Togo, Location de l’immeuble du Commissariat central de Police à Lomé : 27 mois sans versement de loyers aux ayants droit !

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La Direction du Matériel et du Transit administratif a-t-elle fait sa part ? La comptabilité du Trésor public a-t-elle été informée ? Les héritiers de feu Kangni-Aho Têko Vincent semblent avoir été « oubliés » depuis le versement des trois trimestres de l’année 2014. Au point que les ayant-droits se demandent s’il ne serait pas temps d’entamer une procédure pour récupérer leur immeuble et l’exploiter à d’autres fins.

Togo, Location de l’immeuble du Commissariat central de Police à Lomé : 27 mois sans versement de loyers aux ayants droit !

Qui ne connaît pas le commissariat central de la police nationale, ne connaît pas la capitale du Togo, serait-on tenté de dire, tant l’immeuble qui abrite ce service est au cœur de la ville. Mais saviez-vous qu’il n’est pas une propriété de l’Etat, tout comme la quasi-totalité des postes de police au Togo ?

Dans les années 50 et 60, feu Kangni-Aho Têko ayant travaillé à Abidjan en Côte d’Ivoire, a décidé de rentrer au pays pour s’installer comme huissier de justice. Grâce à ses économies, il érigea de 1968 à 1970 deux maisons séparées par un mur mitoyen à l’angle de l’Avenue de la Libération et le Boulevard circulaire.

Juste après, l’Ambassade du Nigeria prit la maison à l’angle, mais très vite, feu Eyadema fit appeler le propriétaire à Pya à Kara pour lui signifier qu’il prenait la maison pour en faire un commissariat de police, sans contrat ni quelque papier que ce soit. Pas besoin de rappeler que le propriétaire n’était pas d’accord, mais avait-il le choix contre la désir du chef de l’Etat ?

Une année passa après que le commissariat y était installé avant que feu Gnassingbé Eyadema ne lui fasse envoyer 83.000 FCFA comme loyer couvrant cette période. Et depuis, il lui faisait envoyer moins de 100.000 FCFA bimensuellement, jusqu’à la mort en 1998 du propriétaire qui n’a jamais réussi à faire signer un contrat en bonne et due forme à l’Etat.

Désigné comme administrateur des biens de feu Kangni-Aho Têko, y compris les bâtiments du Commissariat Central, de 1998 à 2012, M. Ayika aussi tenta de normaliser la situation de cet immeuble en vain. Et en 2012, lui aussi a rejoint le bon Dieu.

Mais entre temps, après le décès du chef de l’Etat en 2005, trois héritiers de feu Kangni-Aho Têko adressèrent une lettre au service du Matériel dans laquelle ils demandaient la revue des termes du contrat tacite qui les liait à l’Etat afin que désormais, le bail soit de 350.000 FCFA mensuellement. Refus catégorique de la part de ce service. Sous d’autres cieux et selon les termes de l’OHADA, les ayant-droits pouvaient alors donner un préavis à l’Etat afin que celui-ci trouve un autre immeuble pour abriter ce service de la police.

Ne dit-on pas que la terre et les bâtiments se bonifient au fil des années ? C’est ainsi que trois ans plus tard, soit en 2008, un autre courrier a été adressé au même service, dans le même sens, à la différence que le loyer a été porté à 1 million FCFA mensuel. Il leur a été répondu que l’immeuble n’était pas carrelé pour mériter ce prix, et qu’en plus c’était la Banque Mondiale qui était chargée de régler les loyers, laquelle banque n’avait pas mis les sous à la disposition du Trésor public. Vrai ou faux ?

Mais sans savoir par quelle alchimie, fin 2013, la famille fut appelée pour se voir remettre 12 millions, représentant le loyer de l’année qui venait de s’écouler. Et en 2014, 9 autres millions ont été versés, correspondant aux trois trimestres. Mais depuis, rien, nada, silence radio. Lorsque la famille se replonge dans sa comptabilité, ce sont au total près de 10 ans de loyer que le service du Matériel reste lui devoir. Où se trouve le blocage ? Qui sont ceux qui ont fait mains basses sur le dû des héritiers de cette famille dont le feu père a trimé pour laisser en héritage ces biens ? Est le Directeur du service du Matériel qui doit répondre, ou la comptabilité du Trésor public ? Aujourd’hui les héritiers de feu Kangni-Aho Têko réclament leurs loyers.

S’il est une vérité que beaucoup de Togolais ignorent, c’est bien celle relative aux immeubles qui abritent les services de la police nationale. Hormis le commissariat en face de l’immeuble FIATA, construit par feu Sylvanus Olympio, l’Etat ne dispose pas de bâtiments abritant les postes de police. Plus tôt la situation de l’immeuble du Commissariat Central de police se rétablira, mieux les héritiers se porteront, surtout en ces périodes de fin d’année où les besoins tiennent les citoyens par le bas. Au risque de voir des procédures de récupération de ce bâtiment entamées.

Source : La Nouvelle N°0016 du 15 décembre 2016 au 15 janvier 2017

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