La Commission judiciaire d’enquête sur les allégations de capture d’État, de corruption et de fraude dans le secteur public, y compris les organes de l’État, mieux connue sous le nom de Commission Zondo, a présenté en fin de semaine dernière un nouveau rapport d’enquête sur la corruption en Afrique du Sud.
Mise en place en 2018 pour examiner les rouages qui ont permis le pillage des ressources publiques sous la présidence de Jacob Zuma, cette commission de la griffe du juge Raymond Zondo s’est planchée –dans ce nouveau rapport –sur la compagnie d’électricité de l’entreprise publique Eskom, qui fournit la quasitotalité de l’électricité du pays.
Ce qui a permis de cerner les contours de la mauvaise gestion de Eskom qui en est réduite à des délestages sans raison aucune, en plus de crouler sous une dette de 24 milliards d’euros. Ce n’est pas tout : sur près de 600 pages, la commission Zondo n’a pas passé sous silence les contrats frauduleux signés avec différentes entreprises, le copinage pour obtenir de hauts postes, ou encore l’acquisition d’une mine de charbon pour les Gupta grâce au soutien du même Eskom. « Les preuves démontrent qu’un programme a été mis en place par les Gupta pour s’emparer d’Eskom, y installer des fonctionnaires choisis par leurs soins à des postes stratégiques […] et détourner des actifs d’Eskom pour leur avantage financier », ont noté les enquêteurs pour qui « Zuma a volontiers ouvert les portes des entreprises publiques aux Gupta pour qu’ils puissent profiter de l’argent et des actifs du peuple sud-africain».
Les anciens patrons d’Eskom Brian Molefe et Matshela Koko, ainsi que d’autres hauts cadres, se trouvent ainsi dans l’œil du juge Zondo qui revient par ailleurs sur « le sombre échec, la débâcle » du projet de logements sociaux dans la région du Free-State contrôlée par le Congrès National Africain (ANC), qui a coûté 60 millions d’euros sans produire aucun résultat.
Malegapuru Makgoba, l’actuel Président d’Eskom, a dit avoir «hâte de travailler avec le parquet national pour garantir que des poursuites pénales soient très vite engagées contre ces scélérats». Comment ne pas saluer cette commission qui, rapport après rapport, met à nu l’effondrement de la South African Airways (SAA), l’affaiblissement des services fiscaux du pays, la fraude et les détournements qui ont frappé l’opérateur de transports Transnet et le groupe d’armement Denel, et comment le prestataire de services Bosasa, peu avare en pots-de-vin, a obtenu nombre de contrats du gouvernement ?
Quand on a pour nom Commission Zondo, qu’on va remettre à la présidence la cinquième et dernière partie de son rapport d’ici mi-juin, et qu’on n’a pas peur de recommander la poursuite de l’ancien Président Jacob Zuma (actuellement en liberté conditionnelle) on force l’admiration.
On mérite d’autant plus de respect, qu’on est indépendant et qu’on se sacrifie pour l’intérêt de tous. Les Togolais aimeraient avoir une commission de la trempe du juge Zondo à même de les éclairer sur les gestions calamiteuses dont sont convaincus bien des dirigeants qui, malgré leur crime financier, plastronnent royalement, toute honte bue. Ce ne seront pas, hélas, la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées, moins encore la Cour des comptes, qui leur feront ce plaisir-là, incapables qu’elles sont à crever un abcès qu’on appelle corruption et détournement de deniers publics. C’est bien dommage.
Source: Le Correcteur N° 1041 du Mardi 03 mai 2022
Source : icilome.com