À Déckon, tous les coups inciviques sont permis. Tous les coups coquins, aussi. C’est le triste constat auquel on en est aujourd’hui arrivé. Bazar, foire, méli-mélo, embrouillamini, capharnaüm, les adjectifs affluent sous forme de chassés-croisés, lorsqu’on invoque l’état peu commode où sont réduits les trottoirs de cet axe économique de la capitale.
La plupart des commerçants, très peu investis du décorum civique, n’ont jamais su faire le distinguo entre ce qui leur revient de droit et la chose publique, commune à tous. Entre la chaussée et le trottoir. Fort de cet oubli délibéré, les passants se doivent de jouer du coude pour rallier leur destination. L’artère du Déckon communément appelé « Santanan Kpédji » n’est rien moins qu’un carcan, un joug pour le gros des passants. D’abord, à cause de son espace confisqué par les commerçants.
De la pharmacie Boulevard à la maison de vente des motos de marque chinoise, quel spectacle ! Pas moyen de passer, en raison d’une enfilade de voitures et engins à deux roues ayant pris en otage le trottoir. Il faut voir encore comment les engins sont eux-mêmes disposés ! Le passant, lui, ne pouvant rien, n’a d’autre choix que de déborder sur la chaussée où les klaxons ont vite fait de le faire tressaillir. Ensuite, c’est la magie qui opère après un passage au niveau dont ont dit qu’il est une place forte de Satan. Et pour cause, car des gens ne s’expliquent pas la subtilisation de leur porte-monnaie précisément à ce niveau-là.
D’aucuns y ont perdu leur téléphone portable. La légende raconte que c’est le milieu par excellence de tous les achats à risque. Chose qui ajoute à la réputation peu flatteuse d’un milieu décrié depuis que Déckon existe. Pour l’heure, les autorités pour toute réponse n’ont fait que se murer dans un silence insultant.
On ne peut pas comprendre que le trottoir et une bonne partie de la chaussée soient littéralement squattés, cause d’accidents, et qu’elles n’aient rien à dire aux auteurs de ces faits. Un silencecatalyseur dont excipent les occupants du trottoir. C’est assez que les choses restent en l’état.
Source : Le Correcteur No.841 du 11 octobre 2018
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