153 hectares. C’est la totalité de la superficie du terrain que revendique la collectivité dénommée Tchakan, qui est visiblement pris dans étau dans un litige foncier à Gleï (plus de 100 km au nord de Lomé) avec d’autres collectivités frères. Devant la presse lundi, les Tchakan ont vivement protesté contre l’injustice dont ils sont victimes et exigent l’intervention des autorités judiciaires compétentes.
Selon les faits relatés par Tchakan Kossi, patriarche de la collectivité Tchakan, le litige a surgi lorsque les collectivités Amoutchou, Yabi et Gbébè, des collectivités frères aux Tchakan, ont commencé à brader les parcelles héritées par les descendants de la collectivité Goh suite à une donation du père fondateur de la collectivité mère.
« La réalité, c’est que nos grands parents avaient offert en donation une portion de terres à la collectivité Goh. C’était il y a très longtemps, au temps des Allemands. Aujourd’hui, des membres de la collectivité mère (Amoutchou, Yabi et Gbébè) se sont levés pour vendre la parcelle de la collectivité Goh », a-t-il expliqué.
Interpellé par les Goh par rapport au bradage de leurs parcelles par les autres collectivités, Tchakan Kossi (âgé de plus de 95 ans, selon ses proches), a entrepris de faire la levée topographique de tout le domaine appartenant à la grande collectivité. Il faut d’ailleurs préciser que ce projet de levée topographique a même vu la participation de la collectivité Goh qui a octroyé une enveloppe de deux cent mille (200.000) francs CFA à Tchakan Kossi pour l’aider à finir à temps la levée globale du domaine puisque cela devrait permettre enfin aux familles Goh de prendre définitivement connaissance de la superficie de leur parcelle.
Devant la persistance de la vente des parcelles appartenant aux Goh, les collectivités Amoutchou, Yabi et Gbébè ont été assignées en justice. Le patriarche Tchakan Kossi a été appelé à témoigner. Ce qu’il fit. « L’affaire a été portée devant les autorités compétentes et je suis allé témoigner devant la justice contre les collectivités frères notamment Amoutchou, Yabi et Gbébè pour injustice envers la collectivité Goh. Ce que j’ai fait n’était que justice. Quand on donne quelque chose à quelqu’un, on n’est plus en droit de reprendre cette chose-là. Donner, c’est donner », soutient le nonagénaire.
Suite au témoignage donné devant la justice par le vieux Tchakan Kossi, les collectivités mis en cause, ont été sommées de faire une compensation aux Goh pour avoir vendu leurs biens. « L’affaire des 200.000 a suscité l’indignation auprès des autres collectivités qui me considèrent comme leur ennemi alors que nous sommes tous des frères. En plus de cela, ils me reprochent de n’avoir soutenu le fait de vendre les parcelles données à la collectivité Goh. Maintenant, ils ont décidé d’attribuer les parcelles des Tchakan en compensation à celles prises aux Goh. Car selon les Amoutchou, Yabi et Gbébè, en acceptant les 200.000 F, j’ai vendu les parcelles exploitées par ma collectivité », a déploré Tchakan Kossi.
Une situation indigeste pour la collectivité Tchakan qui, interpellant les autorités judiciaires compétentes à rouvrir le dossier, demande que justice lui soit rendue. « La situation est grave. Nous voulons rentrer en possession de nos biens. Nous sommes privés de nos terres », a indiqué Tchakan Atsou.
Dans le souci d’obtenir la version de la partie adverse, nous avons joint Tinkou Kodjo, mandataire de la collectivité Goh. Après les présentations et un moment d’échange, il a estimé ne plus être en mesure de continuer de parler au téléphone, nous demandant de faire le déplacement de la localité de Gléi. Néanmoins, nous avons retenu qu’il a confirmé le témoignage de Tchakan Kossi en faveur de sa collectivité, et qu’en cas de partage dans le futur, les Tchakan auront leur part d’héritage.
Source : icilome.com