-Traoré et la cession des biens immobiliers de la succession situés au Togo.

« Mme D’Almeida a non seulement bradé tous nos biens sans notre accord, a encaissé toutes les liquidités de la succession à son profit et à celui de ses complices mais en plus, elle a organisé différentes poursuites en justice à Lomé et à Paris afin d’obliger les héritiers à lui céder le peu de biens restants de la succession DJOBO notamment la maison où se trouve la sépulture de notre père. Bien que cette notaire soit déboutée à Lomé suite à son appel depuis 2020, nous n’arrivons pas à obtenir la décision de justice exécutoire depuis trois ans malgré tous nos efforts de demandes par différents canaux. Par conséquent, cette notaire détient toujours tous nos biens et notre succession et en jouit en toute impunité. Nous avons été particulièrement déconcertés à la lecture des éléments financiers couvrant par ailleurs très partiellement les opérations de succession de feu notre père M. Djobo Boukari. En effet, les extraits de compte que Mme D’Almeida a été obligée de fournir par ses avocats montrent des affectations de sommes au profit de Me D’Almeida qui nécessitent à tout le moins une piste d’audit comptable aussi détaillée que rigoureuse. Il en est de même des retraits en numéraire qui, de par leur nature, nécessitent des justificatifs extrêmement précis. Nous évoquons ainsi, sans aucune espèce d’exhaustivité : – Les 50 millions de FCFA (76 288.83 euros) auto-attribués par Maître D’Almeida à titre d’avances sur honoraires – Les 12,617 millions de FCFA (19 547,84 euros) de déplacement parisien en justificatif d’une simple rencontre de 3 heures – Globalement les 100 246.67 euros prélevés au compte de Maître d’Almeida, sans préjudice d’autres débits importants en espèces. – La situation du compte bancaire à l’étiage alors qu’il aurait dû être abondé de ventes de plusieurs biens, dont la maison familiale vendue 100 000 000 FCFA (152 546,69 euros), somme inférieure à toute estimation. Nous avons adressé des sommations aux différents acteurs de cette escroquerie, listés en fin de courrier mais sans aucune suite, Mme D’Almeida incitant ses complices à ne pas répondre selon sa propre habitude. L’Union Togolaise de Banque (UTB) nous a transmis le relevé de compte, vous constaterez qu’il reste à peine 9000 FCFA sur ce compte sur lequel plus de 500 Millions de FCFA ont disparu dans les poches de D’Almeida et ses complices. Il est à noter que les héritiers directs n’ont jamais rien encaissé sur cette succession. Le temps passe, cette femme continue à profiter de nos biens bien qu’elle soit dessaisie et bloque toutes nos actions, ce qui est anormal et révoltant. Nous avons déposé plainte depuis 4 ans, une nouvelle plainte vient de s’ajouter et nous attendons la suite » , a indiqué un héritier

En effet, par décision de justice le 10 juin 2020, Me D’Almeida a été dessaisie et remplacée par Me Edem DZONOUKOU. Elle a fait appel mais elle a été déboutée. Par arrêt de la Cour d’Appel en date du 14 octobre 2020, l’appel de Me D’Almeida a été jugé non fondé et a confirmé le jugement du Tribunal de Première Instance la dégageant de la Succession. Elle doit faire la réédition des comptes. Malgré tout, elle continue d’opérer comme si de rien n’était. Entre temps, la Chambre nationale des Notaires du Togo saisie par les ayants droits n’a pu rien faire pour faire respecter le minimum d’éthique et de déontologie de notariat au Togo. Faut-il le rappeler, selon les volontés de feu DJobo Boukari et selon les termes de son testament, la succession avait été divisée en plusieurs parts notamment une part pour chacun de ses cinq enfants Sirina, Razack, Médina, Abbas et Ryssa. Razack est malheureusement décédé et sa part a été reprise par ses deux filles Katia et Yasmine.

Et pour mieux couvrir sa forfaiture, la notaire D’Almeida-Ahadji s’est arrangée entre temps avec les deux filles de feu Razack, Katia et Yasmine qu’elle a installées à Dakar au Sénégal sur le compte de la succession. Elle a ensuite assigné les héritiers Djobo à Lomé en se servant du nom de Katia et Yasmine. Fort heureusement, elle a perdu le procès même en appel. Le Tribunal a désigné un autre notaire, Me Edem Yao Dzonoukou.

Malgré tout, cela ne l’a pas empêché d’attaquer après les héritiers à Paris, procès qu’elle a aussi perdu mais elle a toujours avec elle tous les dossiers de la succession.

Les héritiers pointent également un doigt accusateur sur M. Akue Bibi Gaudy de l’Agence Fabio Immobilier. « Il nous a été présenté comme un juriste de son Cabinet alors qu’il est un agent immobilier. Quand on a compris que D’Almeida nous escroquait, M. Akue nous a rassuré. « Ne vous en faites pas, je suis là, je fais tout pour vous, pour protéger vos biens » disait-il alors qu’il détournait tout. Aujourd’hui certains immeubles sont bien au nom de sa fille et ses amis», martèle un autre héritier. Approché par la Rédaction, M. Akue confirme avoir eu une relation de travail avec Me D’Almeida dans le cadre de la succession Djobo Boukari mais l’article 8 du contrat qui le lie à Me D’Almeida ne lui permet pas d’aller au fond de l’affaire en invoquant les clauses de confidentialité.

Pour lui, il revient à Me D’Almeida de nous dire plus sur ses missions dans le cadre de ce dossier. Il ajoute que ce contrat est fini depuis plus de trois ans.

Nous avions également adressé un courrier le 6 juin 2024 à Me D’Almeida-Ahadji pour avoir sa version des faits mais elle n’a pas réagi.

Au regard de l’hémorragie financière que subit le compte de succession, à la défaveur des ayants droits, les héritiers s’interrogent sur le refus de la réédition des comptes de Me D’Almeida alors qu’elle a été saisie par voie d’huissier par le nouveau notaire en mai 2024 sans suite.

Par ailleurs, une dernière « plainte avec constitution de partie civile pour escroquerie ,vol , abus de confiance, faux et usage de faux , recel… contre d’Almeida-Ahadji et ses complices » a été déposée 19 mars 2024 par les héritiers Djobo par devant le Doyen des Juges d’Instruction de Lomé . Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice et de la Législation Guy Mipamb Nahm-Tougli a été saisi par courrier en date du 12 mars 2024 à cet effet.

Cette dernière action permettra-t-elle de démanteler le réseau autour des biens fonciers et immobiliers de Djobo Boukari et connaître l’épilogue de cette affaire ?

Affaire à suivre.

Kokou Agbemebio

Source: Le Correcteur / lecorrecteur.info

Source : 27Avril.com